Par Tara Tautari (*)
"Nous croyons au changement et nous vous demandons de continuer à prier pour nous." Tel est le message qu'a pu entendre à maintes reprises une délégation internationale de représentants d'Eglises à l'occasion d'une récente visite effectuée auprès des populations et des Eglises du Myanmar.
Le groupe, qui comprenait des chrétiens d'Australie, du Bangladesh, du Canada, de Norvège et du Royaume-Uni, se rendait dans ce pays en tant que "Lettres vivantes" au nom du Conseil œcuménique des Eglises (COE).
L'équipe de Lettres vivantes, accueillie par le Conseil des Eglises du Myanmar, s'est rendue dans le pays du 28 octobre au 3 novembre, peu avant les premières élections à avoir lieu au Myanmar depuis 1990.
En rencontrant les Eglises membres du COE au Myanmar, ainsi que des organisations partenaires et des mouvements de la société civile, la délégation a pu s'informer directement sur le témoignage rendu par les Eglises à la paix juste dans le pays, malgré les près de quatre décennies de régime militaire.
L'appel à la paix et à la justice n'est pas facile à véhiculer, a appris l'équipe, surtout quand les Eglises du pays s'efforcent tant bien que mal de soutenir leurs communautés en période de difficultés politiques et économiques.
Déjà l'un des pays parmi les plus pauvres d'Asie du Sud-Est, le Myanmar a connu une dégradation rapide de son économie et de son environnement. Ainsi les Eglises travaillent-elles dans un esprit œcuménique pour venir en aide aux communautés dans le besoin.
Travaillant souvent avec les "plus pauvres des pauvres", les Eglises sont confrontées au quotidien aux réalités de communautés qui subissent de plein fouet les décennies de mauvaise gestion macroéconomique, de politiques isolationnistes et de sanctions commerciales. Les problématiques auxquelles elles s'attaquent concernent le déplacement des populations, les secours et la réinstallation, la sécurité hydrique, le VIH et le SIDA et la violence faite aux femmes et aux enfants.
Malgré ces difficultés, les Eglises conservent un dynamisme spirituel et un espoir pour l'avenir, qui demeurent un témoignage puissant d'un pays en évolution.
L'élection générale, qui s'est déroulée le 9 novembre sur fond d'appels au boycott de la part de la Ligue nationale pour la démocratie (NLD) et d'intensification des critiques internationales vis-à-vis du processus électoral, n'a pas apporté le changement tant espéré du paysage politique.
Au contraire, l'élite aux commandes de l'Etat a conservé l'essentiel du pouvoir. Un événement est cependant source d'espérance: la libération, le 13 novembre de la militante pro-démocratie Aung San Suu Kyi, qui était assignée a résidence depuis quinze ans.
Les Eglises véhiculent un message clair à leurs membres: ils ont un rôle important à jouer dans la société en promouvant la paix au Myanmar. Les Eglises cherchent également à favoriser un dialogue continu et la réconciliation dans les contextes de violence et de conflit.
Au cours de la visite de Lettres vivantes, les Eglises membres du COE au Myanmar ont réitéré leur attachement au mouvement pour l'unité des chrétiens et ont encouragé la communauté du COE à rester solidaire avec elles.
Soulignant l'isolement relatif des Eglises du pays par rapport au reste du monde, le Conseil des Eglises du Myanmar a appelé à multiplier les occasions de rencontres et d'apprentissage.
Cette volonté de rapprochement était également palpable lorsque les visiteurs internationaux se sont entretenus avec le pasteur L. B. Siama, de l'Eglise évangélique mara. L'Eglise, implantée dans une région isolée et sous-développée du nord du pays, a rejoint le COE en 2001, devenant son quatrième membre au Myanmar.
"Nous voulons avancer main dans la main avec nos frères et sœurs œcuméniques du monde entier, en puisant les forces les uns des autres", a affirmé le pasteur Siama, principal du Collège théologique Lorrain de l'Eglise évangélique mara, à l'équipe de Lettres vivantes.
Tara Tautari est responsable de programme au Secrétariat général du Conseil œcuménique des Eglises. Elle est membre de l'Eglise méthodiste de Nouvelle-Zélande
1er décembre 2010
COE