Le Christianisme aujourd’hui et la Presse Réformée du Sud, deux organes de presse protestants, ont interrogé Claude Baty, président de la Fédération protestante de France.
Confession
Claude Baty est le président de la Fédération Protestante de France Dans quelles circonstances avez-vous découvert la foi chrétienne?
Je ne suis pas un très bon exemple d’évangélique converti, dans la mesure où mes parents, grands-parents arrières-grands-parents étaient chrétiens protestants.
J’ai grandi dans un milieu croyant, et d’une certaine manière, ils m’ont transmis la foi.
Avez-vous un texte biblique préféré?
Je n’ai pas de verset fétiche. Mon expérience de lecteur de la Bible est que, dans la mesure où l'on se donne la peine d’étudier le texte biblique, celui-ci dévoile des richesses insoupçonnées. C’est pour cela qu’il est possible de prêcher des dizaines d’années avec entrain pour essayer de faire partager ses propres découvertes.
A travers votre parcours pastoral libriste et à la tête de la FPF quel est la plus grande leçon que Dieu vous ait enseignée personnellement?
Pour le coup, je fais référence à un verset biblique que j'ai souvent cité (1Ti 4.10) : «Nous peinons parce que nous avons mis notre espérance dans le Dieu vivant». Cette expérience est celle de toute ma vie pastorale. L'Église n’est pas mon Église. La Fédération n’est pas mon affaire.
Le travail que je fais avec le plus de fidélité possible n'est pas ce qui décide de l'avenir, c’est Dieu qui est le maître. Je suis un serviteur, non pas inutile - il y a de la fausse humilité dans une déclaration comme cela - mais vraiment pas indispensable. Je me sens alors libre!
Les disparités intra-protestantes et les tensions qui traversent parfois le protestantisme n'ont-elles jamais remis en question votre conviction que les chrétiens constituent un seul corps avec à sa tête Jésus-Christ?
Non, vraiment pas. Si les misères des Églises devaient remettre en question ma foi en l’Église universelle, je devrais aussi douter du salut en voyant combien nous chrétiens avons l”air souvent si peu sauvés!
Face au paysage religieux français, qu'est-ce qui nourrit le plus votre espérance?
Dieu. C’est lui qui conduit l’Histoire. Je ne m’inquiète donc pas. En plus, j’ai le privilège de voir des choses très encourageantes actuellement.
Le protestantisme français connaît une embellie, mais nous devons être vigilants, car il demeure un risque récurrent: que des ambitions humaines déclenchent des orages inutiles.
Pour l'avenir du protestantisme français, quelle est votre prière?
Que Dieu nous préserve des serviteurs indispensables!
Propos recueillis par Christian WILLI (1)
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La fédération protestante: un réseau
La Fédération protestante de France (FPF) est une dame d'âge respectable! Mais la connaissez-vous bien? Entretien avec Claude Baty, l'actuel président de cette noble institution
Quelles sont vos responsabilités en tant que président?
J'ai deux responsabilités essentielles. Tout d'abord être le président d'un conseil, ce qui est avant tout un travail d'équipe, un signe de collégialité très important pour moi. Les réunions de bureau du conseil, mensuelles, permettent à chacun de prendre ses responsabilités pour une meilleure cohésion, dans le pluralisme de la Fédération que nous représentons.
De nouvelles demandes pointent aussi, en particulier d'autres fédérations d'Églises à l'étranger, qui attendent de notre part une légitimation, un soutien et un appui. Nous sommes en relation avec la Fédération protestante d'Haïti, avec le Congo, le Brésil, le Cameroun. Cette nouvelle approche permet d'aborder des questions internationales et de dessiner un réseau de solidarités. Je pense en particulier aux problèmes au Nord du Cameroun, dont de nombreuses églises sont détruites et ou règne la violence de groupes animistes. Comment relier ces situations pour être solidaires? Mais aussi comment accompagner de nouveaux pentecôtistes en France, issus du Cameroun par exemple avec quinze paroisses camerounaises à Paris? Mosaïc, le nouveau Service de la Fédération, en lien avec le Défap, sera en étroite collaboration avec elles.
Ma deuxième fonction est celle de la représentation de la FPF lors de célébrations officielles et auprès des pouvoirs publics.
Quels sont vos dossiers prioritaires?
La FPF est un réseau, les pôles régionaux sont des lieux privilégiés pour vivre une vie fédérative de proximité par des pastorales, des temps de formation... Cette dynamique est particulièrement suivie par le pasteur Yves Parrend, le secrétaire général.
La préparation du rassemblement protestant à Strasbourg est une priorité, parce que c'est une première nationale, et pour faire prendre conscience à tous les protestants de leur appartenance à une même famille. C'est aussi un témoignage et une parole adressée à la société civile, attestés par la présence du président de la République et du président du Sénat, Gérard Larcher, dès l'ouverture officielle du rassemblement.
L'année Calvin a été un succès par le nombre impressionnant de manifestations organisées, tant sur le plan local que régional. Elle est un signe que le protestantisme français a changé; il se recompose en permanence, il n'est plus dans une attitude purement défensive. La convivialité à Strasbourg sera au rendez-vous par de nombreuses animations avec des temps de prière et d'étude biblique quotidiens. L'ouverture se manifestera aussi par le village de la solidarité ou les protestants engagés témoigneront de leur militance. Aujourd'hui, nous avons trop de propositions d'animations pour permettre à chacune d'elles de s'exprimer durant les trois jours!
Nous sommes interpellés sur les grands dossiers d'actualité tels que le travail du dimanche, les états généraux de la bioéthique, les droits parentaux... Les pouvoirs publics apprécient notre contribution par le travail approfondi de ces dossiers plutôt que par de grandes déclarations.
Quelles sont les conséquences pour la FPF de la creation du Conseil national des Evangéliques français (CNEF) ?
Sa création est prévue en 2010, il est donc prématuré de parler de conséquences. La question qui se pose est de savoir s'il existe un label évangélique, sachant qu'une partie des Églises évangéliques participent déjà à la vie de la FPE Mon avis est que cette initiative arrive bien trop tard. Il y a quinze ans elle aurait pu avoir du sens! Toutes les sensibilités du protestantisme peuvent entrer dans la FPF, à condition de signer sa Charte. L'assemblée générale de 2010 sera très importante car elle permettra la mise à jour de nos statuts pour plus de clarté et de transparence.
Aujourd'hui, la Fédération se constitue de trois ensembles égaux: l'Union des Églises protestantes d'Alsace- Lorraine, les Églises luthérienne et réformée de France, et des Églises évangéliques et pentecôtistes. Il est important aussi de rééquilibrer les forces et les contributions des Œuvres et mouvements dans la vie de la Fédération et de recréer des réseaux pour faciliter leurs échanges. Nous prévoyons en septembre 2010 un colloque sur le protestantisme, animé par Sébastien Fath et Jean-Paul Willaime. Cet état des lieux permettra de pointer la recomposition du protestantisme au XXIe siècle et peut-être de lever le paradoxe d'un protestantisme respecté mais très souvent méconnu!
Propos recueillis par Daniel CASSOU (2)
(1) Christianisme aujourd’hui N°10 novembre 2009
(2) Presse réformée du Sud - octobre 2009