Le pasteur de Newtown voit la souffrance comme un chemin de guérison


Flag of Honor offre un mémorial de fortune pour les 20 enfants et six adultes décédés le 14 décembre 2012, à l'Ecole primaire de Sandy Hook à Newtown, Connecticut - Une photo UMNS par Arthur McClanahan.  Voir la galerie

Newtown (Connecticut): Les pasteurs de l'Eglise Méthodiste Unie ont fait sonner les cloches de l'église 28 fois à la mémoire des 28 victimes de la tragédie du 14 décembre Newtown et de son école primaire de Sandy Hook. D'autres églises étaient également invitées à faire sonner leurs cloches à 9h30 La sonnerie de la cloche de l'église de Newtown a introduit un moment de recueillement national aux États-Unis.

Le Révérend Mel Kawakami, pasteur de l'église méthodiste unie de Newtown, a la tâche difficile de paître son troupeau étreint par l'angoisse après la seconde tuerie la plus meurtrière de l'histoire américaine  perpétrée dans une école.

Deux enfants de 7 ans de la congrégation méthodiste étaient comptés parmi les 20 enfants et six adultes tués le 14 décembre dans la fusillade de l'école primaire Sandy Hook.

Kawakami, qui sert l'église de Newtown depuis 2008, se trouvait le 15 décembre en train de réécrire un sermon qu'il avait prévu de donner pour accompagner le spectacle de Noël de l'église .

Après le second culte célébré le 16 décembre, Kawakami a partagé ses réflexions avec son ami de plus de deux décennies, le révérend Arthur McClanahan, aujourd'hui membre de la Conférence annuelle (régionale) de l'Iowa et communicateur de la Conférence.

McClanahan est un ancien membre du clergé de la Conférence annuelle (régionale) de New York qui comprend la zone de Newtown. McClanahan avait été dans le nord-est pour couvrir la semaine dernière la catastrophe naturelle causée par l'ouragan Sandy. Il était dans le Connecticut le jour de la fusillade et s'était rendu à Newtown, au nom du service de presse de l'Eglise méthodiste unie UMNS.

Suivez leur conversation ci-dessous.

 

Le Révérend Mel Kawakami, pasteur de l'église méthodiste unie de Newtown. Photos fournies gracieusement par l'église méthodiste unie de Newtown et par Arthur McClanahan.

Tenir à l'autre

McClanahan: Deux services, à pleine charge ... les personnes se soutenaient mutuellement.

Kawakami: Tenir l’un à l'autre dans la douleur ... l'église devient une communauté de soutien dans la souffrance et permet à chacun de ressentir cette douleur avant de pointer sur la guérison. La douleur fait partie d'un processus. 

... C’est une partie essentielle d'être église ... nous offrons aux gens un endroit où ils peuvent venir avec cette douleur.

Aujourd'hui, pendant le culte, nous avions des gens qui, le vendredi (à l'école primaire de Sandy Hook) étaient retranchés dans des placards, soudés les uns aux autres, pensant que leur dernière heure était arrivée. Nous avions des gens éclaboussés de sang. La sœur de l'une des victimes est venue aujourd'hui ... elle voulait venir à l'église.

L'église est l'endroit où, avec l'aide de Dieu, la présence réconfortante du Christ, et l'Esprit Saint sont à l'œuvre ...  un lieu où la guérison peut se produire, ou, du moins, commencer à arriver.

En ce qui concerne la souffrance

McClanahan: Vous avez invité les gens à entrer dans leur souffrance, plutôt que de s'en détourner.

Kawakami: Exactement. La tentation est de l'emmurer et de prétendre qu'elle n'est pas là. La seule façon de surmonter la souffrance est encore de la traverser.

Etre empathique

McClanahan: Les émotions sont à vif. Beaucoup d'hommes dans la congrégation n'ont pas caché leurs sentiments, ils ont montré leur vulnérabilité et leurs larmes ... ont coulé.

