ASSEMBLEE DE LA KEK A LYON, FRANCE

50e anniversaire de a KEK, rassemblement d’églises protestantes et orthodoxes de l’Europe célébré à Lyon, France. Les chrétiens unanimes pour offrir l’espérance sur fond de crise.

Photos : Daniel Barton et Johan Ehrning/CEC

Les Eglises européennes appelées à offrir l'espérance sur fond de crise

La KEK fête son 50e anniversaire
L'Assemblée de Lyon marque le 50e  anniversaire de la KEK, qui a été fondée au paroxysme de la guerre froide, en 1959, en tant que pont entre les Eglises d'Europe de l'Ouest et celles des pays communistes d'Europe de l'Est. Au cours de sa session, les délégués vont passer en revue le travail de la KEK, fixer les priorités pour les six prochaines années et tenter d'élaborer une vision pour le mouvement oecuménique en Europe pour les deux prochaines décennies. L’Eglise Evangélique Méthodiste (Conférence Annuelle Suisse/France) est représentée par l’évêque Patrick Streiff, le pasteur Sven Büchmeier et Stefan Langenegger.

Lyon, ville humaniste, accueille la 13ème Assemblée de la KEK

De nombreuses personnalités politiques et religieuses, locales et  nationales, étaient présentes, ce mercredi 15 juillet, pour la session d’ouverture de la 13e Assemblée de la Conférence des Églises européennes (KEK) qui se tiendra à la Cité Internationale de Lyon jusqu’au 21.

Pour le combat de toutes les forces spirituelles

Gérard Collomb, sénateur-maire de la Ville, fut le premier de ces invités à prendre la parole pour souhaiter la bienvenue aux 800 participants de cette rencontre rassemblant des délégués des Église orthodoxes, protestantes, anglicanes et vieilles catholiques de plus de 40 nationalités. M. Collomb a évoqué la longue vocation de sa ville dans le dialogue avec les religions, qui fut «pionnière dans la voie de l’œcuménisme, entre autres avec le P. Paul Couturier, initiateur de la Semaine de prière universelle pour l’Unité de Chrétiens, et qui fut et qui continue à l’être dans le dialogue interreligieux». Soulignant combien Lyon est « une ville de confluences géographiques, mais aussi historiques, politiques et culturelles », il a prôné un « combat de toutes les forces spirituelles. Particulièrement en ce temps de crises, qui oblige à tenir bon le cap du dialogue et de l’ouverture. Vingt ans après la chute du Mur de Berlin, il faut faire face à la montée des nationalismes, aux replis sur soi et à la résurgence des obscurantismes les plus divers ». Évoquant la laïcité qui marque le paysage politique et religieux français, il a insisté pour dire que « dans la construction d’une société humaniste, le spirituel tient toute sa place » et évoqué les derniers grands rendez-vous religieux qui ont eu la capitale des Gaule comme cadre : la rencontre internationale de la communauté San Egidio en 2005 ou la session des Semaines sociales de France en 2008.

Pour un dialogue incessant entre politiques et religieux

Une conception de laïcité partagée par le représentant du gouvernement, Michel Mercier, nouveau ministre de l’espace rural et de l’aménagement du territoire, citant les dispositions du Traité de Lisbonne – restant à ratifier par l’Irlande – prévoyant un dialogue régulier de l’Union européenne avec les Églises et les organisations religieuses.

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Jean-Arnold de Clermont, président sortant de la KEK, a bien évidemment salué ce « développement du dialogue des religions comme partie intégrante du dialogue des cultures ». Mais, a-t-il souligné, « nous devons bien reconnaître que nous ne sommes qu’aux balbutiements et que l’apprentissage de langages communs, respectueux de nos diversités prendra encore un long temps ».

L'archevêque catholique romain de Lyon, le cardinal Philippe Barbarin, a appelé les délégués à s'efforcer de promouvoir l'unité des chrétiens, sur fond de défis économiques, culturels, politiques et interreligieux en Europe.

Le pasteur Jean-Arnold de Clermont

Agir en faveur des pauvres

Nonobstant, Jean-Arnold de Clermont a su profiter de ces interventions propices au dialogue entre politiques et religieux pour avancer quelques thèmes de réflexion de cette 13ème Assemblée, interpellant ainsi élus locaux et nationaux sur leurs responsabilités. Il faut, aux dires du président de la KEK, «partager la conviction évangélique du souci premier pour les pauvres : s’il est un devoir des gouvernants que les Églises ont vocation à leur rappeler, c’est bien celui de la solidarité à l’égard de ceux qui sont laissés sur le bord de la route par des sociétés désireuses d’excellence économique».

