L’Eglise prie pour la paix en Cȏte d'Ivoire


Les Ivoiriens se présentent en grand nombre pour voter au premier tour de l'élection présidentielle du 31 octobre. Photo ONU / Zoma Basile. 

Par Isaac Broune*

Au milieu de la violence post-électorale, l'Eglise Méthodiste Unie de Cȏte d'Ivoire (EMU-CI) lance un appel à la prière et essaye de renforcer ses engagements vis-à-vis de la population.

Les résultats de l’élection présidentielle du 28 novembre de cette nation ouest-africaine sont contestés, ce qui engendre de nouvelles tensions dans un pays qui a essayé de retrouver la stabilité après la guerre civile qui avait éclaté il y a dix ans. Tant le président actuel, Laurent Gbagbo, que son adversaire, Alassane Ouattara, crient victoire.

Les dirigeants méthodistes unis demandent instamment la paix et le calme, et l'agitation a conduit de nombreuses personnes à se tourner vers l'Église.

La situation a été différente dans la partie sud de la Cȏte d'Ivoire contrôlée par le gouvernement par rapport à la région nord du pays contrôlé par les bastions rebelles. Un membre de l’Église Méthodiste Unie d’Angré au sud-est d'Abidjan, a remarqué que la fréquentation du culte augmente le dimanche depuis les élections : en fait la participation est en moyenne de 800 à 1.500 personnes après les élections.

«Beaucoup de nouveaux arrivants vivaient dans les environs et ils ne voulaient pas faire de longues distances pour assister à leur service ordinaire, dit-il. «En outre, beaucoup de gens ont ressenti le besoin de venir prier, en particulier dans des situations comme celles-ci».

 

Le Bishop méthodiste uni Benjamin Boni de Côte d'Ivoire offre une prière d’action de grâce - Photo Novembre 2008 par Mike fichier Dubois. 

Environ 600 kilomètres au nord, à Ferkessédougou dans les mains des rebelles, la fréquentation moyenne de l'église a considérablement diminué pour les deux dimanches, selon une source. La raison: de nombreux fonctionnaires ont réintégré leur ville natale pour voter et n’ont pas pu la quitter à cause de l'agitation et du manque de transports en commun.

Soigner les blessés

Les écoles méthodistes ont été fermées du 28 novembre au 8 décembre, parce que les parents ont eu peur d'envoyer leurs enfants à l'école vu la situation politique incertaine. Paul Ohanson, directeur général des écoles méthodistes, a indiqué que la trêve hivernale serait réduite de façon à rattraper le temps perdu et à ne pas pénaliser les étudiants.

«Nos étudiants ne devraient pas souffrir de cette situation», a-t-il dit. «Nous devons faire tous les sacrifices possibles pour nous en tenir à nos valeurs d'excellence académique."

L’Hôpital méthodiste de Dabou, situé à environ 59 kilomètres à l'ouest d'Abidjan, a traité une des personnes blessées dans les affrontements de ce week-end du 4/5 décembre, après l'annonce des résultats du second tour des élections présidentielles. Six personnes ont été tuées et plusieurs autres blessés par des balles et des machettes.

 

Des centaines de journalistes de la presse internationale et nationale ont couvert le premier tour de l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire le 31 octobre 2010. Photo ONU / Zoma Basile. 

«Nous avons traité 23 blessés et a accueilli deux morts à notre morgue», confirme Alfred Degny, directeur de l'hôpital. «Dès lors que l'hôpital ne dispose pas d'un service d'urgence, nous avons eu à surexploiter les capacités de la salle d'opération où nous avons traité tous les cas importants en dehors de nos patients traditionnels».

Appel à la prière

L'Eglise Méthodiste Unie de Côte d'Ivoire continue de prier pour une résolution pacifique de la situation dans tout le pays. L'Église compte environ 700000 membres et sert une large communauté d'environ 1 million de personnes en Côte d'Ivoire.

La semaine dernière, l'Église a appelé à trois jours de jeûne. Les fidèles se sont rassemblés de 13 à 15 heures dans les églises locales pour prier en faveur du pays. À l’église méthodiste unie du Plateau au centre-ville d'Abidjan, le pasteur Michel Lobo, Secrétaire adjoint administratif de la Conférence et pasteur principal, a remarqué une «présence incroyable» entre les heures de travail.

S'adressant à la presse après une réunion des responsables religieux pour la paix et la réconciliation, l’évêque méthodiste uni Benjamin Boni a reconnu que les «plus grandes batailles se gagnent à genoux», en référence à la nécessité pour les chrétiens de s’agenouiller par terre et de demander à Dieu de les aider.

«Nous n’avons pas d’ennemis humains. Nos ennemis, c’est Satan et les démons», a déclaré Boni. « Nous devons donc aller vers l'autre dans nos quartiers et lui montrer l'amour et la paix».

* Broune est journaliste méthodiste uni en poste à Abidjan, Côte d'Ivoire.

Côte d’Ivoire, Abidjan, le 20 décembre 2010

Traduction eemni

UMNS