Rendez-vous était donné du 18 au 22 juin dernier aux délégués pasteurs et laïques à Frauenfeld en Suisse orientale réputé pour être le paradis des pommes et des cyclistes. Les délégués au nombre de 300 environ venaient de France, de Suisse et d’Afrique du Nord.
Le soleil se lève à l’Est
Cette session était placée sous la devise : « Le soleil se lève à l’Est » et les prédicateurs n’ont pas manqué de décliner cette thématique sous toutes les coutures, ainsi la pasteure Nicole Becher dès l’ouverture de la Conférence : « Nous pouvons compter sur l’accompagnement de Dieu, tout comme nous nous attendons tous les jours au lever d’un nouveau matin ».
Missio Dei
Dans son discours d’ouverture, l’évêque Patrick Streiff rappelle la mission impartie à l’Église depuis l’origine mais reprise avec insistance dans l’ensemble de l’Église méthodiste unie : «Nous, membres de l'Eglise méthodiste unie, nous vivons une mission: amener les gens à suivre Jésus-Christ de manière à changer le monde ». Mais cette mission, avant d’être notre projet, est d’abord le projet même de Dieu. La mission gît dans le coeur de Dieu, clame haut et fort l’évêque. A l’Église de se caler sur le projet même de Dieu.
Nouvelle organisation de la Conférence annuelle
Des réformes structurelles sont en cours visant à faciliter cette mission. Le changement majeur entériné par cette CA consiste à retirer à la CA la gestion des affaires helvétiques et de créer une structure idoine en Suisse à cet effet sur le modèle de
- l’UEEMF qui se charge des affaires de l’Église en France et de
- la plate-forme d’Afrique du Nord qui suit le devenir des églises en Algérie et Tunisie.
Ce changement permettra à la fois d’alléger le programme de la CA et de jouer pleinement son triple objectif:
1) Célébrer ensemble (cultes, chants, prières, réflexions bibliques...)
2) Conférer et grandir ensemble (débats, discussions, opinions, échanges, convictions...)
3) Assumer la responsabilité ensemble (décisions, mises en œuvre, application locale en tenant compte de l’ensemble de l’Eglise...)
Le Conseil stratégique a préparé cette réforme selon la mission que la CA lui a avait confiée en 2010. Après discussions et vote final, la réforme entrera en application d’ici 2015 et fera l’objet de premières évaluations d’ici 2018.
« La mission, qui est devant nous, a son origine dans le cœur de Dieu. Puisse-t-elle enflammer nos cœurs et puisse son Esprit nous donner de vivre ensemble en harmonie, que nous célébrions le culte, que nous suivions une formation ou que nous nous concertions. » résume en beauté l’évêque !
L’expérience de l’estime
Le rapport des surintendants cette année se concentre sur l’estime telle qu’elle s’exprime dans le privé, en société ou dans l’église. Les délégués étaient invités à partager en petits groupes ou en plénière leur expérience de l’estime : où et comment chacun ressent de l’estime à son égard, dans l’église locale, dans l’Église en général, dans sa vie privée ou professionnelle…
La matinée de samedi était toute consacrée à ce thème. En entrée, il y eut une méditation fort documentée du pasteur Paul Bruderer, de l’église Chrischona de Frauenfeld. L’estime n’est pas à rechercher auprès des autres à force de courbettes, mais en Dieu. Jésus-Christ fonde l’identité de chacun et l’estime à laquelle chacun peut prétendre : « Vous êtes un peuple élu… » « Notre identité nous est conférée par don et elle est donc sûre. Dieu nous a choisis, voulus, toi et moi, pour que nous devenions une partie de son peuple. Et pour cette raison, notre identité est également confortée et n'a pas besoin de protection supplémentaire par l'appréciation des autres » . Une invite pressante à l’action de grâce face à une telle grâce!
Suite à cette entrée en matière fort suggestive, les délégués ont travaillé sur la«culture de l’estime». Diverses impulsions spirituelles ont été données et des sketchs de théâtre ont alterné avec des exercices pratiques.
Andreas Benz et Emanuel Fritschi ont posé trois questions au début: Qu’est-ce que Jésus nous apprend sur l’estime ? Comment pouvons-nous maintenir une attitude respectueuse dans des situations difficiles, quand nous nous sentons bousculés à la maison ou à l’église ? Comment puis-je favoriser une culture du respect ?
Matthias Fankhauser, pasteur à Berne, soulignera dans son exposé qu’au regard de l’Écriture l’estime reçue et partagée n’est pas le résultat d’une performance ou la conséquence méritée d’une prestation, mais un effet de la grâce. Il cite entre autre exemple celui de l’apôtre Pierre qui reçoit de Jésus à plusieurs reprises la possibilité de rebondir de ses échecs à répétition et que Jésus replace devant la seule exigence qui compte : « m’aimes-tu ? » Si je sais d’où je viens et qui je suis, je peux avancer en toute quiétude et étendre l’estime dont je suis bénéficiaire à l’égard des autres, même des plus récalcitrants, quitte à faire preuve du pardon.
