Le parcours exemplaire d'un berger
L´archevêque de Cantorbéry, George Carey, chef spirituel de l'église anglicane, prendra sa retraite anticipée - fin octobre 2002. «D'ici là, j'aurai officié pendant onze ans et demi à un poste exigeant mais merveilleusement captivant et gratifiant»%, a déclaré le révérend. Mme Margaret Thatcher, alors premier ministre britannique, l'avait nommé à cette fonction en 1990. Agé de 66 ans, M. Carey pouvait théoriquement le conserver jusqu'en 2005, mais dans la pratique quittera sa charge le 31 octobre prochain; il assumera néanmoins jusqu'au bout ses engagements au service de l´Eglise d´Angleterre et de la communion anglicane, ce qui représente dans le monde quelque 65 millions de fidèles. Ainsi le révérend Carey ne quittera son poste qu'après le jubilé marquant les cinquante ans de règne de la reine Elizabeth II, chef suprême de l'église anglicaine, en juin prochain. "Je suis persuadé que ce sera le moment approprié pour me retirer, affirme Carey. Je me réjouis des occasions passionnantes et des défis qui nous attendent dans les prochains mois, puis des nouveaux dans les années à venir".
Considéré comme un modéré, ce père de quatre enfants est issu d'une famille modeste. De son prédécesseur Robert Runcie, Carey a hérité une crise financière suite à de malheureux investissements. En 1992, le primat a notamment soutenu l'ordination des premières femmes prêtres de l'histoire de l'Eglise d'Angleterre. Ce sujet a ébranlé l'Eglise d'Angleterre sur ses bases et déclenché une conversion en masse au catholicisme romain. Carey a su faire cohabiter tout au moins provisoirement les factions opposées et empêché une division de l'Eglise. En 1998, il approuvait la condamnation de l'homosexualité chez les pasteurs et l'interdiction de leur ordination: à ses yeux, les relations homosexuelles étaient incompatibles avec la Bible et l'ordination refusée aux homosexuels. Ill avait également affirmé qu'il n'y avait "aucune place pour l'activité sexuelle en dehors du mariage». Ses propos avaient provoqué la colère des militants gays, qui avaient notamment envahi la cathédrale de Canterbury en 1998 pendant un sermon de l'archevêque. Son départ à l'automne risque de raviver les divisions entre libéraux et conservateurs au sein de l'Eglise Anglicane.
A propos de sa succession
La nomination de son successeur implique maintenant une consultation entre la Commission de la Couronne britannique (chargée de proposer deux noms) et le premier ministre actuel, M. Tony Blair. La reine Elisabeth II, chef de l´Eglise d´Angleterre, chargera ensuite le premier ministre de procéder à la nomination.
Les candidats qui semblent le mieux placés pour lui succéder sont le révérend Michael Nazir-Ali, évêque de Rochester et considéré comme un conservateur, et l'archevêque du Pays de Galles, le révérend Rowan Williams, chef de file de l'aile libérale.
La tâche du futur primat de l'Eglise d'Angleterre
Le futur archevêque de Canterbury devra trancher plusieurs questions épineuses, dont celle du remariage des divorcés, de l'ordination des homosexuels actifs et la fusion éventuelle avec la branche méthodiste du protestantisme. Carey laisse en effet à son successeur le soin de trancher la question d'une possible fusion de l'Eglise Méthodiste et de l'Eglise d'Angleterre. Autant de sujets de discorde avec l'Eglise de Rome, de nature à éloigner encore les perspectives de rapprochement après cinq siècles de scission.
Les réactions de l'Eglise Catholique
Pour l'heure, le conseil pontifical pour la promotion de l´unité des chrétiens exprime sa gratitude au primat de l´Eglise d´Angleterre pour son action en faveur du développement des relations entre catholiques et anglicans. Quant au Vatican, il rappelle dans un communiqué avec gratitude l´engagement du primat pour le rapprochement et l´approfondissement des relations entre catholiques et anglicans. Il mentionne en particulier les visites du Dr Carey à Rome, plus fréquentes que celles de ses prédécesseurs et son sens du dialogue de "l'archevêque de Canterbury».
Le chef de l'Eglise Catholique en Grande-Bretagne, le cardinal Cormac Murphy O'Connor, a salué pour sa part "l'immense intégrité, l'enthousiasme et le courage" du révérend George Carey. "Je suis certain que de nombreuses personnes, comme moi-même, voudront dire combien ils ont apprécié sa réussite considérable à ce poste très exigeant et combien il leur manquera lorsqu'il quittera ses fonctions d'archevêque", a ajouté le cardinal.
Hommage des Méthodistes à l'Archevêque de Cantorbéry
En RÉPONSE à l'annonce du départ à la retraite du Dr George Carey, Archevêque de Cantorbéry, cet automne , le Secrétaire de la Conférence Méthodiste Britannique, le pasteur Dr Nigel Collinson, a dit: "nous sommes reconnaissants à l'Archevêque Carey pour l'exemple qu'il a donné à la fois pour ce qui est de la mission de l'Église à notre époque et dans son engagement à promouvoir l'unité de l'Église.
"Il a forgé des liens à la fois entre la Communion Anglicane et la Conférence Générale de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM).
"Nous porterons l'Église Anglicane dans nos prières, à l'heure où elle se met en quête de son successeur pour ce poste le plus exigeant de tous. La personne qui sera nommée affectera profondément les relations entre nos deux Églises."
8/10 janvier 2002
Source: ATS/ zt / Methodist Recorder / Salzburger Nachrichten - Erhard M. Hutter / apic / gay.com