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Un réseau international d'agences d'entraide liées aux Eglises critique les largages aériens de vivres couplés avec les frappes militaires effectuées par les Etats-Unis en Afghanistan, et souligne qu'elles compromettent les opérations d'entraide en Afghanistan.
ARM: stopper toute action militaire contre l'Afghanistan
L'Alliance Réformée Mondiale (ARM) à Genève, réclame l'arrêt des actions militaires en Afghanistan. Il apparaît que la guerre menée par les alliés sous la direction des USA contre les Taliban prend de plus en plus la forme d'un conflit interreligieux, lit-on dans un communiqué de presse de l'ARM ce lundi.
L'ARM regrette que les attaques sur l'Afghanistan aient commencé avant que n'aient été épuisés tous les moyens et les options politiques et légaux en alternative à la guerre. La guerre accélère la spirale de la violence et de part et d'autre on peut en abuser pour atteindre ses propres objectifs.
Ainsi l'arrêt immédiat des actions militaires est-il dans l'intérêt de la paix universelle. De toute façon, ces attaques ne pourraient pas punir les actes criminels du 11 septembre.
Doutes sur l'efficacité des frappes militaires contre l'Afghanistan
Les responsables de l'Eglise protestante en Allemagne (EKD - Eglise Luthérienne) doutent que les frappes militaires contre les Taliban atteignent leur but. Le président rhénan et président du conseil des Eglises Protestantes en Allemagne (EKD), Manfred Kock, est pleinement convaincu de la nécessité pour les auteurs des attentats terroristes aux USA d'être arrêtés et condamnés. Mais il est "moins que certain" que les attaques aériennes puissent provoquer ce résultat.
Par rapport au largage de nourriture, Kock craint "que les Taliban récupèrent les sacs de farine et que les civils reçoivent les bombes sur leur tête", comme il le laissait entendre au "Berliner Zeitung". Dans un communiqué de presse, il rappelle aux chrétiens de ne pas relâcher leur effort à promouvoir la paix, la justice et la sauvegarde de la création: "Nous devons nous engager encore plus que nous ne l'avons fait jusqu'à maintenant pour la paix et pour de justes structures économiques, pour l'interdiction de l'exportation d'armes et pour un usage réfléchi des ressources qui nous sont confiées."
Le président de l'Eglise du Land de Hesse-Nassau Peter Steinacker (Darmstadt) s'exprime dans le même sens: "l'usage de la force contre le terrorisme doit suivre avant tout la logique de la lutte contre la criminalité et non la logique de la guerre." Le terrorisme est "l'arme de ceux qui manquent de perspectives".
Le terrorisme perdrait son terreau, dès lors que des mesures à long terme politiques, économiques et humanitaires étaient prises. L'Islam devrait mettre en évidence que la paix l'intéresse et non la haine.
Le service de paix chrétien international Eirene (Neuwied) exige avec force la fin des bombardements. "Non, la guerre ne peut pas constituer la réponse au terrorisme", lit-on dans un communiqué de presse. L'organisation demande: "Comment peut-on vouloir surmonter par la victoire militaire ce sentiment d'infériorité et d'injustice qui pousse plusieurs dans cette impasse du meurtre et de l'autodestruction?".
Aujourd'hui, dans beaucoup de pays du sud, l'Islam est considéré comme une "force de libération", et les chrétiens au contraire comme des "oppresseurs" . Auprès des quelques 3,5 millions musulmans en Allemagne prédomine -selon l'enquête menée par le ""Zentralinstitut Islam-Archiv" (Institut central des archives sur l'Islam en Allemagne) (Soest)- l'opinion que les crimes terroristes n'ont "aucune place dans l'Islam" et qu'ils portent grandement atteinte à la réputation des musulmans.
Il ne faut pas que prévale à présent l'idée qu'une "guerre globale contre l'Islam a commencé". Les associations islamiques devraient résister aux mots d'ordre "des agitateurs pseudo religieux".
Les Eglises suisses ne veulent pas de guerre
Trois Eglises nationales Suisses se sont exprimées mercredi contre la guerre en Afghanistan. Elles mettent aussi en garde contre la catastrophe inimaginable que représenterait un afflux de réfugiés.
La présidence de la Conférence des Evêques Suisse, le Conseil de la Fédération des Eglises Protestantes de Suisse (FEPS), -dont l'EEM fait partie-, et l'évêque de l'Eglise Chrétienne Catholique de Suisse ne peuvent pas plaider en faveur de la guerre. Dans une déclaration commune, ils émettaient mercredi des doutes sur l'efficacité des bombardements pour combattre le terrorisme.
La direction de ces Eglises craint que les terribles frappes du 11 septembre contre les USA attirent le monde dans un tourbillon de destruction. Tous seraient concernés par une telle évolution: les chrétiens aussi bien que les musulmans, les pays industriels aussi bien que les pays en voie de développement.
Pour obtenir une paix durable et casser la spirale de la violence, il faudrait impérativement mettre en lumière et éliminer ses causes réelles, qu'elles soient de nature culturelle, politique ou économique. Les Eglises attirent l'attention sur le fait que Jésus refuse la violence sous toutes ses formes. Elles prennent conscience de ce que les chrétiens, pourtant, n'ont pas toujours agi en conséquence dans l'histoire.
En Afghanistan se dessine une catastrophe humanitaire d'une ampleur inouïe. Les organisations humanitaires religieuses ainsi que beaucoup d'autres ONG venaient en aide aux réfugiés, dont le nombre doit dépasser le million en Afghanistan et dans ses états voisins dans les conditions les plus difficiles.
Ainsi, les Eglises nationales appellent tous les croyants à prier pour la paix, à poursuivre un accord durable entre les peuples et les religions et à soutenir matériellement les organisations humanitaires.
Source: ENI/RNA/ekd/idea-Allemagne