 En faveur des migrants

Insistant aussi sur la nécessité de promouvoir un véritable développement durable, solidaire des pays en voie de développement, et citant Jean Calvin, réformateur français dont on fête cette année le 500e anniversaire de la naissance cette année, il a critiqué les politiques actuelles des pays européens sur les questions de migrations. « Il faut dire l’importance que revêt à nos yeux de chrétiens notre souci de ceux et celles qui sont nos prochains, et qui ont sous la contrainte le plus souvent, celle de la force ou de la faim, choisi de quitter leur pays pour venir frapper à notre porte ».

Originaire de Sierra Leone, Victoria Kamondji, l'une des vice-présidents de la Fédération protestante de France, est également intervenue pendant le service d'ouverture. Elle a souligné que l'Europe était de plus en plus diversifiée et que cet état de fait se reflétait dans les Eglises. «Le dialogue s'installe progressivement d'une part entre Eglises traditionnelles et d'autre part d'une manière significative, entre Eglises traditionnelles et Eglises issues de l'immigration», fondées par des immigrants chrétiens en Europe, a déclaré Victoria Kamondji. «Alors que les frontières qui séparaient ces Eglises deviennent de plus en plus 'poreuses', nous remarquons parallèlement une multiplication d'efforts de part et d'autre, visant l'harmonisation et l'unité tout en respectant les diversités, les différences et les spécificités les unes des autres». 

L’Archevêque Anastasios

Etre les fers de lance de la résistance et de l’espérance

Le primat de l'Eglise orthodoxe d'Albanie, l'archevêque Anastasios, dans la prédication qu'il a dite aux délégués présents, a adressé un appel aux chrétiens, les invitant à être des fers de lance de la résistance à toutes les formes de violence et de racisme, et de la défense de la dignité des êtres humains. «Chrétiens, nous osons l’espérance. A une époque où, sur toute la planète, des millions de gens désespèrent sous le poids de la crise économique mondiale et sont accablés d’incertitude... Il y a de l'espérance lorsque nous résistons à toutes les formes de violence et de racisme, lorsque nous défendons la dignité de chaque personne», a affirmé l'archevêque Anastasios, qui a quitté la Grèce pour l'Albanie en 1992 pour reconstruire la vie de l'Eglise orthodoxe dans ce pays, après 46 années de communisme. «Il y a de l'espérance lorsque nous soulignons le devoir de solidarité désintéressée entre tous les humains et tous les peuples ; lorsque nous luttons pour le respect sincère de la création». 
Etre les promoteurs de l’unité

Toutefois, selon l'archevêque Anastasios, qui est vice-président de la KEK, les chrétiens ne pourront pas annoncer cette espérance de façon convaincante «en restant divisés entre nous ; ou en ne conservant que des relations formelles, conventionnelles, distantes». 
Tirer les leçons de l’histoire
L'archevêque a évoqué son arrivée en Albanie après deux décennies d'interdiction formelle de toute activité religieuse, qui ont vu la destruction d'un grand nombre d'églises. «Eglises, monastères, structures ecclésiales, tout était en ruines après 23 ans de persécution athée intégrale. D'un point de vue spirituel, c'était un désert, à vous décourager», s'est il souvenu. «La seule chose qui soutenait nos efforts de reconstitution de l'Eglise était une phrase incarnant toute notre certitude : en Christ, il y a de l'espérance ! Nous avons osé l'espérance». 

Le patriarche DanielLes Eglises européennes doivent accepter la pluralité religieuse, affirme le patriarche roumain

Né en 1951, le patriarche Daniel a obtenu son doctorat de la 

Faculté de théologie protestante de Strasbourg en 1979, après avoir étudié en Roumanie, en France et en Allemagne de l'Ouest. Il a par la suite passé huit années en tant que conférencier à l'Institut ocuménique de Bossey, près de Genève, avant de rentrer dans son pays d'origine, en 1988 et devenir en 2007 patriarche de l’Eglise orthodoxe.