Kawakami: Cela signifie que ce que nous espérions lors du culte s'est bel et bien passé ... que nous pouvions ressentir nos émotions et les exprimer. Les mots sont difficiles dans ces moments ... Il est difficile de nommer les choses comme telles ... Me semble-t-il, le fait d'ouvrir son coeur est signe de bonne santé. Il est difficile de le faire en famille ... Il est difficile de le faire avec son compagnon ... mais c'est autre chose quand on vient en un lieu où tout le monde se donne la permission de ressentir certaines choses ... C'est difficile de faire sortir "ses émotions ici".

A l'intérieur du cercle

McClanahan: Ce partage a eu lieu au sein de la communauté ... les larmes n'étaient pas versées isolément des autres ... même à la fin, quand l'évêque a invité chacun à se tenir par la main, personne n'était "en dehors du cercle".

Kawakami: Le rôle de l'église, au cours de tels moments, est de fournir un endroit sûr où les gens peuvent ressentir ce qu'ils ressentent et ensuite commencer à s'ouvrir à la guérison de Dieu. C'est difficile à faire quand vous êtes dans le monde, que vous êtes un dirigeant et que vous essayez de faire bouger les choses ... 

Comment jouer sur le pardon?

McClanahan: Il faut se souvenir de la fusillade de Nickel Mines dans le pays Amish de Lancaster, en Pennsylvanie. Elle est une puissante illustration ... La communauté a offert le pardon dès le début ... Comment le pardon va-t-il se jouer d'après vous dans la vie de Newtown - l'église méthodiste unie de Newtown et la ville de Newtown?

Kawakami: Je pense que ça va prendre du temps. Ce qui m'a frappé dans l'histoire Amish, c'est l'immédiateté ... et je savais dans mon cœur que je n'étais pas encore à ce stade. ...

Définition de la nouvelle réalité

McClanahan: Le changement a été imposé à la communauté d'une manière radicale vendredi. Comment les communautés ecclésiales peuvent aider les gens à redéfinir la nouvelle réalité...?

Kawakami: En partie, la veillée de prière communautaire est un petit pas pour entamer ce processus, un moment où nous pouvons être ensemble en tant que peuple de Dieu ... et j'entends tous les membres du peuple de Dieu. Il s'agit intentionnellement d'un service interconfessionnel  - nous venons des différents doigts de Dieu pour réfléchir sur la main unique de Dieu ... et dans cette unité commence le processus de guérison ... Elle devient la preuve visible qu'aucun d'entre nous ne s'en sort isolément des autres, que nous sommes ensemble, et qu'en nous tenant ensemble, c'est la preuve qu'il est possible de s'en sortir.

Nous allons continuer à faire ça ... Nous allons avoir un effort à l'échelle communautaire ... et on ne va pas s'arrêter après un effort - L'effort va se poursuivre.

Que peuvent faire les autres?

McClanahan: On a manifesté beaucoup d'amour, de sympathie, de soutien, et même de témoignage silencieux ... bien au-delà de la zone du nord-ouest du Connecticut. Que peut-on faire au-delà des limites de Newtown pour Newtown demain, la semaine prochaine, le mois prochain, l'année prochaine?

Kawakami: Je ne suis pas sûr que j'ai une réponse. Il s'agit d'un processus. C'est un cheminement. Nous pourrions vous dire quelle est notre prochaine étape, mais vous dire aujourd'hui où cela va nous mener est vraiment difficile. Il y a de la cohérence. La tentation sera grande quand cette histoire cessera de faire la une des journaux, pour les gens de croire qu'«ils doivent être OK parce que nous cessons d'en entendre parler». Et pourtant, ce que je voulais dire, dans le sermon de ce matin, c'est que les retombées vont être telles que cela va être un processus. Ce processus peut durer, en substance, à jamais, parce que nous allons être connus comme «Newtown - c'est là que des enfants ont été tués». ...

C'est pourquoi la prière est si importante car elle va aller au-delà des gros titres et au-delà du lendemain, au-delà de la semaine prochaine, au-delà du mois prochain. Si vous nous gardez dans la prière ... c'est ce qui va nous aider. ...

Nous avons besoin d’une présence constante dans la prière.

Tim Tanton, Nashville, dans le Tennessee

Vendredi 21 décembre

Traduction eemni

Service de presse de l’Eglise méthodiste unie UMNS