Honneur et haute estime aux jubilaires !
Le cru 2014 est exceptionnel quant au nombre de pasteurs mis à l’honneur pour 50 années de ministère : ils étaient sept à avoir servi le Seigneur et l’Église durant 50 ans déjà. La soirée festive leur a fait la part belle.
Pour son 10e anniversaire, le service « Formation+Conseil » a procédé à un lâcher de ballons dans la salle accompagné d’un concours à la grande satisfaction des participants.
Pour ce qui est de la francophonie, retenons le départ à la retraite de deux pasteurs, Daniel Kéo de la communauté cambodgienne de Strasbourg et Roger Correvon de l’église d’Alger.
Connexio
Sur le chapitre missionnaire et diaconal, notons le 3e prix que l’église de Caveirac a obtenu au concours de projet pour son opération City Station, où des jeunes entreprenaient bénévolement des tâches citoyennes…
Les visiteurs du matin
Notons aussi la visite de deux responsables de l’Église méthodiste cambodgiennequi soulignent sa nette progression et leur reconnaissance pour l’aide que Connexio lui apporte régulièrement (camp de jeunes, formation, etc…).
Autre visiteur de marque, celle de Michael Wetzel, président de la Société d’histoire de l’Église méthodiste unie, pour présenter le travail que poursuivent sans relâche divers chercheurs pour consigner par écrit l’évolution du méthodisme au fil du temps dans notre région. Elle prépare un ouvrage sur tous les lieux historiques du méthodisme européen.
Quant à l’évêque catholique de St Galle, Markus Büchel, président de la Conférence des évêques catholiques en Suisse, il a apporté en toute simplicité la méditation matinale, appelant l’assemblée à collecter des trésors dans le ciel en privilégiant les réflexes de solidarité avec les plus démunis, un message qui avait une résonance particulière en cette journée des Réfugiés. Son interpellation finale reste dans les mémoires : « Comme « Église, sommes-nous conscients d’être appelés dans le monde pour être lumière, les témoins de Jésus dans le monde ? »
Prise de position contre le Diagnostic préimplantatoire (DPI)
La CA a adopté une motion contre le diagnostic préimplantatoire.
En 2015, les citoyens et électeurs suisses se prononceront dans un vote sur l'introduction du diagnostic préimplantatoire (DPI). Cet amendement constitutionnel permettrait d’examiner le patrimoine génétique des embryons réalisés dans le cadre d’une insémination artificielle (FIV) avant qu’ils soient implantés dans l’utérus dans la perspective d’une grossesse. Ce procédé vise à éviter que des enfants nés par insémination artificielle souffrent de maladies congénitales.
Mais de l’avis de la commission "Eglise et Société », le DPI laisse entendre qu’on peut se permettre en tant qu’humains de juger «ce qui est digne d'être vécu et ce qui n’est pas digne de vivre ». Même si cet examen se fait à un stade très précoce de la vie humaine, de telles décisions définissent aussi la valeur de la vie d’adultes atteints des maladies pouvant être dépistées par le DPI.
Selon la déclaration de la commission, le DPI remet en question la valeur inviolable de la vie humaine créée par Dieu. Dans ce contexte sont cités les Principes Sociaux qui valent de référence pour l’EEM à l’échelle du monde: « Nous rejetons les mesures d'ingénierie génétique de l'orientation eugéniste, et celles qui conduisent à la production d'embryons surnuméraires.Nous rejetons tout traitement génétique à des fins eugéniques et tout procédé génétique générant la production d’innombrables embryons ».
Culte d’ordination dimanche
Entre 800 et 900 personnes ont participé au culte solennel célébré dans le hall Rüegerholz de Frauenfeld. Au coeur de cette célébration, il y eut la prédication de l’évêque Patrick Streiff et l’ordination comme ancien de l’Église de Bernfried Schnell.
Humblement courageux
A partir du récit de lutte de Jacob avec l’Ange, l’évêque encourage l’assemblée à mener également cette lutte avec Dieu, car elle conduit à faire personnellement l'expérience de Dieu et de sa bénédiction, condition de tout nouveau départ dans la vie : « C’est une lutte pour faire l’expérience de Dieu en Jésus-Christ; une lutte pour recevoir personnellement dans son cœur l’assurance de l’amour de Dieu » et sa bénédiction ». … « Cette expérience de la bénédiction les rendra plus humbles pour suivre Jésus-Christ et en même temps plus courageux dans le monde. Le soleil de Pâques s’est levé au-dessus d’eux ».
Rendez-vous est déjà donné à la Conférence annuelle 2015 prévue du 18 au 21 juin à Aarau avec la cohabitation entre les générations pour thématique.
EEMNI