Dans une allocution prononcée le 16 juillet lors de l'Assemblée de la Conférence des Eglises européennes (KEK), le chef de l'Eglise orthodoxe roumaine a mis en garde contre toute tentative de vouloir restaurer «une Europe chrétienne médiévale» en réaction à la progression de la pluralité religieuse. «Nous devrons nous habituer davantage au pluralisme religieux, au respect d'autrui, sans tomber dans un relativisme doctrinaire ou moral», a déclaré le patriarche Daniel, de l'Eglise orthodoxe roumaine. 
Gare à toute approche nostalgique
Dans son discours, Daniel a affirmé que des changements radicaux étaient intervenus sur la carte religieuse de l'Europe, en raison des migrations des peuples d'une région à une autre. 
«Dans ce contexte d'une grande complexité, qui constitue, certes, une permanente nouveauté et un défi pour les Eglises, nous ne pouvons pas être nostalgiques en essayant de restaurer une Europe chrétienne médiévale», a indiqué le leader orthodoxe, membre du Présidium de la KEK. 
«Puisqu'il s'agit d'une réalité nouvelle qui suppose de nouveaux défis, les Eglises doivent trouver ensemble des solutions nouvelles à des problèmes nouveaux», a dit Daniel, patriarche de l'Eglise roumaine. 
Ne pas négliger le spirituel
Par ailleurs, les efforts d'intégration européenne échoueront s'ils négligent la dimension spirituelle, a affirmé le patriarche, dont le pays, autrefois dirigé par les communistes, a adhéré à l'Union européenne en 2007. 
«L'intégration européenne considérée seulement du point de vue économique, juridique, financier ou stratégique et militaire n'est pas suffisante», selon lui. «Le facteur spirituel et notamment celui religieux, car la religion est la dimension la plus profonde de la spiritualité humaine, ne saurait donc être ignoré». 
En ce temps de crise spirituelle
Pour le patriarche Daniel, l'Europe traverse «une profonde crise spirituelle», marquée par une «tension entre tradition et modernité, une perte des valeurs chrétiennes traditionnelles, une douloureuse instabilité de la famille», ainsi que par des facteurs tels que l'agnosticisme, le sectarisme et le fondamentalisme religieux. 
Et d’effondrement économique
Par ailleurs, l'effondrement économique a révélé une profonde crise spirituelle de la cupidité, qui pourrait être convertie en une chance pour les Eglises en Europe occidentale et orientale. Cela implique de promouvoir un changement d'attitude vis-à-vis de «la relation entre spirituel et matériel, entre l'accumulation des richesses et le partage et la solidarité avec les pauvres», a affirmé le patriarche Daniel. 
«L'Evangile nous apprend que Jésus Christ a une préférence pour les pauvres, pour les souffrants, pour ceux qui ne peuvent se débrouiller tout seuls», a-t-il déclaré. 
Les leçons de l’histoire
Le patriarche Daniel a rappelé que l'Assemblée de la KEK à Lyon marquait le 50e anniversaire du rassemblement d'Eglises européen, qui a été fondé en 1959, au paroxysme de la guerre froide en tant que pont entre les Eglises de l'Europe de l'Ouest et celles des pays communistes d'Europe de l'Est. 
«A une époque où les hommes de ce continent vivaient divisés en blocs idéologiques et militaires antagonistes et hostiles», la KEK était guidée par l'espérance d'un monde plus équitable et pacifique, inspirée par la foi en Dieu, a souligné le patriarche roumain.

