Côte d’Ivoire: une célébration oecuménique à la Sainte Sylvestre

Nous extrayons quelques extraits d’un article qui vient d’être publié dans le quotidien ivoirien à propos de cette veillée de prière oecuménique à Abidjan, rassemblant les principaux responsables religieux du pays, -dont le responsable de l’Eglise Méthodisten, pour prier Dieu en faveur de ce pays gagné par les affres de la guerre civile.


Laurent Gbagbo a posé, hier, trois actes forts en direction de ses compatriotes. D’abord un cadeau surprise en forme de cadeau de fin d’année: que les Ivoiriens puissent fêter comme ils en ont l’habitude la Ste Sylvestre en allant jusqu’à la limite de l’année 2002, c’est-à-dire jusqu’à minuit. Une prolongation exceptionnelle du début du couvre-feu qu’ils n’ont pas boudée. Ensuite le Président a assisté et participé même (il a chanté et dit les prières) à la traditionnelle “Messe de la Paix” célébrée à la cathédrale St Paul d’Abidjan par le cardinal Bernard Agré, les évêques Mario Zenari (nonce apostolique), Maurice Konan Kouassi (diocèse d’Odienné) et Joseph Aké (auxiliaire d’Abidjan) qu’entourait une cinquantaine de prêtres. La présence du Président Gbagbo dans cette prestigieuse église catholique où s’étaient également donné rendez-vous l’Imam Idriss Koudouss Koné (président du Conseil national islamique), le pasteur Benjamin Boni (président de l’église protestante méthodiste) et le senior évangélique Jacob Ediémou Blin (chef du diocèse d’Abidjan dans l’église du christianisme céleste) afin de prier ensemble pour la paix et invoquer la miséricorde de Dieu, a fait du bien aux fidèles présents, ainsi qu’au Président lui-même. Eux ont vu que leur Chef était venu spontanément se mettre avec eux en présence de Dieu qui a été sensible à la force spirituelle de ses compatriotes et notamment les croyants pour sauver le pays et garder ceux qui le dirigent. Laurent Gbagbo et son épouse, les membres du gouvernement, les présidents des grandes institutions nationales, les ambassadeurs (peu nombreux, hier) et bien d’autres responsables ainsi que l’assemblée des fidèles de l’église catholique d’Abidjan se sont associés aux intentions fortes qui étaient contenues dans les prières spéciales adressées à Dieu ce 31 décembre 2002. “Que le Tout Puissant nous donne aujourd’hui la paix dont nous avons besoin pour que la Côte d’Ivoire qui traverse des moments difficiles, où la paix s’en est allée et qui vit dans la hantise de la haine et de la division, retrouve son unité et son hospitalité ”. Ensemble, ils ont également prié afin “d’arracher le pays au désastre qui le menace”. Et puisqu’ils savent que le Seigneur les entendrait, ils l’ont dès le début de la célébration, ovationné longuement, avec des applaudissements nourris. “Il mérite nos applaudissements même s’il nous a mis à l’épreuve” a souligné le cardinal Bernard Agré qui avait invité l’assemblée à faire cette ovation à Dieu. Un geste de foi profonde et de confiance au maître de l’univers, soutenu par les paroles d’espoir de l’évangile de St Mathieu: “Heureux les doux, ils obtiendront la terre promise”, ou encore “heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés” et leur récompense sera grande dans les cieux… Un geste de foi soutenu aussi par l’exhortation du Saint-père, le Pape Jean-Paul II, à s’engager pour la paix dans un monde divisé. L’espoir et la foi étaient encore bien présents dans les paroles du cardinal Agré, conseiller du Pape: “ l’après-crise, c’est pour bientôt. Après le vendredi saint actuel (c’est-à-dire les souffrances comme en a vécues le Christ pour sauver l’humanité) subi injustement par la Côte d’Ivoire, nous assisterons demain, à sa résurrection et à sa Pâques ”. A ces paroles prophétiques, l’archevêque d’Abidjan a même ajouté un brin de poésie: “Comme après la saison des pluies, nous accueillerons le beau soleil d’un jour nouveau, l’ère d’un nouveau départ… ” Avant de donner rendez-vous, bientôt pour “célébrer encore une Côte d’Ivoire unie et réconciliée”. Cette conclusion du cardinal rejoint le troisième acte fort du Président Gbagbo hier: il a parlé au peuple ivoirien et aux habitants de la Côte d’Ivoire et les a rassurés, en cette période trouble de la vie du pays, que les choses avancent pour aboutir à la sortie de la crise. D’autant que la rébellion, dans son ensemble, se trouve aujourd’hui dans l’impasse. Laurent Gbagbo en faisant son adresse, n’était pas crispé mais serein, pas dubitatif mais confiant. Ayant précédemment à cette adresse, pris part à la célébration eucharistique de la cathédrale, il a donc partagé avec eux mardi soir, avant les dernières heures de l’année 2002 son message de foi et d’espoir, comme le cardinal Agré, en une Côte d’Ivoire bientôt réconciliée et unie, au nom de Dieu vivant. ....


2 janvier 2003

Source: Fraternité Matin