Etats Unis, Nashville, Tenn.: les enfants, les pauvres doivent être les priorités absolues de l'Eglise, déclaration d'un évêque

L'Eglise doit reprendre à son compte les priorités que le Christ avait retenus il y a fort longtemps: les enfants et les pauvres, déclare un évêque évangélique méthodiste.


"S'il est une priorité pour Dieu selon la Bible, c'est l'orphelin, la veuve, le pauvre," a dit l'Évêque Donald Ott, coordonnateur de l'Initiative du Conseil des Évêques évangéliques méthodistes en faveur des Enfants et de la Pauvreté.


Ott a lancé un défi aux 1,100 personnes engagées au sein de l'Eglise dans un travail avec les enfants: "revoyez en profondeur les priorités de la dénomination". Il a prêché lors d'un service d'adoration le 29 juillet au début de la Conférence "Focus 2001: entendez la prière des enfants," patronnée par l'"United Methodist Board of Discipleship" (la commission évangélique méthodiste chargée de la formation). La réunion, qui s'est achevée le 1er août, a attiré du monde à Nashville de partout, de tous les Etats Unis, mais aussi de l'étranger, y compris du Congo, de la Lettonie, du Canada, du Salvador, du Malawi, du Kenya et de la Lithuanie.


Les participants ont célébré la présence des enfants, tout en se confrontant aussi à la dure réalité que rencontrent les jeunes de par le monde, au point de les faire souffrir , comme la pauvreté, la guerre, la négligence, l'exploitation.


Aux Etats-Unis, 32 millions d'enfants sont exclus des soins médicaux, a souligné Ott. Au sud de l'Asie, des enfants fabriquent dans des ateliers textiles des carpettes que "vous et moi nous piétinons." ....


Ott a reconnu le défi auquel devront faire face les responsables du travail parmi les enfants réunis pour la rencontre Focus ' 01. "Les parents, les grands-parents et les leaders d'Eglise veulent que vous meniez les gosses au salut, mais ils ne veulent pas toujours que vous leur racontiez l'histoire dans son entier," a-t-il dit. "Vous qui vous souciez des gosses, de tous les gosses de Dieu, vous êtes devant un énorme dilemme: concilier la foi avec la parole de Dieu! Mais comment? Enseignez-vous toujours qu'il ne peut pas y avoir de paix dans le monde à moins d'un renouveau complet? A défaut d'énoncer cette vérité, votre enseignement est défaillant."


Le Conseil des Évêques a adopté un nouveau document insistant sur la nécessité pour tous les enfants et les pauvres d'être au coeur de la vie de la communauté de l'Eglise. "Vos évêques ont dit 'oui' à un objectif primordial audacieux, qui consiste à réorganiser l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) en réponse à Dieu qui est du côté ' des derniers' et à tout évaluer en fonction de l'impact que notre action peut avoir sur les enfants et les pauvres," a-t-il dit.


Il a donné trois directives aux responsables du travail parmi les enfants. D'abord, il a dit, qu'il fallait "être au clair sur vos convictions - vous devez refléter la totalité du message de Dieu." Il a dit en second lieu qu'il fallait se concentrer sur les enfants et le pauvre. "Le renouveau (en anglais: reorder) est la condition préalable du nouveau ciel et de la nouvelle terre. Dieu ne s'entendra pas avec nous, si nous négligeons le sort des gosses et du pauvre."


En troisième lieu, "prévoyez, imaginez et élaborez des alternatives." Il a cité les propos du théologien Walter Brueggemann: "les jeunes ont besoin de quelqu'un qui est 'fou' d'eux." "Il veut, vos évêques veulent que vous plaidiez inconditionnellement la cause des gosses," a dit Ott. "Nous devons faire des disciples - c'est-à-dire faire en sorte que nos enfants soient capables de 'prévoir, d'imaginer et d'élaborer des alternatives' dans leur vie."


Ott a bâti son sermon à partir de paroles du prophète Zacharie, devenues la ligne thématique de l'événement Focus 2001: "et les rues de la ville seront pleines de garçons et des filles jouant dans ses rues."


"Nos enfants prient," a-t-il dit. "Nos enfants voient beaucoup de styles de vie et de choix de vie différents. Ils observent la marche du monde. Il n'y a pas de quoi les satisfaire." Mais Dieu offre une histoire différente par le biais de Zacharie, fait-il remarquer. L'image d'enfants remplissant les rues diffère sensiblement de l'image de gosses allant se cacher sous des lits pour éviter des balles, a-t-il ajouté.


