Le juge a prononcé un non-lieu en faveur des deux hommes arrêtés durant le mois du jeûne musulman.
Les deux ouvriers chrétiens de l’église évangélique méthodiste de Laarba interpellés durant le ramadan dans l’est de l’Algérie pour non-respect du jeûne et jugés pour «atteinte à un précepte de l’islam», ont été relaxés mardi 5 octobre. Ils avaient été arrêtés sur un chantier par la police le 13 août dernier, alors qu’ils venaient de finir de manger dans un lieu discret.
Selon la BBC, et d’après la traduction des propos en arabe du magistrat, un juge du tribunal de l’endroit a prononcé un non-lieu, car «aucun article ne prévoit de poursuites» dans le cas de non-respect du jeûne durant le ramadan.
Le juge a suivi l'argument de la défense qui avait plaidé la relaxe lors de la comparution libre le 21 septembre de Hocine Hocini, 44 ans, et Salem Fellak, 34 ans.
"Je suis heureux du verdict", a déclaré M. Hocini à l'AFP. "Dès le premier jour du procès, j'avais demandé que justice soit faite. Justice a été faite", a ajouté cet ouvrier journalier qui a indiqué vouloir se consacrer désormais plus sereinement à sa petite fille et sa famille tout en continuant à militer pour une plus grande liberté religieuse.
Dans un entretien téléphonique avec l'AFP, le pasteur Mustapha Krim, président de l'Eglise protestante en Algérie, s’est également déclaré "heureux", précisant qu'il s'agissait d'une "étape", une "bonne étape". Il a l’intention de continuer son combat pour une liberté religieuse effective : "Nous allons continuer à exercer des pressions pour défendre les libertés religieuses" en Algérie.
De son côté, le collectif «SOS-Libertés», formé d'intellectuels et universitaires, a déclaré dans un communiqué «prendre acte de ce verdict qui rétablit dans leurs droits les deux victimes de l'arbitraire» et salue «la mobilisation citoyenne qui l'a rendu possible». Au micro de RFI, un membre de ce collectif explique que « cette relaxe est la simple reconnaissance de la liberté de culte. C'est l'interpellation et l'inculpation de ces deux chrétiens qui sont inacceptables ».
La mobilisation d’une dizaine de parlementaires avec à leur tête José Bové dénonçant une accusation qualifiée «d’inique» n’est certainement pas étrangère à la relaxe de ces deux hommes.
Le 10 octobre devait se tenir le procès de quatre chrétiens à Larbâa-Nath-Irathen, également en Kabylie, pour création d'un lieu de culte sans autorisation. Mahmoud Yahou aurait tenu des cultes dans son appartement avec d’autres croyants. Mustapha Krim, président de l'Eglise Protestante d'Algérie rejette cette accusation. « Nous agissons dans le cadre de la loi » a-t-il déclaré aux médias algériens. « Nous sommes des citoyens algériens et demandons à être traités sur un pied d'égalité avec les citoyens algériens musulmans devant la loi. »
Nous apprenons de source sûre que le procès est renvoyé au 28 novembre.
D’autre part, le préfet de la région Kabylie guère favorable aux chrétiens a été muté. Un autre préfet vient d’entrer en fonction et le président de l’Eglise protestante algérienne lui a demandé un rendez-vous pour défendre la cause de toutes les églises de la Kabylie.
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