Réactions au lendemain de l’attentat terroriste au Kenya (COE, AEM, DEFAP)


148 étudiants, essentiellement des chrétiens, ont été tués jeudi 2 avril dans l'attaque menée par les islamistes somaliens shebabs, liés à Al-Qaida, contre l'université de Garissa, à 150 km de la frontière somalienne.

Le COE condamne l’attentat terroriste au Kenya

Le Conseil œcuménique des Églises (COE) a fermement condamné l’attentat terroriste qui s’est déroulé le 2 avril sur le campus de l’Université de Garissa, dans le nord-est du Kenya. Dans une déclaration publiée le 3 avril au siège du COE à Genève, le pasteur Olav Fykse Tveit, secrétaire général du COE, a exprimé sa profonde inquiétude suite aux événements ayant eu lieu au Kenya, où près de 150 personnes ont été massacrées – y compris les gardes protégeant le campus – et environ 80 personnes blessées par des extrémistes des milices Al-Chabab, qui auraient ouvertement pris pour cibles des étudiants chrétiens en raison de leur foi.

Le Conseil œcuménique «appelle les autorités kenyanes et la communauté internationale à veiller à ce que les individus qui ont fomenté cet acte indéfendable soient traduits devant la justice pénale, et à prévenir toute attaque future, en particulier celles qui visent à provoquer la confrontation et le conflit entre les religions», a déclaré le pasteur Tveit.

«Je suis profondément attristé par la perte de tant de jeunes personnes, qui étaient autant d’espoirs prometteurs pour l’avenir du Kenya. Je présente mes condoléances aux familles des victimes, je prie pour le rétablissement des blessés et j’assure nos sœurs et frères dans nos Églises membres au Kenya de ma solidarité et de mon accompagnement», a écrit le secrétaire général du COE.

«Le message de Pâques est clair: pour finir, la mort et le mal ne triomphent pas et ne triompheront pas. Alors que des millions de chrétiens dans le monde s’unissent aujourd’hui pour se souvenir de la souffrance et de la mort de Jésus Christ sur la croix, cette année nous voulons aussi nous souvenir des vies de tous ces jeunes femmes et hommes kenyans, des vies emplies de promesses et d’espérance qui se sont achevées si brutalement», a ajouté le pasteur Tveit.

Alliance évangélique mondiale (AEM/WEA): Éradiquons le terrorisme en réponse au massacre d'étudiants chrétiens au Kenya

L’Alliance évangélique mondiale (AEM) s’est exprimée à son tour le 4 avril sur le massacre des étudiants.

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Kenya : « Père, pardonne-leur ! »

La lettre poignante de Ciku Muriuki, célèbre présentatrice radio au Kenya. Chrétienne, elle adresse un message de pardon aux terroristes shebabs sur la bande FM.

Au lendemain du meurtre de 148 étudiants à Garissa, un message fort, destiné aux auteurs du massacre, est passé sur Nations Radio FM, une radio kenyane. Le voici :

« Chers shebabs,

Vous avez revendiqué la mort de 148 étudiants. J’éprouve de la tristesse pour toutes ces familles privées de leurs bien-aimés, mais je ne suis pas triste à cause des disparus. Je suppose que vous avez délibérément choisi ce temps de Pâques, où Christ a donné sa vie pour nous tous, y compris vous. Peut-être que vous vous en moquez… et vous n’êtes pas les premiers.

"Personne n’a tué Jésus"

Ce jour-là, une foule en colère l’a insulté et ridiculisé, en réclamant son sang. Des soldats romains lui ont craché au visage, l’ont frappé, ont enfoncé une couronne d’épines sur sa tête et l’ont cruellement cloué sur une croix. Pourtant, ils avaient vu ses miracles et entendu ses paroles. Pourquoi tant de cruauté ? Jésus a posé son regard sur ses assassins et a dit : « Père, pardonne-leur. » Personne n’a tué Jésus. C’est lui qui, volontairement, a donné sa vie. Il a payé le prix ultime pour nous qui péchons, délibérément ou par ignorance.

"C’est pour vous que Christ est mort"

Pour vous aussi, qui avez tué mes frères et sœurs chrétiens. Je vous pardonne. Oui, vous vous m’entendez bien : je vous pardonne. Autant votre cœur est rempli de haine, autant je veux remplir mon cœur d’amour, comme Jésus. Je ne suis pas dans le deuil, mais dans la joie. En effet, Jésus est mort, mais il est ressuscité. Il en sera ainsi des étudiants que vous avez massacrés. Ils ressusciteront, car la vie éternelle est promise à ceux qui croient en Lui. Votre plan pour gâcher Pâques m’aide à réaliser le sens de Pâques : c’est pour vous que Christ est mort à la croix. Pour votre salut si vous vous repentez. »

Légende photo : Cette étudiante, parmi les 80 blessés dans l’attaque.


Nous condamnons l’assassinat lâche, insensé, inhumain et ciblé d’étudiants chrétiens innocents à l’Université de Garissa au Kenya par des hommes masqués du groupe terroriste Al-Shabaab cette semaine.

Mais ne nous arrêtons pas là, et voyons cette attaque comme la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

Les mots nous ont manqué quand nous avons appris l’attaque engagée par des islamistes munis d’explosifs et d’AK-47 à l’encontre d’un campus où des chrétiens étaient allés prier jeudi. Cette profonde tristesse devrait nous obliger maintenant à vaincre le terrorisme en Afrique, au Moyen-Orient et ailleurs.

