CPDH: sortie d'un documentaire "l'heureux naufrage"


L’Heureux Naufrage :

Après l’effondrement de l’Institution religieuse, celle des grandes utopies politiques, et la désillusion, plus récente, du libéralisme économique : les québécois et québécoises font face à une perte de sens, un vide profond. Nous sommes plus prospères que jamais, plus libres que jamais de créer notre vie, mais quelque chose nous manque. Tout le monde le sent.

L’Heureux Naufrage est un film documentaire profond et humain sur le sens de la vie et nos valeurs. À travers le regard de plus d’une trentaine de personnalités publiques, québécoises et françaises, il aborde des questions essentielles, jamais explorées de cette manière chez nous. Denys Arcand, Éric-Emmanuel Schmitt, Denise Bombardier, Pierre Maisonneuve, et bien d’autres, y livrent leurs réflexions très personnelles, sur le vide qui les habite, la quête de sens, la spiritualité, Dieu.

Après avoir renoncé à toute forme de foi, ce pourrait-il, comme le pense Stéphane Laporte, que nous assistions en ce moment, au Québec, à un « retour vers les choses fondamentales », un « renouveau spirituel » ? Ou bien, comme le suggère Alain Crevier, que nous soyons « en train de se réapproprier le mot foi » ? 
Face au futile et au frivole d’un monde utilitariste, face à l’instantanéité, au prêt-à-porter, le film interroge les fondements de nos valeurs et de nos croyances. Il met des mots autour de grandes questions qui nous habitent tous et propose de faire la paix avec notre héritage religieux. Un film inspirant et touchant, construit au fil des rencontres, dans lequel s’entrecroisent des visions et des pistes de réponses sur le vide spirituel de notre société postmoderne.

Démarche de Guillaume Tremblay

« Je peux me réveiller à Montréal et m’endormir à Hawaï, créer des liens avec des personnes à travers la planète, manger du poisson frais de l’océan Indien, découvrir la vie de mes ancêtres du Neandertal, admirer le côté sombre de la lune… Et puis, après? Comme tant d’autres, je me distancie de plus en plus de cette société d’abondance, de prêt-à-porter et d’instantanéité.  Autour de moi je constate un vide profond, derrière les apparences du bonheur et de l’amour. Malgré toutes mes possibilités et ma grande liberté, quelque chose me manque. Je le sens et BEAUCOUP de gens de ma génération - j’ai 32 ans - vivent la même chose. » —  Guillaume Tremblay

Avec L’Heureux Naufrage, le cinéaste approfondit ses réflexions. Il s’interroge sur le fond spirituel qui semble subsister à la religion, dans nos sociétés post-chrétiennes. Un peu à la manière d’un anthropologue, Guillaume cherche, sous les décombres du catholicisme, ce qu’il y aurait d’enfouit, de beau et de grand, qui nous aiderait à vivre en tant qu’individu, mais aussi en tant que société.

En rejetant la religion catholique, longtemps si importante au Québec, notre société a du même coup évacué toute question spirituelle. Nous avons quitté le navire pour construire de nouvelles bases ; une révolution tranquille que nous avons faite ensemble, mais ne serions-nous partis à la dérive, vers un heureux naufrage ?

Dans son village natal au Lac-St-Jean, Guillaume se rappelle partir avec sa classe de primaire pour aller se confesser à l’église… Très jeune, il a appris à détester les églises et la religion. Il a nié toute forme de spiritualité et ce faisant,  il a aussi perdu de vue le sens de la vie. Son cheminement l’a amené à faire la différence entre institution religieuse et foi. Aujourd’hui, il croit qu’il a la foi, même si elle est loin d’être portée par un dogme, des rituels, un manuel d’instruction. Si les jeunes de son âge ne veulent pas en parler, Guillaume est convaincu que c’est essentiel.

Sa quête de sens a trouvé des échos à travers la voix de ces artistes et intellectuels qu’il admire. Émond, Arcand, Comte-Sponville, Schmitt, Guillebaud, qu’ils soient athées ou croyants, tous ceux qui ont participé au film expriment le même besoin d’absolu qui a poussé Guillaume à le réaliser.