L'Eglise orthodoxe russe absente de l'Assemblée de la KEK à Lyon

Les dirigeants de la Conférence des Eglises européennes (KEK) affirment chercher des solutions au différend qui a amené l'Eglise orthodoxe russe à ne pas participer à l'Assemblée de l'organisation, à Lyon. «Nous ne sommes pas en train d'assister à une scission fondamentale au sein de la KEK, mais à un désengagement temporaire de la représentation», a déclaré à la presse, le 16 juillet, le vice-président de l'Assemblée, l'évêque Irinej, de l'Eglise orthodoxe serbe. «Nous maintenons le dialogue avec l'Eglise orthodoxe russe. Il n'a pas été suspendu». Il a affirmé que la KEK avait été invitée à envoyer une délégation à Moscou pour tenter de sortir de l'impasse. Le différend porte sur le refus du rassemblement d'Eglises d'admettre en son sein une Eglise orthodoxe liée au Patriarcat de Moscou. C'est la première fois depuis la fondation de la KEK, en 1959, que l'Eglise russe n'est pas représentée à une Assemblée, événement organisé tous les six ans. La KEK a été formée en tant que pont entre les Eglises de l'Europe de l'Ouest et celles des pays communistes d'Europe de l'Est. 
Alexis II, l'ancien patriarche de Moscou, qui est décédé en décembre 2008, était un important responsable de la KEK, y débutant en 1964 en tant que membre du Présidium, puis occupant la fonction de président de 1987 à 1992. L'Eglise russe avait annoncé en octobre 2008 qu'elle suspendait son adhésion à la KEK. Un responsable du Patriarcat de Moscou avait alors déclaré que cette décision était due au fait que la KEK n'avait pas admis en tant que membre l'Eglise orthodoxe d'Estonie liée au Patriarcat de Moscou. L'année précédente, l'organisation rassemblant 120 Eglises principalement anglicanes, protestantes et orthodoxes, avait admis l'Eglise orthodoxe apostolique d'Estonie, qui est en communion avec le Patriarcat ocuménique de Constantinople, basé à Istanbul. Le Patriarcat de Moscou et le Patriarcat ocuménique se disputent depuis longtemps l'autorité sur les chrétiens orthodoxe d'Estonie. 
Selon le pasteur Jean-Arnold de Clermont, président de la KEK, le Patriarcat de Moscou a indiqué être certain «qu'il va, dans les mois à venir, trouver un arrangement pour mettre un terme à sa suspension, et pour participer de nouveau entièrement à la vie de la KEK».
Le chef de la délégation du Patriarcat oecuménique à l'Assemblée de Lyon, le métropolite Michael d'Autriche, a proposé que trois sièges du Comité central de la KEK - principal organe directeur de l'organisation - soient réservés au Patriarcat de Moscou. Selon cette proposition, ces trois sièges seraient temporairement occupés par des représentants d'autres Eglises orthodoxes.

La KEK discute une résolution sur « les droits minimaux des communautés religieuses »

La Conférence des Églises européennes (KEK) n’a cependant à ce jour jamais adopté de texte-cadre clair à ce sujet qui permettrait à chaque Église membre de défendre ses droits face aux administrations de son pays ou face à d’autres Églises. 

Reprenant les dispositions de la Convention européenne des Droits de l’Homme, en élargissant la notion de droit religieux des personnes aux communautés, le texte présenté en atelier lors de la 13e Assemblée de la KEK, le 16 juillet, devait constituer une base de discussion en vue d’un texte qui puisse être adopté par la KEK et ses Églises membres. Ce projet de texte était le fruit d’une consultation menée à Vienne – en 2002 déjà – par le Groupe de travail sur les droits de l’homme et la liberté religieuse de la Commission Église et Société de la KEK. Cette consultation avait examiné l’une après l’autre la situation de la liberté religieuse dans plusieurs pays d’Europe, dont la France, détaillant en particulier les relations entre Églises et communautés religieuses d’une part et l’État d’autre part, et par ailleurs les relations entre Églises et communautés religieuses elles-mêmes.

Le texte discuté lors de cet atelier reprend six thèmes principaux :
- le droit pour les communautés de se constituer elles-mêmes en entités légales,
- le droit pour une communauté d’exercer librement sa religion,
- la limitation des contrôles de la part de l’État et des autres sociétés religieuses,
- la suppression des discriminations fiscales et dans l’attribution de permis de construction,
- les minimums légaux concernant les employés et les membres d’une communauté religieuse,
- la garantie des droits par des cours de justice indépendante.

La discussion qui s’est engagée entre les participants de cet atelier a souligné les points qui jusqu’à présent rendent difficile l’adoption d’une telle résolution par l’ensemble des Églises de la KEK. Ont entre autres été abordé la question de la reconnaissance des nouveaux mouvements religieux a égalité des Églises historiques (par exemple, la Scientologie), les rapports parfois difficiles entre Églises majoritaires et Églises minoritaires dans certains pays marqués par la culture de l’Église majoritaire, les relations entre Églises chrétiennes et communautés musulmanes.

La Commission Église et Société va cependant désormais proposer ce texte à discussion dans les Églises membres dans l’espoir d’une adoption proche au sein de la KEK.

