<28/08/2000 Etats Unis: une agence de l'Eglise concentre son attention sur le problème démographique

Selon Jane Hull Harvey, la croissance démographique est au cur de nombreux autres problèmes, dont la sous-alimentation et la famine, le réchauffement climatique et les catastrophes environnementales, voire même la guerre.

"Le réchauffement climatique a déjà causé tant de catastrophes environnementales que nous avons fini par recevoir le message: nous pouvons tous vivre ensemble ou nous pouvons tous mourir ensemble" a déclaré Mme Harvey, l'une des responsables du Comité Eglise et Société de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM). «Ce n'est pas par hasard que dans l'Ouest, nous avons les pires incendies de forêts en 50 ans.»

Mme Harvey a lancé récemment, dans le cadre du Comité Eglise et Société - qui est l'organe d'action sociale de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) - une étude d'une durée d'un an: le «Projet sur la Population Hugh Moore». La mise en oeuvre du projet coïncidera avec la fin d'une longue carrière au service de l'Eglise: engagée comme missionnaire en Corée en 1958, Mme Harvey travaille au Comité depuis 1981. 

Le projet a pour but "de former pour un engagement positif", en informant les Méthodistes et en les engageant dans des campagnes en faveur de politiques démographiques raisonnables.

La dégradation environnementale de notre fragile planète a été importante, a déclaré Mme Harvey. Les scientifiques et les historiens disent que "nous avons fait tant de choses négatives qu'il faudra 100 ans" pour en constater tous les effets, a-t-elle relevé. Les sécheresses et les inondations provoquent souvent l'exode de populations entières, ce qui peut conduire à des conflits armés, a-t-elle ajouté.

Elle a cité à ce propos les cyclones et les inondations dans l'Etat indien d'Orissa, qui ont fait quelque 10'000 morts en octobre dernier. En décembre, c'était des pluies et des inondations qui ont tué plus de 30'000 personnes. Les deux chiffres sont fournis par les Nations unies.

Des améliorations sont possibles, a dit Mme Harvey. Le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (Unicef) annonce des succès dans la lutte contre la mortalité infantile. La moyenne de 35'000 décès quotidiens dus à des causes évitables, enregistrée il y a quelques années, a baissé à 32'000. Ces chiffres comprennent aussi bien les décès dus directement à la famine et à des maladies liées à la sous-alimentation, que ceux liés à des guerres ayant pour objet les ressources en nourriture, en eau et en terres. 

Une visite en Inde, organisée l'an passé par l'Institut pour la population - un organisme indépendant, sans but lucratif, à vocation éducative, qui s'est développé il y a trois décennies à partir du Comité «Eglise et Société» - a renforcé son espoir. Sur place, elle a constaté des contrastes marqués entre l'Etat du Kerala, où le travail des enfants a pratiquement disparu et d'autres parties de l'Inde, où des enfants vivent, mendient et parfois meurent dans la rue. "Nous avons vu de nos propres yeux une petite fille mourir pendant que nous étions bloqués dans un embouteillage à la Nouvelle-Delhi. Elle était tellement fluette", a raconté Mme Harvey.

L'accent mis par le Kerala sur l'éducation dispensée à tous les enfants crée une réelle différence entre cet Etat et d'autres parties de l'Inde, a-t-elle déclaré. Bien qu'étant l'une des régions les plus pauvres de l'Inde, le Kerala avait fait de l'éducation des femmes et des filles une priorité dès avant 1956, date de la fondation de l'Etat. 

Des études ont montré que l'éducation des femmes et des filles est un facteur décisif, tant de la réduction de l'accroissement démographique, que de la croissance économique. Au Kerala, le taux de natalité est de 2,4 par famille - le plus faible de l'Inde. L'incidence de la mortalité infantile y est la plus basse et le taux d'alphabétisation le plus élevé. Ceci dans un pays dont, selon Mme Harvey, la population totale d'un milliard d'habitants comprend plus de pauvres que l'Afrique et l'Amérique latine réunies. 

Des grossesses trop fréquentes ou intervenant trop tôt ou trop tard dans la vie d'une femme ont des conséquences négatives pour la santé de la mère et des enfants, a noté Mme Harvey. Quelque 600'000 femmes meurent chaque année dans le monde pour des causes liées à la grossesse.

Elle a constaté qu'en dépit de ces problèmes, "nous, aux Etats-Unis, nous n'avons pas de politique démographique".

Par contre, l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) en a une, a-t-elle dit en se référant aux «Principes sociaux» et à diverses déclarations consignées dans le «Livre des résolutions» de l'Eglise. Une nouvelle édition de ce livre, revue et augmentée, sera publiée vers la fin de l'année. Elle contiendra en particulier les nouvelles décisions approuvées en mai dernier par la Conférence Générale (CG), l'organe législatif suprême de l'Eglise.

Les «Principes sociaux» déclarent que "des programmes visant à la stabilité démographique doivent s'inscrire dans le contexte d'un développement social et économique global, comprenant une utilisation et un contrôle équitable des ressources, l'amélioration du statut de la femme dans toutes les cultures et, pour tous, un niveau digne de l'être humain de sécurité économique, de soins de santé et d'alphabétisation."

Le paragraphe relatif à la démographie insiste également sur une réduction de la consommation des ressources et l'abaissement du taux de croissance de la population mondiale ; il préconise de tenir compte de l'impact des décisions concernant la maternité sur la communauté mondiale; il se prononce en faveur de l'accès à la contraception. Cette année, on y a ajouté une phrase pour s'opposer à l'avortement forcé et à la stérilisation forcée. 

En annonçant le lancement du projet, le pasteur Thom White Wolf Fassett, directeur du Comité, a déclaré que le problème de la démographie et ceux qui lui sont liés seraient étudiés "dans le contexte des positions très claires formulées par l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM)", ajoutant que le projet se fonderait également sur "le travail historique qui s'est fait en matière de démographie et de développement" sous la direction de Mme Harvey.

>Source: United Methodist News Service (UMNS) / 15.08.00 (Trad.FS/27.08.00)