Plus de 125.000 personnes se rassemblaient au Grant Park à Chicago le soir du 4 nov. pour encourager le Président élu, Barack Obama après son élection en tant que
44e président des États-Unis. Photo UMNS par Aaron Cooper.
Les responsables d’église souhaitent la bienvenue à Obama et recommandent vivement la prière
Par Marta W. Aldrich*
Comme enfant, le pasteur Gilbert H. Caldwell se souvient s’être retrouvé avec ses parents autour d'une radio dans la cuisine familiale du Texas à encourager Joe Louis comme champion poids lourd afro-américain aux prises sur le ring avec un blanc.
Le soir des élections, le 4 nov. à 75 ans, Caldwell est assis devant sa TV dans son salon à Asbury Park, NJ, et encourage un autre homme noir, Barack Obama en train de briguer le poste le plus puissant des États-Unis, peut-être dans le monde.
«Je ne pouvais pas m’imaginer vivre assez longtemps pour voir cela", a dit Caldwell, au lendemain de l'élection de Obama comme 44e président des États-Unis. "Le droit de vote a été si important dans la lutte pour les droits civils".
Pasteur Gilbert Caldwell
Caldwell, pasteur évangélique méthodiste à la retraite, a été un “fantassin” dans le mouvement des droits civils et membre fondateur des Black Methodists for Church Renewal (Méthodiste noirs pour le renouveau de l’église). Il a souligné la nécessité de garder à l'esprit les luttes et les sacrifices du passé, au moment où l'église et le monde regardent vers l'avenir avec espoir avec un nouveau chef à la Maison Blanche. "Quand un événement comme l'élection de Barack Obama se produit, nous ne pouvons pas nous empêcher de rappeler ce qui nous a amenés à ce moment-là», a-t-il dit.
L’ensemble des dirigeants de l’Eglise évangélique méthodiste a salué en Barack Obama un agent de changement, un ami des privés du droit électoral, un «cadeau» au monde et une passerelle entre les cultures, les ordres sociaux et les idéologies nationales. D'autres évangéliques méthodistes ont demandé instamment que l’on s'engage à prier régulièrement pour le nouveau président, qui devra faire face au défi désespérant de deux guerres, d’une économie en chute libre et d’une réputation internationale battue en brèche sous l'administration de George W. Bush, qui est évangélique méthodiste.
"Une nouvelle page de l'histoire a été tournée», a déclaré Jim Winkler, chef de l'exécutif de la Commission de l’EEM Eglise et Société. "Pratiquement tout le monde est reconnaissant pour les résultats de l'élection et les approuve".
Erin Hawkins, directrice de la Commission EEM Religion et Race, a déclaré que l'élection du premier président afro-américain constituait une étape importante vers la restauration dans le monde. "Cela signifie vraiment, selon les mots du poète, que l'arc de l'histoire est long mais qu’il se plie sous la justice. Cela veut dire que cette nation est prête à tracer un avenir nouveau et audacieux fait de changements fondamentaux», a déclaré Hawkins.
Afro-américaine elle-même, Hawkins a déclaré que le scrutin historique était autrement plus important qu’on ne saurait le dire. «Un chef de file véritablement afro-américain et sa famille vont bientôt occuper la Maison Blanche, qui a été construite par des esclaves plus de deux siècles en arrière, et ensemble, ils vont mener cette nation dans un monde et un 21ème siècle plein d'espoir et de transformation», dit-elle.
Au-delà d'un monde noir et blanc
Le pasteur James Lawson, leader des droits civiques et pasteur évangélique méthodiste à la retraite qui a contribué à l'organisation de la grève des éboueurs à Memphis en 1968, a déclaré que l'élection de Obama était facteur de transformations.
Pasteur James Lawson
«... L'élection de Barack Obama est en ce moment un don pour les États-Unis et pour le monde entier», a déclaré Lawson, depuis Nashville, Tennessee, où il a organisé des sit-in non-violents pour lutter contre la ségrégation raciale en 1960. "... On doit comprendre que c'est là la manière dont l'Esprit de Dieu travaille au milieu des hommes".
Le pasteur Adam Hamilton, pasteur évangélique méthodiste de l'Eglise de la Résurrection, près de Kansas City, a déclaré que l'élection de Obama indiquait au monde "une nouvelle approche de la politique étrangère et constituait une nouvelle opportunité pour l'Amérique d'améliorer sa position et son influence sur la scène mondiale.
«Sur le continent de l'Afrique où la Chine exerce de plus en plus d'influence, l’élection de Barack Obama a été saluée avec beaucoup d'enthousiasme. En Asie, dans les pays musulmans, en Europe, Barack Obama est considéré comme un médiateur et un nouveau type de leader, quelqu’un qui inspire l'espoir , tandis qu’il s’apprête à diriger l’Amérique avec une plus grande humilité sur la scène mondiale», a déclaré Hamilton, auteur de cet ouvrage Seeing Gray in a World of Black & White: Thoughts on Religion, Morality and Politics.
Hamilton a dit que l’élection de Obama démontrait "la préférence de millions d'électeurs pour un président capable de voir le côté gris du monde souvent dépeint en noir et blanc.
«Il manie avec aisance paradoxe et complexité. Il a la capacité de poursuivre une approche combinée de la foi et de la politique -et c’est qu’un qui réunit les préoccupations de la gauche et la droite en une puissante troisième voie», a déclaré Hamilton, en notant que cette approche s’accorde avec les méthodistes enclins à reprendre à leur compte les préoccupations des uns et des autres, à la fois des libéraux et des conservateurs et prêché simultanément l’Evangile évangélique et social.