« Le vrai cadeau c’est celui de notre présence les uns aux autres »


La Conférence des Églises européennes (KEK) célébrait le dimanche 20 juillet le 50ème anniversaire de sa création. Sous la conduite des pasteurs de l’Église réformée de France Anne Faisandier et Andrew Buckler (lui-même ancien prêtre de l’Église anglicane en Grande-Bretagne), les 800 personnes présentes à Lyon pour cette 13e Assemblée ont été invitées à un voyage à travers les cinq décennies de cette organisation rassemblant protestants, anglicans, orthodoxes et vieux-catholiques du continent tout entier.

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Introduite de manière festive par un diaporama et un sketch de 

la compagnie lyonnaise de clown Rousse et Robinson, chaque décennie a été évoquée par un témoin particulier, assez loin des évocations trop institutionnelles et officielles de l’histoire de l’organisation. Ainsi, Marjolaine Chevallier, professeur de théologie et membre de l’Église réformée de France, élue au Comité central de la KEK à l’Assemblée générale de Crête en 1979, a-t-elle évoquée avec beaucoup d’humour les difficultés pour les femmes à entrer progressivement dans une institution encore très masculine jusqu’aux années 1970. Troisième femme à siéger dans l’organe directeur de la Conférence, elle a ainsi fait mention de l’évêque siégeant à ses côtés en Crête, « et peu rompu au fonctionnement synodal ; il n’acceptait pas que ma voix puisse valoir autant que la sienne en cette assemblée : celle de mon bulletin de vote ! »

L’évocateur voyage en bateau proposé par Rousse et Robinson faisait état, décennie après décennie, de ces petites difficultés, mais aussi des divisions parfois plus profondes, et aussi des espoirs et avancées, du mouvement œcuménique en Europe. Ainsi, la pasteure allemande Antje Heider-Rottwilm a-t-elle parlé avec émotion de la décennie 1989-1999, ouverte avec le 1er Rassemblement œcuménique européen de Bâle, intitulé Justice, Paix, Sauvegarde de la Création. Ce rassemblement, le premier depuis le schisme de 1054 à rassembler toutes les Églises orientales et occidentales, marquait l’espoir que les murs de division en Europe tombent enfin… six mois plus tard, le Mur de Berlin s’effondrait, ouvrant une période de grande incertitude au sein de la KEK, mais aussi de formidables espoirs.

Avant de laisser la parole au Patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée Ierinvitant à un élargissement de la base de dialogue entre Église européenne, et de finir la soirée en beauté avec la dernière création de la troupe théâtrale Sketch’Up – Airport Chapel – le président sortant de la KEK, Jean-Arnold de Clermont a souhaité remercier les délégués présents, rappelant que dans le mouvement œcuménique « le vrai cadeau c’est celui de notre présence les uns aux autres ».

Élections du nouveau Comité central

Au cours de la dernière journée de la 13ème Assemblée de la Conférence des Églises européennes (KEK), les 300 délégués représentant les Églises membres ont procédé à l’élection du nouveau Comité central qui conduira la destinée de l’organisation au cours du prochain mandat de six ans.

Au terme de quatre séances plénières destinées à préciser la composition de la liste soumise au vote de l’Assemblée, les délégués ont finalement élu les 40 membres proposés par le Comité des candidatures. Au sein de ce nouveau Comité central, si la parité hommes-femmes est bien respectée – au nombre de 17, les femmes représentent donc plus que les 40% souhaités par les textes de la KEK – les équilibres n’ont pas encore été atteints en ce qui concerne la représentation des laïcs et des jeunes.

Les débats ont été longs au sein de l’Assemblée au sujet de ces équilibres, évoquant aussi les difficultés pour certaines délégations d’Église de pouvoir revenir sur des candidatures débattues et décidées en amont de l’ouverture de l’Assemblée.

Au nombre de 12, les délégués laïcs de leur Église ne représentent que 30% de la composition du Comité central, 10% de moins que ce qui est souhaité par la KEK. La situation est encore moins bonne concernant la représentation des jeunes qui ne sont que 6, soit 15%, en dessous des 20% requis.

Il est en revanche tout à fait notable que pour la première fois de son histoire, la KEK accueille au sein de son comité directeur deux délégués représentant des Églises issues de l’immigration. Adejare Oyewole, du Conseil des Églises africaines et caribéennes en Grande-Bretagne et Edouard Kanza Kibongui, de l’Union Baptiste en Italie, ont en effet tous deux été élus à la très large majorité des votes exprimés (256 votes pour, 29 contre) avec les 38 autres membres.

