L’afflux de réfugiés et nous ?


Daniel Eschbach, pasteur EEM à Bülach


Cette chronique fondée sur l'actualité est commune au journal Christ Seul (Églises mennonites) et ENroute (UEEMF).

« Lorsqu'ils furent partis, voici, un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, et dit: Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, fuis en Egypte, et restes-y jusqu'à ce que je te parle; car Hérode cherchera le petit enfant pour le faire périr. Joseph se leva, prit de nuit le petit enfant et sa mère, et se retira en Egypte.... Il y resta jusqu'à la mort d'Hérode, afin que s'accomplît ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète: J'ai appelé mon fils hors d'Egypte. » (Mt 2.13-15)
Le flux toujours plus important de migrants est un grand défi pour les pays riches de l’Europe, également pour la Suisse. Jusque-ici, il semble bien que nous ne soyons absolument pas aptes à y faire face. Les signes de délimitations et d’exclusions se dessinent en maints endroits. Dans les pays riches européens, on craint pour ses acquis, construit des barrières et murs aux frontières, affronte les réfugiés avec des gaz lacrymogènes ou des jets d’eau. La haine de l’étranger et le racisme sont en passe de devenir des comportements convenables, la manière dont certains utilisent le thème des réfugiés en Suisse, afin de gagner des voix lors des élections, est méprisant et se moque parfois de toute conduite civilisée. Cela m’inquiète. Parfois, en lisant les nouvelles, j’ai honte de pouvoir continuer à vivre tranquillement ma vie, étant du bon côté des frontières. Et lorsque je me demande ce que pourrait être la mission chrétienne dans cette situation, j’éprouve parfois de la peur... pas à cause des réfugiés, qui, à un moment ou à un autre pourraient être à notre porte, mais de la haine de l’étranger qui pourrait se développer dans mes propres rangs et à laquelle je devrais peut-être m’opposer. 

Photos sous licence CCo Public Domain

Je n’ai aucune idée comment faire face à cet immense défi. Je réalise pleinement que ni la Suisse ni aucun autre pays ne peut accueillir durablement tous les réfugiés. Je suis conscient que parmi ces nombreux réfugiés désespérés il peut y avoir des moutons noirs avec de dangereux projets, qui profitent de la situation pour se fondre au sein de la société occidentale. Mais est-ce vraiment possible que ce soit le slogan « le bateau est plein » qui triomphe ? Notre pays s’est déjà une fois chargé de faute à l’aide de cette invocation. Il ne faudrait pas répéter la même erreur. 

Alors ces jours, me reviennent des phrases de la parabole du Jugement dernier :
« J’étais un étranger et vous m’avez recueilli... quand t’avons-nous vu étranger et t’avons-nous recueilli...toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites.. » et inversement : « J’étais étranger et vous ne m’avez pas recueilli... Seigneur quand t’avons-nous vu étranger et ne t’avons-nous pas assisté... Et il leur répondra: Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous n'avez pas fait ces choses à l'un de ces plus petits, c'est à moi que vous ne les avez pas faites » (Mt 25.31-46).
Trouver comment régler ce flux de réfugiés est pour moi un important sujet d’intercession. Et surtout : que je, que nous, comprenions ce qu’est la mission dont Dieu nous charge dans cette situation et que nous trouvions le courage d’en accepter les responsabilités qui en découlent.

En différents lieux, des communautés, des membres, des amis s’engagent de diverses manières pour les étrangers, réfugiés, humains, qui ont à faire face à une situation exceptionnelle. Toute initiative qui va dans ce sens est à saluer. Que tous ceux qui s’engagent dans cette tâche difficile soient portés par l’amour et la force que Dieu donne. A vous tous qui participez à un engagement, que vous soyez en activité ou retraités, nous vous souhaitons de ressentir vous- mêmes toujours à nouveau l’amour divin et humain, et de pouvoir le transmettre. Que Dieu vous bénisse. 

* Article « Besinnliches » de Daniel Eschbach, tiré de « Methodist » journal de l’EEM Bülach- Oberglatt, édition septembre-novembre 2015 avec l’aimable autorisation de l’auteur.

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