« Nous ne pouvons pas considérer le terrorisme isolément, que ce soit au Kenya, en Somalie, en Irak ou en Syri », a déclaré le directeur exécutif de l'AEM-RLC Godfrey Yogarajah. « Al-Shabaab, qui a revendiqué la responsabilité de l'assassinat sans vergogne, ainsi que des groupes comme al-Qaïda, l'Etat islamique (ISIS) et Boko Haram sont des groupes terroristes transnationaux ou aspirant à le devenir, et semblent soit coopérer entre eux, soit être en concurrence les uns par rapport aux autres en révélant leurs mauvaises intentions ».

Le Kenya partage une longue frontière poreuse (435 miles) avec la Somalie et a longtemps souffert de l'instabilité dans sa région. Le Kenya a également plusieurs villes côtières, qui peuvent faciliter les déplacements de terroristes en provenance de Somalie. Al-Shabaab contrôle les parties sud de la Somalie, où il existe une frontière commune. …

Al-Shabaab a cherché à exercer des représailles après la décision du Kenya d'envoyer des troupes en Somalie en 2011 pour lutter contre le groupe terroriste. On estime que Al-Shabaab a tué au moins 400 personnes et blessé plus de 1.000 personnes dans plus de 100 attaques entre 2011 et 2014.

Le même groupe terroriste a également attaqué le « Westgate Mall » de Nairobi le 21 septembre 2013, faisant au moins 68 morts et 175 blessés. L'attaque de cette semaine a été encore plus brutale.

« Les groupes terroristes se livrent à une course malheureuse entre eux :  en provoquant la destruction de vies humaines, ils cherchent à rester dans la course à un moment où l’EI cause des carnages sans précédent. Cette évolution exige que la coalition internationale engagée dans la lutte contre l’EI en Irak et en Syrie devrait élargir sa mission à d'autres groupes terroristes ainsi que leurs objectifs - bien sûr, pas avec des frappes aériennes ou des troupes sur le terrain », a ajouté Yogarajah. «Les dirigeants du monde doivent s’unir pour vaincre le terrorisme en coopérant avec les uns les autres et en ayant pour objectif commun de négocier la fin au terrorisme dans tous les pays ».

Les États-Unis accordent des millions de dollars d'aide militaire et financière au Kenya pour aider à lutter contre le terrorisme, et peuvent, par conséquent, avoir un mot à dire dans la façon dont le Kenya s’oppose à la menace d'Al-Shabaab. Et le Kenya semble aller dans le mauvais sens.

Le Kenya doit impérativement procéder à des changements dans sa stratégie de lutte contre le terrorisme, qui semble actuellement se rapprocher d’une approche autoritaire. Le prétendu ciblage de la société civile, la lutte contre les libertés civiles, les exécutions et les les enlèvements extrajudiciaires ainsi que les raids aléatoires dans les zones musulmanes non seulement ne sont d’aucune aide, mais peuvent aussi faire de ce pays un terrain fertile à la radicalisation et au recrutement pour des groupes terroristes.

« Que les dirigeants de la communauté internationale et du monde oeuvrent en faveur de la paix et de la stabilité dans toutes les régions déchirées par le terrorisme et que l’on aide les gouvernements à lutter contre tous les groupes terroristes, voilà ce qui pourrait être la meilleure voie à suivre », a déclaré Yogarajah.

« Nous, en tant que chrétiens, nous croyons dans la puissance de la prière, et nous devons nous mettre à genoux en faveur des victimes et des survivants, des gouvernements et des organisations internationales qui se sont engagés en toute sincérité à éradiquer le terrorisme ».

Communiqué du Défap sur l’attentat au Kenya

Le Défap réagit, par la voix de son président, Jean-Arnold de Clermont, et de son secrétaire général, Bertrand Vergniol, à l’attaque qui a eu lieu au Kenya ce jeudi 2 avril.

Les islamistes somaliens shebab ont pris d’assaut, jeudi 2 avril à l’aube, un campus de l’université de Garissa, dans l’est du Kenya. Le bilan serait d’au moins 147 personnes tuées et 79 blessés. Les victimes touchées sont essentiellement des étudiants.
Quatre assaillants ont été abattus par les forces de police kényanes, mettant fin à cette attaque dans la soirée.
Cet assaut, qui a duré 16 heures, est le plus meurtrier qu’est connu le Kenya depuis celui contre l’ambassade américaine en 1998 (213 morts).

 

 

Nous sommes sans voix devant l’horreur du massacre de près de 150 personnes, principalement des étudiants, dans l’Université de Garissa à l’est du Kenya par des islamistes Shebab de Somalie.
Sans voix devant une telle cruauté… comme nous restons sans voix devant la croix où pend le crucifié, victime du péché des hommes. 

La croix du Christ est plantée en ce jour au cœur de l’Université de Garissa, signe de la folie sanguinaire de notre humanité dévoyée. Nos prières en ce Vendredi Saint s’élèvent vers Celui qui a donné sa vie pour nous pour que sa lumière brille dans nos ténèbres. Elles se joignent à celles du peuple kényan accablé par ce nouveau massacre.

Le Défap adresse un message de communion fraternelle aux Eglises sœurs du Kenya, au sein de la Communion des Eglises de toute l’Afrique (CETA).

Le Défap est engagé au Kenya : maintenir notre présence, par l’intermédiaire de l’Association pour la Traduction de la Bible (ATB), dans un pays frappé par le terrorisme c’est manifester notre foi en un Dieu vivant, plus fort que la mort, ce Dieu célébré le matin de Pâques.

Pasteur Jean-Arnold de Clermont, Président

Pasteur Bertrand Vergniol, Secrétaire général


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