Des voix protestantes autrichiennes viennent de réagir à la formation de la coalition de droite / extrême-droite: elles ont formulé à ce sujet leurs soucis et exercé une critique sévère. Les Evêques régionaux (surintendants) de l'Eglise protestante et deux Evêques 'libristes' ont laissé entendre dans une déclaration que l'"isolation de l'Autriche par rapport à l'étranger et le clivage croissant de la population en Autriche même justifie notre souci actuel". L'Eglise en tant que telle ne devrait pas rester silencieuse dès lors que la politique en cause suscite la peur et fait reculer la solidarité dans la société. "Aussi nous engagerons-nous en toute modestie contre le racisme et la xénophobie, contre le démantèlement social renforcé massivement et contre toute forme d'antisémitisme. Nous élèverons notre voix dès lors que la politique met en cause sa responsabilité en matière de dignité humaine et de droits de l'homme ", ainsi s'expriment les représentants des Eglises. Ils appellent tous les responsables politiques à être 'fairplay' et à un langage qui "prend en compte les règles du jeu d'une société civilisée".
Cette déclaration est signée entre autres par la surintendante Gertraud Knoll (Eisenstadt), qui s'était portée candidate en 1998 pour le poste de président d'Autriche, par l'Evêque de l'Eglise Vieux-Catholique, Bernhard Heitz, et le surintendant de l'Eglise Méthodiste, Helmut Nausner (tous les deux de Vienne). La direction de l'Eglise protestante en Autriche s'est exprimée avec la plus grande prudence. Le Conseil supérieur de l'Eglise s'est déclaré 'inquiet de ce qui peut se passer dans le pays', mais accepte "la formation d'un gouvernement légitimé démocratiquement". La direction de l'Eglise annonçait simultanément qu'elle élèverait sa voix comme par le passé, "si la dignité humaine et les droits de l'homme étaient bafoués". Le département diaconal a exercé une critique par rapport au programme d'intégration du nouveau gouvernement. D'après le dirigeant du service des réfugiés, Michael Bubik, le projet gouvernemental comprend "des côtés inhumains". Ainsi il n'est pas question des 70 % des demandeurs d'asile qui ne touchent aucune subside de l'Etat et qui se trouvent "jetés à la rue sans aucune perspective". Pour le professeur de Théologie réformé Ulrich Koertner (Vienne), la formation du nouveau gouvernement autrichien n'a rien d'une alternance démocratiquement légitime. Elle ébranle la république dans ses fondements moraux et spirituels, écrit-il dans l'hebdomadaire "Die Furche". Quand un parti se réclamant de valeurs chrétiennes conclut une coalition avec un parti, "dont le président a été condamné par le Parlement Européen en raison de ses déclarations xénophobes et racistes", alors prime "un régime d'exception spirituel et moral".
Le Comité du Conseil œcuménique des Eglises en Autriche (OeRKOe) -dont l'Eglise Evangélique Méthodiste fait partie- a de son côté mis en garde contre des décisions influencées par la xénophobie, en appelant à résister au "poison du racisme et de l'intolérance", ainsi qu'à la peur de l'étranger. Les Eglises autrichiennes, rappelant les valeurs de l'Evangile, plaident pour "une société juste, ouverte et humaine" et s'opposeront de façon décidée à toute accusation générale contre un groupe de population et à toute discrimination religieuse et raciale.
L'Action catholique autrichienne (KAOe) voit quant à elle des "signes menaçants" en matière de politique à l'égard des étrangers avec l'accession au pouvoir du gouvernement de coalition avec le FPOe. Selon l'Action catholique, conservateurs et extrême-droite se sont mis d'accord sur des quotas d'immigration, ce qui revient "de facto à une immigration zéro". Les militants catholiques craignent également un durcissement en matière d'asile et lancent un appel à la vigilance du côté des organisations de défense des droits de l'homme.
>Source: Idea Allemagne + APIC