Le Cardinal Edouard Cassidy, président sortant du Conseil Pontifical pour la Promotion de l'unité entre chrétiens, a fait une lecture optimiste de l'oecuménisme, tel qu'il se présente aujourd'hui, disant qu'il n'existe à ce jour aucune 'barrière insurmontable' entre églises chrétiennes qui les empêcherait de collaborer davantage ensemble.
Il a exprimé cet avis dans son discours adressé aux délégués de la Conférence Méthodiste Mondiale (CMM) à Brighton. A ses yeux, il aurait été difficile d'imaginer une telle invitation quelques 30 ou 40 années en arrière, a-t-il dit.
"Nous faisons des choses aujourd'hui qui auraient paru impossibles 40 ans en arrière. Le fait même d'être ici et de participer à une célébration oecuménique ensemble avec tant de représentants d'autres Eglises comme le fait d'être invité à y prendre la parole, c'est quelque chose qui m'arrive dans la seconde partie de ma vie et qui augure de progrès possibles dans le futur."
Il a fait ces commentaires juste après la publication d'un rapport de la Commission Commune pour le Dialogue entre le Conseil Méthodiste Mondial et l'Eglise Catholique Romaine, qui indique les différences significatives qui existent entre les deux Eglises sur l'exercice de l'autorité.
Le pendant méthodiste de la Commission relève que les Catholiques devraient impliquer d'une manière plus formelle les laïcs dans les instances décisionnelles, y compris dans les instances magistérielles chargées de veiller à la qualité de l'enseignement dispensé dans l'Eglise. Cette mesure devrait leur permettre de partager la responsabilité du pouvoir dans l'Eglise avec les évêques, "qui conserveraient néanmoins leur ministère spécial en matière d'enseignement".
Au contraire, le versant catholique de ces pourparlers aimerait que l'Église Méthodiste distingue plus clairement le rôle des ministres ordonnés, -particulièrement celui des évêques et des surintendants-, des autres membres laïcs engagés dans la direction des Conférences Méthodistes. Et surtout là où se pose la question de l'enseignement.
Le pasteur et professeur Geoffrey Wainwright, co-président Méthodiste de ces pourparlers, a dit que, malgré les différences, les deux parties étaient parvenues à un accord dans des domaines substantiels. "Sur 90 % de l'Évangile, il n'y a aucune raison pour laquelle nous ne pourrions pas le prêcher ensemble," a-t-il dit.
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Dans son discours aux délégués à la Conférence, le Cardinal Cassidy a dit notamment que les Eglises avaient grand besoin de travailler ensemble. Il a dit: "nous observons parfois avec dégoût la situation morale qui prévalait dans l'Empire Romain avant sa chute. N'avons-nous pas érigé nos propres idoles? Nos stars sportives et pop, les biens matériels et les biens pour notre plaisir? Existe-t-il seulement des limites au comportement sexuel? La vie est-elle encore seulement sacrée? Qu'en est-il de la dignité innée de chaque être humain formé à la ressemblance du Créateur?"
Il a ajouté: "peut-être que pour la première fois dans l'histoire de l'évangélisation nous sommes confrontés, à une large échelle, à une multitude de personnes qui ne ressentent pas le besoin de salut."
Ce n'est qu'en travaillant ensemble, estime-t-il, que les Eglises auraient un réel impact dans leur contestation de la société "de plus en plus sécularisée et païenne", où beaucoup de personnes ont "perdu tout sens du péché."
Dans un plaidoyer émouvant, il a posé la question suivantet: "y a-t-il une raison pour laquelle nous, chrétiens, nous ne pouvons pas proclamer ensemble à la face du monde ce nom synonyme de salut? Y-a-t-il seulement un obstacle insurmontable à ce que nous témoignions ensemble de la présence de l'Esprit Saint parmi nous? Qu'est-ce qui nous empêche de faire connaître à ceux qui sont dans le besoin - pauvres, malades, en souffrance, affamés, solitaires, déprimés - le visage d'amour de Jésus Christ?
"Notre proclamation serait encore autrement plus efficace, si on pouvait nous voir vraiment réconciliés les uns avec les autres, comme de véritables frères et soeurs unis dans l'amour du Christ!"
Le rapport de la Commission Commune est le septième à être publié au cours de ces 30 ans de pourparlers. Le Conseil Méthodiste Mondial et le Conseil Pontifical pour la Promotion de l'unité entre chrétiens sont d'accord de poursuivre les pourparlers dans les cinq prochaines années. On s'attend à ce qu'ils se concentrent sur le caractère sacramentel de l'ordination et "dans quelle mesure l'ordination confère l'autorité". Un débat qui s'annonce difficile, vu les divergences notables persistantes entre les deux parties. L'affaire est à suivre....
26 juillet 2001
Source: EEMNI à partir de 'Eglise Méthodiste Angleterre'