Allemagne, Bonn: délégation du COE à la Conférence sur le climat: il faut sauver le Protocole de Kyoto

La conférence sur le climat, qui se tient à Bonn du 16 au 27 juillet prochain, ne se présente pas sous les meilleurs auspices. Nombreux sont ceux qui déjà prédisent son échec. C'est aussi ce que craint la délégation de neuf membres qui sera sur place pour suivre les débats au nom du Conseil oecuménique des Eglises (COE). Ils mettront néanmoins tout en oeuvre pour faire connaître la position du COE chaque fois qu'ils en auront l'occasion. 


«La voix de la délégation est la voix de la majorité silencieuse des sans-pouvoir de notre planète», déclare avec conviction Elias Abramides, chef de la délégation du COE à Bonn. Les neuf délégués originaires d'Argentine, d'Allemagne, des Pays-Bas, de Russie, du Royaume-Uni, des Etats-Unis et du Zimbabwe, tous membres du groupe de travail du COE sur les changements climatiques, se préparent à vivre deux semaines difficiles. 


Selon eux, le retrait du gouvernement américain du Protocole de Kyoto va sérieusement compromettre les résultats de la conférence. Elias Abramides d'Argentine qualifie l'attitude des Etats-Unis d'obstinée et d'inflexible. Quarante nations industrielles seulement feront face à 160 pays qui n'appartiennent pas au riche hémisphère Nord. 


Le COE estime que c'est précisément ces pays industriels qui portent la responsabilité morale de la rapide évolution des climats. C'est donc à eux qu'il appartiendrait de montrer l'exemple en adoptant des mesures permettant de réduire les causes à l'origine du phénomène. «Et maintenant, l'un de ces 40 pays annonce qu'il se retire du projet. Mais c'est de solidarité qu'il s'agit, nous devons assumer tous ensemble la responsabilité éthique qui est la nôtre et qui consiste à protéger la création de Dieu», souligne M. Abramides. «En tant que chrétiens, nous ne pouvons pas accepter une telle position.» La délégation du COE apporte son soutien à toutes les initiatives prises pour convaincre les Etats-Unis de revenir sur leur décision. 


S'il ne s'attend pas à ce que le gouvernement nippon ratifie le Protocole de Kyoto, du moins tant que les Etats-Unis n'auront pas fait le premier pas, Elias Abramides estime que le Japon jouera un rôle de premier plan dans cette conférence. Les participants auront comme mission primordiale de sauver le Protocole de Kyoto. «Ils ont le devoir moral de le faire», déclare-t-il. 


Les membres du groupe de travail sur les changements climatiques ne se contentent pas de défendre une utilisation raisonnable et écologiquement responsable des ressources pendant les conférences internationales. Ils sont aussi actifs au niveau local, dans leurs Eglises, lançant des projets et des initiatives destinés à attirer l'attention de leurs concitoyens sur les problèmes climatiques et à montrer ce que l'on peut faire à l'échelon individuel pour réduire les émission de gaz à effet de serre. En particulier, ils soutiennent les activités régionales dans les pays en développement et travaillent avec des groupes de populations autochtones. 


A Bonn, le COE ne compte pas mener d'action isolée. Les délégués participeront à des conférences de presse, des manifestations spéciales, des séances de dédicace d'ouvrages et des moments de prière. Et même si on peut craindre que ces négociations ne débouchent sur rien de tangible, Elias Abramides n'abandonne pas tout espoir: «Le simple fait que nous soyons à cette conférence avec les représentants des gouvernements est un signe d'espérance pour l'avenir et la preuve de notre absolue détermination à préserver la beauté et la richesse de notre environnement, qui est le don précieux que Dieu nous a fait à tous. Et, qui sait? Peut-être assisterons-nous à un miracle, et peut-être parviendront-ils à quelque chose, en dépit des circonstances.»


16 juillet 2001

Source: Conseil oecuménique des Eglises