France, Paris: la Cimade dit non au retour du fichage généralisé des personnes en découvrant l’arrêté qui crée le fichier dénommé ELOI et dénonce la brutalité des autorités et l’absence de médiation dans l’évacuation du squat de Cachan

La Cimade s’oppose au nom des libertés individuelles à la mise en place par le ministère de l’intérieur du fichage généralisé des personnes dans son dernier communiqué publié en ce jour.


Sous prétexte de lutte contre l’immigration clandestine, le ministère de l’intérieur vient de faire le choix d’instituer un fichage généralisé des personnes hébergeant un étranger assigné à résidence ainsi que des visiteurs d’étrangers placés en rétention. Ce traitement de donnée à caractère personnel est dénommé ELOI.


La création de ce fichier est une véritable atteinte aux libertés individuelles.


Il diminue également la possibilité d’accès, pour les étrangers retenus, à des droits élémentaires :


- le maintien de liens familiaux, avec son (sa) conjoint-e, ses enfants, de bénéficier de leur soutien et de leur accompagnement ainsi que celui d’amis ou de proches. Ce fichage du visiteur va réduire, voire supprimer, ces visites du fait de la peur qu’il va engendrer.


- les possibilités d’utiliser des dispositifs moins attentatoires aux libertés individuelles que la rétention administrative vont être drastiquement réduites du fait du fichage des hébergeant, et des possibles poursuites pénales qui pourraient découler de ce fichage.


Pour toutes ces raisons la Cimade contestera cette décision devant le Conseil d’Etat et se réserve toute autre possibilité d’action.


La Cimade dénonce également, l’absence totale d’information préalable à l’élaboration de cet arrêté paru au JO de ce matin.


Ce dispositif rappelle dans son esprit et ses conséquences le fichier généralisé prévu par la loi Debré en 1997, et qui sous la pression de l’opinion publique avait été retiré.


Squat de Cachan : une fois de plus, les pouvoirs publics privilégient la brutalité à la médiation


Les forces de l'ordre ont évacué hier le squat de Cachan. Il y avait là environ 750 personnes étrangères, dont les trois-quarts sans papiers, pour la plupart d'origine africaine.


Après cette expulsion, plusieurs centaines de personnes se retrouvent dans la rue, contraintes de vivre dans une clandestinité honteuse.


C'est donc la voie de la violence et de la force qui a été privilégiée alors même que le dialogue reprenait ses droits avec une rencontre récente tenue en préfecture du Val-de-Marne le 28 juillet, en présence des délégués des bâtiments et de membres du comité de soutien.


La préfecture avait également donné son accord de principe à la médiation proposée par des représentants des églises catholique et protestante, en accordant un rendez-vous pour le 22 août aux pasteurs Philippe Kabongo, François Clavairoly et au père Marc Lulle, qui proposaient leur médiation.


Les élus locaux qui ont apporté leur soutien aux habitants du squat, les personnalités et les associations qui ont proposé leur aide pour une solution digne des personnes, le comité de soutien et les délégués du bâtiment qui ont constamment essayé de préserver la voie de la négociation, se sentent aujourd'hui floués.


La Cimade regrette et dénonce la politique du double langage qui a été tenue par les autorités préfectorales ces dernières semaines.


A l’heure actuelle, 49 sans-papiers du squat de Cachan ont été placés en rétention pour être expulsés ces prochains jours. Les intervenants de la Cimade seront particulièrement vigilants afin que ces personnes soient pleinement en mesure de défendre leurs droits devant les tribunaux.



18/08/2006

Source: Cimade