Dans un interview, Ott a dit sa crainte que la mission donnée par Dieu à l'Eglise de se soucier des plus petits et des perdus ne prenne une position secondaire par rapport à d'autres projets. L'Eglise, dit-il, est préoccupée d'elle-même comme si elle était en réalité opposée à ceux-là même qu'elle est censée atteindre, pense-t-il. Les leaders ont tendance à faire attention à ce qui est dans leur plat plutôt qu'à ce que Dieu met dans leur plat.


Le pasteur Paul McCleary, président de ForCHILDREN Inc., une agence internationale de développement, a annoncé que les enfants du monde entier ont connu "des changements étonnants" au cours des quatre dernières décennies. Il a cité comme exemple la création de l'UNICEF, l'adoption par l'ONU de la Convention des Droits de l'Enfant et la convocation du Sommet Mondial des Enfants en 1990.


Le mois prochain, les Nations unies tiendront une session spéciale; elles se concentreront sur le chemin parcouru et à encore parcourir pour atteindre les objectifs fixés lors de ce sommet, parmi lesquels la réduction de la mortalité infantile, la réduction du nombre de décès de mères en voie d'accouchement et le développement de l'éducation. "Généralement parlant, les buts du Sommet Mondial des Enfants n'ont pas été atteints," a dit McCleary. Cependant, il a ajouté que les efforts ont été si importants que les conditions de vie des enfants sont devenues meilleures.


Sur les 6.2 milliards de personnes en vie dans le monde aujourd'hui, 1.2 milliards - dont 600 millions d'enfants - vivent avec moins de 1 $ par jour, a-t-il dit. Dix millions d'enfants meurent annuellement pour des maladies pourtant curables; 150 millions sont sous-alimentés au point d'affecter leur santé une fois devenus adultes; et 100 millions ne sont pas scolarisés. 


Autre statistique: sur les 83 millions enfants nés chaque année, tous -à l'exception d'1 million- vivent dans des pays en voie de développement, relève-t-il. "Cette croissance a des conséquences énormes sur les ressources mondiales et les conditions dans lesquelles les enfants sont élevés."


En notant qu'en envoyant son propre fils dans le monde, Dieu intervenait en personne dans le monde, McCleary a dit aux participants de Focus 2001 qu'ils pourraient faire la différence en allant dans les pays en voie de développement. 


Les ateliers ont abordé toute une série de questions. Un des ateliers s'est concentré sur le racisme , un souci majeur dans l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM). Principal obstacle à une discussion honnête sur le thème du racisme, l'attitude de la majorité des blancs blancs estimant ne pas être affecté par ce problème, a fait remarquer Naomi Tutu, Sud-Africaine - coordinatrice du programme des Relations inter-raciales à l'Institut à l'Université Fisk à Nashville. "Nous n'allons pas en guérir avant que nous ne soyons honnêtes sur ce point."


Plusieurs participants ont appelé l'Eglise à la responsabilité par rapport à son propre racisme et à veiller à ce que l'on ne file pas le racisme aux enfants. "Nous ne voulons pas continuer à générer une bande de racistes ... ou des gens qui veulent continuer à vivre avec leur privilège de blancs," a dit Emonia Barnett, de Kansas-City, Mo., après l'atelier. Elle a cité comme un exemple de racisme le culte distinct pour blancs ou noirs .


Le racisme, avec le sexisme et les réactions de classe, pourraient être abordés dans l'Initiative des Évêques en faveur des Enfants et de la Pauvreté, a dit le Cheryl Walker, de Lake Junaluska, N.C.


Durant un autre atelier, un membre de la commission de formation Craig Miller a dit que la jeunesse connaîtrait incessamment sous peu un 'boom' aux Etats-Unis, sous la poussée de la génération millénaire - les jeunes nés entre 1981 et 1999. "En 2006, se produirait un nouveau 'boom' parmi la jeunesse, plus important que le 'boom' des années 60 et des années 70," a-t-il dit, définissant "le jeune " par son âge, entre 7 et 24 ans.


"Quand la jeunesse est en plein boom ... une génération trouve sa voix et commence à influencer le reste de la culture," a dit Miller. "Il est donc très important pour l'Eglise d'être active auprès des enfants et des jeunes aujourd'hui, si nous voulons être une partie de leurs vies, quand surviendra le grand 'boom'."


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*L'auteur de l'article,Tanton, est rédacteur de l'Agence de Presse de l'Eglise Evangélique Méthodiste.


03 août 2001

Source: Service de presse évangélique méthodiste (UMNS)