L'Evêque Neftali Aravena écrit dans un fax adressé au Secrétariat de la Mission de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) de Suisse et de France: «Pour des raisons politiques, le Sénateurs Don Augusto Pinochet a été mis en détention en Angleterre. Cette événement rallume beaucoup de sentiments de haine dans notre société chilienne. Cette haine se manifeste dans des manifestations dans les quartiers où se trouvent les Ambassades anglaises et espagnoles. Au Sénat, défenseurs et opposants à Pinochet bataillent ferme. Il s'en suit un climat d'instabilité dans notre pays. En face se lève un groupe de chrétiens, Orthodoxes, Catholiques, Méthodistes, Presbytériens, Pentecôtistes, etc.... avec une Déclaration officielle, laquelle cherche à encourager les uns et les autres à poser des signes de compréhension, qui permettent d'aller au-devant d'une réconciliation. J'aimerais que vous nous souteniez dans la prière en ces moments difficiles.»
Nous reproduisons ci-après le «Message des Eglises Chrétiennes par rapport à la situation actuelle au Chili», daté du 9 décembre 1998.
«Comme représentants de différentes Dénominations chrétiennes, nous nous sommes sentis appelés à communiquer le message suivant à la population et spécialement à tous ceux qui, comme nous, croyons en 'Jésus, le Messie, le Fils du Dieu Vivant' (Matthieu 16,16), dans le but de proposer une orientation pastorale, au regard des tensions que notre pays traverse actuellement. Nous le faisons sous l'inspiration des paroles de l'Apôtre Paul, qui nous incite à être des «ambassadeurs de la paix» (2 Corinthiens 5,18) et des «collaborateurs dans son oeuvre» (2 Corinthiens 6,1):
1. Longtemps prévalaient au Chili la coupure de la population, sa polarisation en deux blocs. Nous pensions avoir surmonté ces tendances. Force nous est de constater avec regret qu'il n'en est rien. Cette polarisation et cette coupure se manifestent à nouveau dans notre société et réduit en miettes notre cohésion nationale.
2. Ce fait-là montre que la réconciliation espérée entre Chiliens ne s'est pas faite ni n'est achevée et qu'il importe de faire encore des pas décisifs.
3. Suivant notre compréhension biblique, le processus de réconciliation doit respecter un certain nombre d'étapes concrètes, la vérité, la repentance et le pardon. Ainsi seulement parvient-on à se préoccuper de la situation de l'autre.
4. Si nous vivons aujourd'hui cette situation de crise, -coupure de la société en deux et montée de l'inimitié -, ce n'est pas seulement faute d'avoir établi la vérité des faits mais aussi faute d'actes concrets qui traduisent la justice, la repentance, la sensibilité et le pardon.
5.Nous invitons toutes les composantes de la société, la population civile, le corps armé et les politiciens, au milieu de ces temps difficiles à découvrir les signes qui vont nous aider à progresser sur le chemin d'une profonde réconciliation dans le pays.
6. En ce Temps de l'Avent, durant lequel nous nous préparons à accueillir notre Seigneur Jésus-Christ, reconnu et attesté par la majorité écrasante de nos compatriotes, nous appelons à entamer un mouvement de repentance profond et durable (Matthieu 3,2), pour que nous analysions nos pensées, nos paroles et nos actes à la lumière de Jésus-Christ.
7. Nous appelons la population dans son entier, et en particulier la classe politique à privilégier le bien du Chili sur l'intérêt personnel ou l'intérêt d'un groupe donné et de se démarquer de toute forme de violence et de provocation. Souvenons-nous de ce sage conseil: «Ne vous fiez pas à la violence» (Psaume 62,10). Elle ne mènera jamais à une coexistence pacifique.
8. Nous appelons les chrétiens à soutenir dans la prière, dans leurs actes et leurs paroles tout ce processus, qui doit déboucher sur la réconciliation tant espérée dans notre pays, avec la certitude que la vérité n'est pas à craindre. Car 'la vérité nous rendra libres' (Jean 8,32).»
Source: Secrétariat missionnaire de l'EEM Suisse/France - Traduction: Doris Mercado