Bénin : «Hosanna FM, la voix de l'espérance»

Radio d'Eglise, instrument de témoignage, outil améliorant la visibilité du protestantisme béninois : « Hosanna FM, la voix de l'espérance » est tout cela à la fois pour l'Eglise protestante méthodiste du Bénin. Elle célébrera le 11 août son premier anniversaire. Mais si elle a conquis le droit d'émettre et su se faire apprécier des auditeurs, chaque jour reste un combat à gagner pour son équipe. Article de Franck Lefebvre-Billie publié par le DEFAP sur son site.

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Le directeur d'Hosanna FM observant le montage d'une émission © F. Lefebvre

Les bâtiments sentent encore le neuf. Le directeur, le pasteur Raphaël Houessou, qui cumule aussi les casquettes de chef du service des programmes et de l'information, fait fièrement visiter les studios d'enregistrement. D'une salle de montage sourdent les harmonies d'une chorale. Dans la salle de rédaction, la grille des émissions du jour est inscrite à la craie sur un tableau qui prend presque tout le mur : « Informations ecclésiales » (action de grâce, dédicace de robe, lancement d'album), « Nation », « Interculturalité »... Voilà un peu plus de quatre mois qu'a eu lieu la cérémonie de dédicace d'Hosanna FM, la radio de l'Eglise protestante méthodiste du Bénin (EPMB). Pourtant, elle émet depuis près d'un an et s'apprête à célébrer, le 11 août 2014, son premier anniversaire.

Tout au long de cette année, il aura fallu convaincre. Faire ses preuves auprès de la Haute Autorité de l'Audiovisuel et de la Communication, arbitre suprême seul habilité à attribuer... ou retirer les fréquences des radios au Bénin. Trouver et fidéliser des auditeurs. Convaincre les paroisses elles-mêmes de l'utilité de financer un projet aussi ambitieux : une équipe de permanents de 15 personnes, des locaux et du matériel professionnel, un émetteur puissant, un budget de 63 millions de francs CFA... Il faut dire qu'Hosanna FM ne se contente pas d'annoncer les nouvelles paroissiales : plus encore qu'un lien entre paroissiens de l'EPMB, elle se veut un instrument de témoignage. Un outil pour se rendre plus visible dans toute la société béninoise. Installée dans la banlieue de Porto-Novo, elle a l'autorisation d'émettre dans un rayon de 70 km – ce qui inclut la métropole Cotonou et sa grande banlieue, région la plus densément peuplée de tout le pays, soit entre deux et trois millions d'auditeurs potentiels. Et elle touche toutes les catégories de la population, de toutes confessions : protestants, catholiques, musulmans... Les programmes sont appréciés, et quand une association a été créée pour soutenir la radio, des auditeurs musulmans sont venus manifester leur sympathie à l'équipe.

Pourquoi une association de soutien ? Tout simplement parce que l'avenir reste précaire pour Hosanna FM.

15 ans d'attente avant un sprint de 3 mois

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Vue de l'un des deux studios d'enregistrement ©  F. Lefebvre

Pendant 15 ans, le projet a été bloqué sur le plan administratif – 15 longues années de dossiers à faire et à refaire, qui étaient présélectionnés, sélectionnés, avant de rester encalminés par suite de problèmes internes à l'Eglise ou d'un changement de législation... Un délai interminable qui s'est traduit notamment par une irremplaçable perte de compétences : ceux qui avaient été formés pour faire partie de la future équipe ont bien dû trouver un autre emploi... Et lorsque tout s'est débloqué, lorsque l'autorisation d'émettre a enfin été attribuée à la radio de l'EPMB en mars 2013, il a fallu tout mettre sur pied en trois mois sous peine de perdre cette fréquence si chèrement conquise. Trois mois pour construire les bâtiments, trouver et installer le matériel (dont l'impressionnante antenne à haubans), reconstituer une équipe... Durant cette phase, l'aide des partenaires de l'EPMB (Cevaa, Défap, DM-échange et mission) a été précieuse. De la Suisse est venu un soutien sous forme de matériel ; de France, des compétences techniques, avec l'envoi d'un formateur, Alain Meyer. Il a fallu constituer une grille de programmes et parvenir à la respecter. Et ensuite, tenir.

Mais aujourd'hui, les permanents d'Hosanna FM aimeraient bien sortir de cette phase. Voilà un an qu'ils tiennent. Avec trois techniciens qui se relaient comme ils peuvent pour assurer une diffusion quotidienne de 6 heures à 23 heures. Avec un journaliste, trois animatrices et un animateur – deux en langue nationale Gun, une en langue Yoruba. Il n'est pas rare que des membres de l'équipe doivent dormir sur place – et les locaux ne sont pas vraiment équipés pour cela... Les bâtiments eux-mêmes se ressentent encore aujourd'hui de cette première phase de lancement façon « commando » : si les murs sont en béton brut, ce n'est pas par choix décoratif, et si le mobilier est spartiate, ce n'est pas non plus par goût du dépouillement. Tout a été sacrifié à l'efficacité. Y compris les salaires des permanents. Il y a certains mois où le personnel a du mal à être payé.

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« Une dépense de souveraineté pour l'Eglise »

Journaliste, animateurs et techniciens devant l'antenne d'Hosanna FM ©  F. Lefebvre

Hosanna FM étant une radio privée et confessionnelle, la totalité de son financement vient des paroisses de l'EPMB. C'est vers elles que le pasteur Raphaël Houessou se tourne en espérant un soutien plus actif : le financement de cette radio, « c'est une dépense de souveraineté pour l'Eglise », plaide-t-il. Un outil incomparable et qui a fait la preuve de son efficacité au service du témoignage, mais qui nécessite d'être encore porté et entretenu.

Raphaël Houessou réfléchit à la manière de célébrer le prochain anniversaire d'Hosanna FM. Il a toujours en tête la foule et l'enthousiasme du jour de la dédicace, au mois de mars dernier... Le 11 août 2014 marquera une victoire de plus pour la radio de l'EPMB, qui a conquis son public et son droit à l'existence. Il marquera aussi un premier bilan sur l'année écoulée, de probables évolutions de la grille des programmes... mais ne lèvera pas les questions. Pour toute l'équipe d'Hosanna FM, chaque jour reste un combat de plus à gagner.

Franck Lefebvre-Billie

DEFAP