France, projet de loi sur l’immigration: mobilisation massive de 50 associations chrétiennes

Dénonçant la "perspective utilitariste" du projet de loi, les associations chrétiennes appellent à "ne pas transiger avec le droit de l'étranger".


Près de cinquante organisations chrétiennes ont lancé, lundi 24 avril, un appel (http://www.cimade.org/downloads/Argumentaire%20bon.pdf (format PDF) à l'opinion concernant le projet de loi de Nicolas Sarkozy sur l'immigration pour "ne pas transiger avec le droit de l'étranger".


"Nous aimerions que des hommes d'Etat responsables nous expliquent qu'avant d'être hexagonal, le problème de l'immigration est d'abord international", a déclaré Jean-Pierre Richer, président du Secours Catholique au cours d'une conférence de presse tenue avec la Cimade, le CCFD (Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement) et le Service National de la Pastorale des Migrants.


"Il ne s'agit pas d'établir des barrières avec des portillons tout juste entrebâillés et seulement par utilitarisme", a ajouté Jean-Pierre Richer à propos du projet de loi sur l'immigration qui doit être débattu à partir du 2 mai à l'Assemblée Nationale. "Combien de temps, faute d'un dialogue multilatéral, ces murailles tiendront-elles à la porte des riches?", s'est-il demandé.


"Perspective utilitariste"


Dans leur appel, les organisations chrétiennes dénoncent "la perspective utilitariste" dans laquelle s'inscrit, selon elles, la réforme prônée par le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy.


"En privilégiant une immigration 'choisie' vis-à-vis d'une immigration dite 'subie' contre laquelle il faudrait lutter", indique l'appel, "se profile un recul des droits liés au respect de la vie familiale et à l'accueil des demandeurs d'asile".


Pour certaines associations comme la Cimade, membres du Collectif Uni(e)s contre une immigration jetable, "il est du devoir des chrétiens de rappeler que l'homme doit toujours être au coeur de nos choix et la loi toujours viser à protéger les plus faibles".


Dispositions uniquement "restrictives"


Le président de la Cimade, Patrick Peugeot, a indiqué que "toutes les dispositions du projet sont restrictives", plusieurs d'entre elles constituant de "graves retours en arrière".


Comme "le droit de vivre en famille" qui va être réduit, cite-t-il dénonçant également la suppression de l'automaticité du droit de séjour après dix ans passés en France.


Joël Thomas, président du CCFD, a, pour sa part, dénoncé "un recul considérable des droits fondamentaux" de la personne à travers le projet de Nicolas Sarkozy.


José Da Silva, directeur du service national de la Pastorale des Migrants, a souligné "la désespérance" des 200 à 400.000 personnes dépourvues de papiers en France, affirmant qu'il "faut absolument prendre en compte la réalité des sans-papiers qui ne pourront pas repartir et resteront clandestins".


02/050/06

Source: Nouvel Observateur