ENroute, fin de vie, faim d’espérance: (5) Nicole Ambeis

Nicole Ambeis est directrice du Foyer Caroline Bethesda de Munster (68) et répond aux questions posées par jp.w.


Chaque année se déroule sous l'égide des Nations Unies une semaine des personnes âgées. Le thème retenu cette année porte sur le rôle important que les personnes âgées jouent dans les familles, la communauté et la société.


Selon Koffi Annan, les personnes âgées sont la valeur ajoutée du monde en devenir. Partagez-vous son analyse?


Nous pourrions tirer une valeur ajoutée et des possibilités de développement grâce à une la participation active de la population âgée. Mais ceci uniquement tant que elle est en bonne santé et peut se suffire à elle-même. Les personnes âgées en établissement ont besoin des autres pour vivre tout simplement et elles participent plutôt passivement à la vie de l'établissement.


Les personnes âgées souffrent souvent de stéréotypes périmés donnant d’elles l’image d’êtres fragiles, qui ont besoin de soins et d’affection. N'oublie-t-on pas trop vite que, bien souvent, loin d’en recevoir, ce sont les personnes âgées qui prodiguent soins et attention aux autres, tels ces grands-parents qui s’occupent de leurs petits–enfants quand les parents sont partis travailler? Qu'observez-vous dans vos maisons de retraite?


Les personnes âgées en maison de retraite ne donnent pas l'image d'être fragile. elles sont fragiles et ont vraiment besoin de soins et d'affection. Sur les 66 résidants, nous comptons cinq personnes qui prodiguent de l'attention aux autres, mais elles ne sont pas en mesure de prodiguer des soins. 


Même quand ils bénéficient d'une prise en charge permanente, vos résidents sont-ils capables de prodiguer des soins et des attentions aux autres?


Non 


Jugez-vous suffisant le rôle des personnes âgées dans les familles, les communautés et la société? Que faire pour améliorer leur sort et favoriser leur épanouissement?


Chaque individu est différent et chaque personne peut améliorer sont sort et favoriser son épanouissement s'il en a envi, s'il se utile et reconnu. Mais cette démarche est très personnelle, et dépend de sa vie. de son éducation. 


Dans vos établissements, travaille-t-on à réduire le fossé entre les générations, à mettre en présence des personnes âgées des enfants? Met-on à l'écart ou met-on à contribution les anciennes et les nouvelles générations dans les maisons de retraite dans le souci de préserver le lien intergénérationnel?


Au foyer Caroline, nous avons vécu cet été une expérience très enrichissante. Les jeunes de l'Appart ont donné de leur temps aux personnes âgées et une relation s'est créée entre ces jeunes et les personnes âgées. Mais nous avons aussi vécu des expériences qui se sont soldés par un échec parce que la vie débordante des jeunes enfants n'est pas compatible avec celle des personnes âgées qui est ralentie. 


Votre souci majeur de directeur de maison de retraite, allier une gestion saine à l'accompagnement des personnes âgées empreint d'humanité?


À l'heure actuelle. la population française n'est pas prête à payer un accompagnement empreint d'humanité. Nous préconisons l'aide des familles et des bénévoles pour des visites des aides aux repas, des sorties. des promenades, des propositions d'animation etc. 


Le plus d'une maison de retraite chrétienne et méthodiste de surcroît


La richesse du Foyer Caroline est la qualité du personnel, mais celui-ci n'est pas suffisant pour faire face à la dépendance croissante de nos résidents.


Votre attente des Eglises, un engagement bénévole accru?


Sans les familles et les bénévoles nous ne sommes pas en mesure d'accompagner les personnes âgées.


Source: EEMNI