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Si les français regretteront sans doute la figure de Jean-Arnold de Clermont, pasteur de l’Église réformée de France et président sortant de ce Comité central – qui ne se représentait pas à ses fonctions – ils seront sans doute aussi heureux d’apprendre l’élection de Claire Sixt-Gateuille au Comitécentral. Cette dernière, pasteure de l’Église réformée de France à Tarbes, âgée de 29 ans, est la lauréate du concours d’essai théologique que la KEK avait organisée en prévision de cette 13ème Assemblée auprès des jeunes de moins de 30 ans. Son essai, intitulé « La vocation de l’espérance », avait été présenté aux délégués jeudi 16 et avait reçu un accueil enthousiaste.

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Revue de presse

La Croix

La Conférence des Eglises européennes tend la main aux catholiques

La KEK, qui fête son cinquantenaire, a engagé à Lyon une réforme de ses structures

Pour son 50e anniversaire, la Conférence des Églises européennes (KEK) se donne des projets ambitieux. Hier, lors de la célébration festive du cinquantenaire, le patriarche Bartholomeos Ier de Constantinople devait ainsi inviter les catholiques à rejoindre cette réunion de 32 Églises réunissant protestants, orthodoxes, anglicans et vieux-catholiques du continent. Le patriarche œcuménique a proposé de mettre en place « un mode de coopération mieux organisé et structuré » entre la KEK et le Conseil des conférences épiscopales d’Europe (CCEE). ...

« ... Le témoignage des Églises est attendu », a souligné le président sortant Jean-Arnold de Clermont. « Cinquante ans après la création de la KEK, la diversité des populations en Europe est devenue un défi décisif », confirme Cordelia Kopsch, déléguée allemande. Pour elle, avec sa pluralité interne, la KEK a « un charisme considérable pour accepter cette diversité et la faire vivre ». L’intégralité de l’article d’Elodie Maurot sous

19 juillet 2009

La Croix

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Réforme

Le dossier

Sommet chrétien

Bernadette Sauvaget

La Conférence des Églises européennes se réunit 
à Lyon du 15 au 21 juillet. 
À quoi sert aujourd’hui cette institution ? 
Quels sont ses défis ?

......

À quoi sert la KEK ? Depuis sa fondation en 1959, l’instance œcuménique s’est inscrite dans l’histoire de l’Europe et de la construction européenne. Sa naissance est le fruit à la fois du développement de l’œcuménisme et des circonstances politiques, la division de l’Europe entre l’Est et l’Ouest. « L’adage de l’époque était que les frontières des hommes ne pouvaient monter jusqu’au ciel », raconte Jean-Arnold de Clermont, président de la KEK depuis 2003. « La KEK tout comme le Conseil œcuménique des Églises ont permis aux chrétiens de l’Est de ne pas se laisser enfermer par leurs régimes », poursuit-il. À l’une et l’autre siégaient les Églises de l’Est, isolées et persécutées. Cette mission de réconciliation et de paix a animé très fortement les trente premières années d’existence de la KEK qui a beaucoup bataillé, au cours des années 70, sur le terrain de la liberté religieuse.

Un pont entre l’Est et l’Ouest

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L’assemblée générale qui se tient à Lyon va définir les priorités de la KEK pour la décennie à venir. Une feuille de route qui sera fortement marquée par un engagement sur le terrain de l’éthique socio-économique : solidarité avec les migrants, lutte contre la pauvreté, développement durable, sauvegarde de la création. Jean-Arnold de Clermont plaide pour une « parole publique rappelant les valeurs fondamentales sur lesquelles sont construites les valeurs européennes »...

La construction européenne, pour les pays ou pour les Églises, est un long chemin. L’œcuménisme, à l’aune des défis posés à la KEK, n’est plus seulement affaire de théologie. 

Pour suivre les travaux :

https://assembly.ceceurope.org

Président de la Kek depuis 2003, Jean-Arnold de Clermont termine son mandat au cours de la 13e  assemblée générale. Cette dernière va élire son nouveau comité central qui se dotera d’un président à l’automne prochain. La présidence devrait revenir cette fois-ci à un orthodoxe.

L’intégralité de l’article sous

Réforme n°3329 du 16 Juillet 2009

KEK/CEC/ENI/Réforme/La Croix