Prières pour un nouveau président
À Saint-Simons Island, SC, le Conseil évangélique méthodiste des Évêques a consacré lors de sa réunion semestrielle un temps de prière et de chant en faveur de la nation et du monde le lendemain de l'élection.
Président élu Barack Obama
“Nous prions pour que Dieu vous accorde la sagesse, le courage et la protection dans votre charge présidentielle," écrit le Conseil a dans une lettre du 5 novembre adressée au président élu. «Nous prions également pour tous les dirigeants des nations du monde, qui vont collaborer avec vous ...”.
James V. II Heidinger, président et éditeur de Good News, un groupe d'évangéliques méthodistes (à tendance évangélique, ndt), a dit que tout le monde devrait prier pour Obama, maintenant qu’il se prépare à entrer en fonction en janvier. «Les pressions, les défis et les responsabilités de la présidence doivent être écrasantes. Les chrétiens partout dans le monde devraient le remettre dans la prière au Seigneur chaque jour, pour qu’il lui donne de la sagesse, la force et l'orientation pour conduire la nation», a dit Heidinger.
Faye Short, présidente du réseau RENEW, un groupe de femmes évangéliques méthodistes, porte un message similaire. «Le peuple a parlé», dit-elle. "Il incombe à tous les chrétiens de prier pour nos dirigeants, comme nous sommes invités à le faire dans l'Écriture. Nous demandons instamment à tous dans l'Eglise de prier pour notre nouveau président élu, de même que nous l’avons fait pour l'ensemble de nos présidents."
Franchir les barrières
Selon les sondages effectués à la sortie des urnes, Obama a remporté haut la main le vote des femmes, des Hispaniques, des Afro-Américains et des jeunes du pays.
Raúl Alegría, président de l’Association évangélique méthodiste des Hispaniques et Latino-américains, a noté que la population hispanique en Amérique n'était pas monolithique dans son vote, mais que le message d’Obama transcendait les frontières culturelles et ethniques.
"Barak Obama a parlé de transformer les systèmes ayant une incidence sur les personnes, -en particulier au niveau de leur portefeuille et des questions économiques-. Ce message-là a rencontré un réel écho chez des gens d'origine hispanique et latino, tout comme auprès d'autres groupes”, dit-il. "Le message que j'ai entendu porte sur la justice et désire apporter un sentiment d'unité dans notre pays; Ce message a rencontré un écho chez moi personnellement, parce que je crois que notre pays est divisé, et dans la vie de notre nation, nous sommes arrivés maintenant au stade où nous pouvons chercher à travailler ensemble en fonction d’un but commun".
Michelle Brooks, 30 ans, membre du personnel de la Commission évangélique Église et Société, a déclaré que le message et le style de Obama avait effectivement poussé les jeunes à s’engager politiquement. "Il n'a pas été juste de dire que les jeunes étaient l'avenir. On a dit qu’ils sont ici et maintenant et qu’ils peuvent participer et ajouter leur voix à l'ensemble du processus politique", a-t-elle dit, ajoutant qu'elle a été impressionnée par le fait que Obama a demandé à des personnes de prendre part personnellement à l'amélioration de leur quartiers, de leurs communautés et au-delà.
Julie O'Neal, membre du personnel de l’agence en charge des jeunes (Young People’s Ministries), estime que les jeunes électeurs ont été attirés par "l'honnêteté et l'humilité de Obama et par sa volonté de transparence pour les dirigeants".
Jim Winkler
"Je pense que les jeunes étaient tellement excités et portés à s’exprimer parce que cette élection a capté quelque chose en eux comme jamais auparavant. Je pense qu'ils se sont vus eux-mêmes dans cette élection", a déclaré O'Neal.
D'autres ont dit que les questions spirituelles ont été un facteur. Les deux adversaire Obama et John McCain sont des chrétiens professants.
«Barack Obama est une personne d’une foi profonde», a dit Winkler. «Je me suis rappelé de ce fait la nuit dernière quand il a commencé les festivités par une invocation le (soir des élections) à Grant Park. Je m’attends à ce que l'Eglise évangélique méthodiste, pour la première fois depuis de nombreuses années, sera accueillie à la Maison Blanche».
En Arizona, l'État de résidence du candidat républicain John McCain, le pasteur Karen Vannoy McCain a salué le discours de Obama.
"Son rappel -que ce que nous partageons entre Américains est tellement plus grand que ce qui nous divise, est encore plus vrai pour nous, chrétiens», a déclaré Vannoy, pasteur de la First United Methodist Church à Phoenix. «Parce que nous partageons Jésus comme Seigneur, nous partageons un terrain beaucoup plus large et plus important que l'un des royaumes de ce monde. Nous partageons la foi selon laquelle notre avenir ne dépend en fin de compte d'aucun président, et que nous devons travailler ensemble, d’une seule voix pour le dernier, le moindre et le perdu ( NdT : jeu de mots en anglais “the last, the least and the lost”)".
* Aldrich est rédacteur en chef du Service de Presse de l’EEM (UMNS). A la rédaction de cet article ont collaboré Kathy L. Gilbert, Linda Green, Linda Bloom, Fran Walsh et Mike Hickcox.
Traduction eemni
5 novembre 2008