La bataille électorale aux Etats Unis riche en rebondissements vient de se terminer par la validation de l'élection du George W. Bush par la Cour suprême fédérale. Le futur président aura maintenant pour mission délicate de mettre fin aux querelles partisanes. Après avoir demandéà ses compatriotes dans une intervention télévisée de prier pour l'Amérique, pour lui et pour Al Gore, George Bush a conclu en ces mots: «Je n'ai pas été élu pour servir un parti mais pour servir une nation. Que vous ayez voté pour moi ou non, je ferai de mon mieux pour servir vos intérêts; je m'efforcerai de gagner votre respect.» Jeudi matin, George W. Bush s'est rendu dans une Eglise Evangélique Méthodiste d'Austeen, où le pasteur Mark Craig a trouvé une flamboyante comparaison biblique pour saluer sa victoire: «Vous avez été choisi par Dieu, comme l'a été Moïse, pour conduire le peuple.» <Un rappel de son programme Ce dirigeant républicain offre une vision séduisante de la société américaine, une vision positive, optimiste et audacieuse. Il prône ce qu'il appelle le «conservatisme de la compassion». «Si l'on ne s'attaque pas aux problèmes [de la société], un mur s'élève en son sein. D'un côté il y a la richesse et la technologie, l'éducation et l'ambition. De l'autre il y a la pauvreté et la prison, la dépendance et le désespoir. Il faut abattre ce mur. La réponse n'est pas plus d'Etat. Mais l'alternative à la bureaucratie n'est pas l'indifférence. L'alternative consiste à mettre les valeurs conservatrices au service de la lutte pour la justice et pour l'égalité des chances. C'est ce que j'entends par conservatisme de la compassion.» Bush préconise par conséquent le conservatisme du coeur et place «les valeurs et les idées conservatrices au cur du combat pour la justice et les chances pour tous». «Ensemble, nous allons faire face à certains des problèmes les plus profonds de notre société, individu par individu (...). C'est l'essence du conservatisme compassionnel qui sera le fondement de mon administration». Ses idées sont conservatrices, dans la mesure où il entend réduire les impôts, charger les organismes religieux de gérer la politique sociale et combattre l'avortement, en particulier par l'adoption: « Je conduirai le pays vers une culture qui valorise la vie - la vie des personnes âgées et des malades, la vie des jeunes, et la vie des enfants non nés».
<Son rapport avec la peine de mort
Mais ce slogan de «compassion» qu'il offre dans la campagne présidentielle semble contredit par la sévérité accrue de la justice dans l'Etat du Texas dont il était le gouverneur: le peuplement des prisons est sans précédent, la justice des mineurs s'est durcie et le processus judiciaire s'est dégradée. George W. Bush y a cautionné un nombre record d'exécutions. A ce jour, la justice au Texas n'exlut pas, dans son fonctionnement, l'erreur judiciaire, y compris dans l'application du châtiment suprême. Une association spécialisée dans la défense des indigents a rédigé un rapport accablant sur le processus judiciaire dans cet Etat où un nombre record d'exécutions a été enregistré depuis 1976. «Des failles sont apparues dans le système judiciaire, le système judicaire a été brisé», y lit-on. La Conférence Générale de l'Eglise Evangélique Méthodiste a clairement pris position contre l'application de la peine de mort. G.W. Bush s'en démarque manifestement tout en affichant ostensiblement sa foi chrétienne et son appartenance à l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM).
<Né de nouveau?
Dans le talk-show télévisuel d'Oprah juste avant les élections de novembre, George Bush avait fait le récit de sa rédemption. Oui, il buvait. Mais entre temps, il a trouvé Dieu, c'était en 1986! Et depuis, il n'a plus touché à l'alcool... Il admet avoir été un homme avec ses faiblesses l´alcool, notamment , mais entre temps il a redécouvert Dieu, dont il parle abondamment.
> Source: EEMNI à partir du «Temps» et du Monde