COE: engagement pour la protection des populations en danger

L'Assemblée du Conseil œcuménique des Eglises (COE) de Porto Alegre a exprimé sa préoccupation pour les populations en danger dans les situations de conflits armés et a adopté un texte sur "La responsabilité de protéger". Cette déclaration, adoptée lors de la dernière journée de délibérations de l'Assemblée, le 23 février, fait suite à un long processus de réflexion et de consultation mené par le COE avec ses Eglises membres.


Les différentes conceptions de "l'ingérence humanitaire" se retrouvent au sein des Eglises membres du COE: refus de la violence pour les uns; pour les autres acceptation de la violence dans le cas de situations exceptionnelles et primauté de l'intégrité et de la souveraineté des Etats. Si certaines Eglises ont justifié l'usage de la guerre dans le passé, le 20ème siècle a marqué la prise de conscience du "ministère de guérison et de réconciliation" que les Eglises avaient à exercer dans le monde, et le repentir de beaucoup d'entre elles pour leurs positions passées. La création du COE en 1948 constitue certainement l'un des aspects les plus visibles de cette prise de conscience.


Toutes les Eglises consultées dans le processus d'élaboration du texte reconnaissent la "primauté de la non-violence", et c'est "dans cet esprit que le COE a lancé une Décennie Vaincre la Violence 2001-2010".


Le texte s'appuie sur la notion de "responsabilité de protéger" définie par la Commission internationale de l'intervention et de la souveraineté des Etats (CIISE) dans son rapport de décembre 2001, et fait passer "le débat de la perspective des intervenants à celle des personnes ayant besoin d'aide et redéfinit ainsi la souveraineté comme un statut qui entraîne des responsabilités plutôt que comme un pouvoir absolu".


La déclaration reconnaît, dans cette perspective, la possibilité d'interventions armées dans des situations d'urgence humanitaire, tout en insistant sur le fait que de telles interventions ne sont que le signe d'échecs dans la prévention des crises. Elle souligne pourtant les limites de telles interventions: "L'utilisation de la force à des fins humanitaires ne peut jamais constituer une tentative de trouver des solutions militaires à des problèmes sociaux et politiques ou de créer, par des voies militaires, de nouvelles réalités sociales et politiques". Plus loin, le texte poursuit: "Les moyens déployés à des fins humanitaires doivent aussi se distinguer clairement des méthodes et des objectifs militaires. Les opérations humanitaires ne constituent pas une guerre visant à la défaite d'un Etat, mais une tentative de protéger les populations en danger d'être harcelées, persécutées ou tuées".


Le texte préconise particulièrement aux Eglises membres du COE, mais aussi à la communauté internationale et aux Etats de développer la prévention de telles crises, en cherchant des solutions à leurs causes profondes. Sont ainsi mis en avant le développement économique, l'éducation, le respect des droits de la personne, la bonne gouvernance, le commerce équitable, le respect du droit et le contrôle des instruments de la violence (en particulier les armes légères).


Cette réflexion devrait donner lieu en 2010 à une déclaration œcuménique détaillée sur la paix, qui viendrait clore la Décennie vaincre la violence.


24/02/2006


Source: Conseil oecuménique des Eglises (COE)