Béatrice Wittlinger, collaboratrice de notre Eglise dans la République Démocratique du Congo (Mulungwishi) rend compte dans la présente édition du journal "Kirche und Welt" des conditions de son départ du pays en raison de la guerre. «Ce qui commença à la fin du mois d'août comme un soulèvement de rebelles, s'est rapidement transformé en une guerre aux fronts multiples. Bien que la situation ici à Mulungwishi fût calme, autant Claus Nielsen du Danemark que moi, nous avons ont dû quitter le pays à la suite de tous les collaborateurs américains de l'Eglise. Notre évacuation au Zambie ne s'est pas déroulée comme prévu.
Sur la route menant à la frontière, il y eut des barrages routiers, et les soldats contrôlèrent nos bagages dans le détail. Au troisième barrage, ils ont trouvé ma paire de jumelles et mon appareil de photos. Ils trouvèrent ces engins suspects et nous ont amenés d'abord auprès du Commandant et ensuite auprès d'un agent de sécurité à la frontière. L'ensemble de nos bagages ont été encore une fois contrôlés dans le détail, et nous devions placer tous les éléments «suspects» dans deux boites munies d'une serrure, que Claus portait sur lui par bonheur. Il s'agissait de jumelles, d'appareils photos, de transistors et d'un grand appareil radio, mais aussi d'un ordinateur, d'imprimantes, de disquettes, d'un couteau et même d'une ceinture de Claus. Nous pouvions fermer ces boites et garder les clés. Quant aux boites, les soldats les prirent avec eux. Ils nous ont accusés d'être des espions.
Accompagnés par des soldats, jeunes ados, nous devions retourner à Lubumbashi. Nous avons dans un premier temps été amenés dans un camp militaire. J'ai été interrogée et il m'a été reproché d'être une espionne française. Ensuite, nous avons été transférés au Service de Sécurité, où nous avons dû attendre longtemps. Nous avions faim et soif et nous étions fatigués. Quand un fonctionnaire est alors venu, il fut très poli et raisonnable. Nous obtiendrons de l'eau à boire. On voulait nous entendre dire où nous allions et pourquoi nous voyagions avec tous les appareils. Entre temps, l'Evêque et Louise Werder ont appris où nous étions. Quelle joie de voir subitement surgir Louise et nous apporter de quoi manger et boire! Nous pouvions passer la nuit dans la maison d'hôtes de l'Eglise mais nous devions de nouveau nous rendre le lendemain matin au Service de Sécurité et passer presque toute la journée, à attendre presque exclusivement... Ensuite, on nous a rendu la presque totalité de nos affaires, à l'exception des jumelles, des radios et des appareils de photos. Il nous a été assuré par écrit que nous récupérerions nos affaires à notre retour au pays.
Notre deuxième tentative de nous rendre au Zambie réussit. Nous avions cette fois tous les visas nécessaires et nous nous fîmes accompagner par un employé de l'Eglise, qui avait une grande expérience dans la traversée de la frontière. Ensemble avec d'autres missionnaires, nous avons passé ensuite quelques semaines dans le Centre Oecuménique de Mindolo.
J'espère et je prie que la guerre au Congo cesse bientôt et qu'une paix juste s'instaure. Priez avec moi pour le peuple congolais, pour les dirigeants politiques et militaires et pour la proche résolution du conflit.»
Remarque de la rédaction: Béatrice Willinger et son collègue danois Claus Nielsen sont de retour à Mulungwishi. La situation dans cette région est calme. Le couple français Eric et Céline Immer attendent toujours encore le feu vert pour retourner au Congo.
Source: Kirche und Welt