Etats-Unis, Washington: Une déclaration interdénominationnelle demande une justice économique globale

Le 1er novembre, deux délégations de dirigeants religieux ont officiellement remis à des responsables gouvernementaux une déclaration de principes portant sur le commerce et les investissements internationaux.


Jim Winkler, qui dirige le secrétariat de la Commission Eglise et Société de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM), faisait partie de la délégation qui a apporté la déclaration au représentant Sander M. Levin, démocrate du Michigan. Une autre délégation a remis le document à un sous-secrétaire du Département d'Etat des USA.


L'agence de l'Eglise pour l'action sociale et la défense des sans-voix est l'un des divers groupes religieux qui ont contribué à préparer ou ont signé la déclaration. Des organisations quakers, luthériennes, mennonites, presbytériennes, des Frères, de l'Eglise Unie du Christ et plusieurs groupes catholiques ont également pris part à cette action.


S'y étaient aussi associés d'autres organismes, auxquels l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) est affiliée, à savoir le Conseil National des Eglises, le Church World Service (Service Mondial des Eglises, l'agence de secours et d'entraide du Conseil National des Eglises), Church Women United (Femmes d'Eglises Unies), Jubilee USA, un groupe oeuvrant à réduire la dette des pays les plus pauvres et enfin le Bureau de Washington pour l'Afrique.


"Ces principes n'ont pas pour objet de s'opposer à la globalisation", a dit Winkler, expliquant qu'ils sont orientés vers la justice. "Le capitalisme est un système qui est fondé sur la cupidité".


Il a fait remarquer que l'on dit souvent que le capitalisme, s'il est libre d'agir, créera des richesses pour tous, mais qu'en réalité, le capitalisme concentre les richesses dans les mains de peu de gens. 


"On affirme souvent que l’Eglise n'est pas compétente en matière d'économie et devrait se tenir à l'écart de ce domaine", a dit Winkler. "Mais, en fait, le système économique dans lequel nous vivons n'a pas, sans l'apport des Eglises, les compétences voulues pour établir des lignes directrices éthiques quant aux stratégies et aux activités d'investissement".


Il a mentionné que la déclaration contient cinq principes importants, "qui pourraient mener le monde entier vers une société juste, durable et prospère".


James E. Hug, qui dirige le Center for Concern (Centre d'Intérêt Général), une organisation pour la justice sociale établie à Washington, a dit que toute vie appartient à Dieu et est faite pour servir Dieu.


"L'économie n'est pas une espèce d'animal indépendant", a-t-il ajouté. "C'est une création humaine. Nous l'avons créée et nous pouvons la modifier."


Il a cité le premier principe, qui demande que les systèmes internationaux du commerce et des investissements respectent et appuient la dignité de la personne humaine, l'intégrité de la création et le bien commun de toute l'humanité. Le deuxième principe postule des systèmes qui protègent et servent les gens les plus vulnérables, alors que le troisième demande des négociations ouvertes et des processus de prise de décisions comportant une participation réelle de ceux qui sont concernés. 


Selon les termes du quatrième principe, "les systèmes internationaux du commerce et des investissements devraient respecter le rôle légitime des gouvernements, en collaboration avec la société civile, quant à l'établissement de politiques relatives au développement et au bien-être de leurs populations". Le cinquième principe appelle à sauvegarder les biens communautaires et à respecter le droit des communautés locales à protéger et développer durablement leurs ressources naturelles.


L'évêque catholique de Détroit, Thomas J. Gumbelton, a dit qu'il souhaitait que la déclaration interdénominationnelle contribue à ce que la globalisation soit gérée de manière à promouvoir la justice.


Il a relevé que lorsque le président Bush avait été reçu en audience par le Pape Jean Paul II, il y a quelques mois, les médias avaient surtout mentionné leur conversation au sujet des questions relatives aux cellules souches. Mais, avant d'aborder ce sujet, le pape avait parlé à Bush de la "fracture" entre les riches et les pauvres du monde et avait instamment prié le président d'user de son influence, en tant que chef d'une nation puissante, pour colmater cette faille.


Le pasteur Wallace Kuroiwa, de la Commission Justice et Témoignage de l'Eglise Unie du Christ, a dit que jusqu'ici, peu de gens ont bénéficié de la globalisation, alors qu'elle en a lésé beaucoup.


"La globalisation va de pair avec la fragmentation", a dit Marcel Kitissou, du Réseau africain Foi et Justice. En même temps, la tendance globale a apporté quelques bonnes choses, comme les technologies scientifiques. Il a salué les passages de la déclaration exprimant une préoccupation quant à la question de savoir qui décide pour la population. 


Kathy Thornton de NETWORK (Réseau), un mouvement catholique pour la justice sociale, a loué le document comme étant "fondé sur la foi" et "très courageux face au système économique actuel". Elle a mentionné que l'activité en faveur de la justice économique au plan national est étroitement liée à l'activité en faveur de la justice économique au plan global.



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Source: UMNS