La "Commission des Affaires sociales" (KA24) de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) prend position dans les colonnes du dernier numéro du journal "Kirche+Welt" (http://www.umc-europe.org/kundw/) à propos de l'initiative "Pour une procréation respectant la dignité humaine" (FMF). Il ne s'agit pas de déclaration officielle de l'ensemble de l'EEM de Suisse et de France, mais seulement l'occasion pour les membres de la commission sociale et éthique de faire une recommandation. Voici l'intégralité de ce texte:
"La FMF veut restreindre au maximum la procréation assistée: pas de fécondation In-vitro et pas d'insémination par un donneur (IAD). Elle va là trop loin. Des couples sans enfants ne doivent pas se voir interdire le recours aux différentes techniques possibles. Pourtant l'Initiative n'a pas eu l'effet escompté: depuis 1998 prévaut une loi restrictive en la matière -si on la compare avec d'autres législations en vigueur à travers le monde. Aussi la Commission des Questions sociales (KA24) recommande-t-elle le rejet de l'initiative.
Que veut l'Initiative?
Le comité hors partis qui a déposé cette initiative, il y a six ans déjà, rassemble des personnalités des divers bords politiques (CVP, EDU, EVP, SP et SVP) ainsi que des membres du personnel médical et des milieux de défense de la vie. Il réclame l'interdiction totale de toute fécondation In-vitro. Le comité relève plusieurs points problématiques:
* la "technicisation" de la vie humaine, qui contredit en dernier ressort l'acte de création de Dieu. Le rêve, de créer l'homme parfait dans une éprouvette, ne doit pas devenir réalité. L'homme ne doit pas s'immiscer dans la création de Dieu.
* l'expérimentation à partir des embryons surnuméraires. Par la fécondation In-vitro, d'innombrables embryons non désirés peuvent apparaître. Ces embryons-là pourraient être employés à mauvais escient à des fins scientifiques ou -encore pire- comme "pièces détachées" d'une banque d'organes.
* la double paternité (la paternité génétique et sociale), provoquée par le don de sperme. L'intérêt de l'enfant est mis en danger, vu la nécessité pour l'enfant de devoir choisir entre deux pères. Du coup, la famille est détruite.
* la décision de devoir déclarer que telle vie est digne de survie et que telle autre ne l'est pas (eugénisme). Le premier acte d'eugénisme consiste dans le fait d'évaluer l'intégrité biologique des cellules acquises artificiellement et de décider celles qui ne méritent pas de vivre.
Quells arguments opposer à cette Initiative?
Quelque 120 conseillers fédéraux se sont organisés en un Comité qui dit "non à l'Initiative FMF". Ce qui correspond à une très large majorité du Conseil. Leur argument principal, c'est qu'il existe déjà une bonne loi. Par la loi de 1998, non seulement la fécondation In-vitro est permise, mais aussi l'insémination par un donneur (IAD), mais seulement à des conditions très strictes. C'est ainsi que toute procréation assistée médicalement est soumise à une autorisation et surveillée de très près. L'enfant peut connaître ultérieurement l'identité du donateur de sperme. Aux arguments du comité favorable à l'Initiative, ils répondent:
* Le rêve de créer la vie dans une éprouvette n'a pas grand rapport avec le but de toute fécondation In-vitro. Dans toute fécondation In-vitro, il est question de donner la possibilité à un couple sans enfant d'en avoir. En outre, aucun enfant ne grandit dans une éprouvette, seule la fécondation a lieu dans ces conditions. Les déviations redoutées par les promoteurs de l'Initiative sont déjà interdites par la loi actuelle.
* l'actuelle Constitution (Art. 119) interdit la production d'embryons surnuméraires, et donc d'embryons, qui ne sont pas immédiatement replacés dans le ventre de la femme.
* les études faites à l'étranger démontent l'argument de la destruction de la famille. Dès lors qu'il s'agit d'un enfant très désiré, les pères 'sociaux' prennent plus au sérieux leurs responsabilités que la moyenne des pères.
* le diagnostic prénatal, grâce auquel l'eugénisme peut progresser, est interdit. On ne fait pas la différence entre une vie qui mérite de survivre et une vie qui ne le mérite pas.
Pourquoi rejetons-nous cette Initiative?
Deux arguments pèsent lourds pour la Commission pour les questions sociales (KA24) et l'amènent à rejeter l'Initiative: il existe une loi sévère, si on la compare avec les lois en vigueur dans le reste du monde; cette loi repose sur un article de la Constitution tout aussi sévère (Art. 119). En outre, il ne faut pas dénier aux hommes le droit fondamental de décider par eux-mêmes s'ils veulent avoir des enfants. Ils doivent décider en personne, s'ils veulent recourir à la fécondation In-vitro ou à une insémination par un donneur (IAD). Pour ces raisons, la Commission pour les Questions Sociales recommande le rejet de cette Initiative."
>Source: Commission des Affaires Sociales