Les Eglises adaptent le lancement de la Décennie «vaincre la violence» à leur situation locale

La Décennie «vaincre la violence» (DVV) a été lancée à l'échelon international le 4 février 2001 à Berlin, Allemagne, pendant la session du Comité central du Conseil oecuménique des Eglises (COE). 


Lors de son Assemblée de 1998 au Zimbabwe, le COE avait appelé toutes les personnes de bonne volonté à s'unir pour vaincre la violence, et les Eglises membres s'étaient engagées à accomplir un pèlerinage de paix.


En réponse à cet appel et à la lumière de la situation dans les différentes régions du monde, les Eglises adaptent l'inauguration de la DVVà la réalité dans laquelle elles vivent. C'est ainsi que, depuis février, la DVV a déjà été lancée dans plusieurs pays et régions du monde; ailleurs, les préparatifs vont bon train.


Les Eglises des Etats-Unis, par exemple, ont décidé de lancer la décennie les 23 et 24 avril à Nashville, Tennessee, tandis qu'en Allemagne, la ville de Brunswick - partenaire du réseau «Paix dans la ville» - attendra le 19 mai.


A Berne, Suisse, le 26 avril dernier, trente personnes ont participé à un colloque sur la DVV, organisé par les Eglises protestantes du pays. Par le biais d'une réflexion biblique sur la violence, on s'est efforcé de définir le rôle des Eglises suisses dans la DVV. Les Eglises ont été invitées à élaborer des plans d'action concrets pour vaincre ce fléau. Les deux principales préoccupations étaient la violence contre les femmes et celle contre les enfants. Les participants ont noté avec inquiétude la faible participation des jeunes et ont décidé d'essayer de mieux les associer aux activités de la décennie. Les Eglises suisses lanceront la DVV plus tard dans l'année.


En ce qui concerne l'Afrique, l'Association des conseils chrétiens et des Eglises d'Afrique de l'Ouest (FECCIWA) lancera la décennie le 3 juin, au lendemain du forum pour la paix (31 mai - 2 juin) qui doit aider les Eglises à trouver des moyens efficaces de vaincre la violence dans cette région du continent.


L'Association des conseils chrétiens et des Eglises de la région des Grands Lacs et de la Corne de l'Afrique (FECCLAHA) a, pour sa part, inauguré la décennie le 24 mars dernier. La cérémonie inaugurale, organisée à Kampala, Ouganda, en présence de quelque 800 personnes, a été ouverte par la vice-présidente de la Cour suprême d'Ouganda, Mme Leticia Mary Mukasa Kikonyongo. 


Ravagée par des décennies de conflits et de guerres et, pour ne citer qu'un des nombreux fléaux qui l'accablent, par une sécheresse devenue chronique, la région a désespérément besoin de voir des gouvernements responsables instaurer la paix, la justice, l'égalité et la stabilité. Avec ses centaines de milliers d'enfants et de femmes, premières victimes de ces catastrophes, qui vivent dans des conditions inhumaines, l'Afrique doit impérativement redresser la barre. Les conflits nés de l'exacerbation des revendications ethniques et les rivalités pour l'accès à des ressources élémentaires trop rares, comme la terre et l'eau, doivent être réglés. 


Parallèlement au lancement de la décennie, la FECCLAHA avait réuni le Forum oecuménique mondial pour deux jours à Kampala (22-23 mars), afin de discuter du thème «Vaincre la violence: un défi lancé aux Eglises». Les participants ont décidé de se concentrer sur le sort de la population soudanaise et sur la guerre dévastatrice qui a déplacé tant de personnes, séparé des familles et contraint des enfants à devenir esclaves ou à s'engager dans les rangs de l'armée au Sud-Soudan. 


Le fondamentalisme religieux et l'exploitation économique ont été dénoncés comme étant les principaux facteurs qui alimentent la guerre dans la région. «Si l'Afrique vit dans la misère, ce n'est pas parce qu'elle est pauvre, c'est parce qu'on la pille et qu'on l'appauvrit de l'intérieur et de l'extérieur», a déclaré Peter Kanyandago, vice-recteur de l'Université catholique d'Ouganda. Parmi les autres sujets de préoccupation soulevés pendant ce forum, citons le commerce des armes de petit calibre, la dette, les enfants soldats et le VIH/SIDA.


7 mai 2001

Source: Conseil Oecuménique des Eglises