JOURNAL DE BORD EN HAITI : REFUGIES A PERTE DE VUE, LES GENS ONT TOUT PERDU


Des familles déplacées par le séisme se font des abris temporaires au Collège Méthodiste des Frères à Port-au-Prince, Haïti. Une photo UMNS de Mike DuBose.

par Kathy L. Gilbert*

Une journée en Haïti. 

On avance au pas quand on va de la frontière de la République dominicaine à la capitale d'Haïti, Port-au-Prince. Plus on se rapproche de la ville, plus on marche au ralenti. 

Il y avait là une vraie cohue, des voitures, des bus, des scooters, des vélos et quelques rares vaches et ânes produisant un embouteillage sur cette route à deux voies ; la largeur de la route en était réduite, devenant beaucoup trop étroite pour une voiture et trop dangereuse pour quiconque n'est pas entouré par des barrières de sécurité ou par un véhicule. D'une manière ou d’une autre, tout le monde s'y faufile. 

Ce tronçon de route est connu comme un «no man's land» entre Haïti et la République dominicaine ; il est bordé par un lagon bleu et par des montagnes magnifiques. Des cratères importants ont été creusés dans les flancs de la montagne pour enlever le calcaire à l'intérieur. 

Une poussière de calcaire a tout peint en blanc et laissé des flaques de boue blanche dans les ornières profondes d'une route encombrée de monde. 

L'essentiel du trafic des bus et des piétons concerne des gens en partance d'Haïti pour la République dominicaine. Le trafic dans le sens inverse est le fait de la presse internationale et des organismes de secours qui entrent dans Haïti.

A l'aéroport de Port-au-Prince, des jeunes gens se réunissent dans l'espoir d'être recrutés comme traducteurs par les Américains de passage. «Je n'ai pas de maison. J'ai perdu ma femme et mes enfants. Je n'ai que mes vêtements sur le dos.» Tout le monde semble avoir la même histoire. 

Des villages de tentes ont surgi dans tout espace libre et disponible, car les gens ont perdu leur maison ou ont trop peur de rester à l'intérieur de leurs demeures. 

Les maisons, les commerces, les bureaux gouvernementaux, les églises sont dans le même état, une fois réduits à un tas de décombres. 

Dix jours se sont écoulés depuis le violent séisme qui a frappé Haïti. Personne ne sait vraiment le nombre final des victimes, mais l'esprit du peuple surgit dans des endroits inattendus. 

Sur le long chemin de la République dominicaine en Haïti, nous apercevons  «Love Child Village» et le «Village de l'espoir». 

* Gilbert est journaliste auprès du service de presse de l’EEM - UMNS - envoyé spécial à Haïti.

Traduction eemni

22 janvier 2010

umns