Irak, BAGHDAD: le manque de sécurité, une menace pour les habitants comme pour les organisations humanitaires en Irak

par Guy Hovey*


Le Docteur Abdul Heelo et son personnel n'ont aucune idée pour laquelle un tank américain Abrams américain a franchi le mur de l'hôpital psychiatrique d'Al Rashid lors de la chute de Bagdad.


Mais ils sont sûrs de ce qui est arrivé par la suite. Des pilleurs en grand nombre ont profité du combat pour passer par le trou laissé par le tank. Ils ont violé 10 patientes, volé l'équipement et détruit une grande partie de la construction et de ses dépendances, laissant l'hôpital dans l'incapacité de fournir des soins. 


La violence survenue à l'hôpital d'Al Rashid est juste un exemple de désagrégation où se trouve la société irakienne après la vacance de pouvoir post-Saddam. Dans les rues, les marchés, les hôpitaux et les édifices religieux, chacun se demande: quand donc les Américains vont-ils apporter la sécurité?


Beaucoup de personnes font remonter le manque de sécurité au moment où les criminels se sont habitués aux forces de la coalition et ont appris à travailler dans leur parage dans les semaines qui ont suivi la chute du régime de Saddam Hussein. Des troupes américaines gardent maintenant un certain nombre de bâtiments) publics, mais beaucoup disent que c'est trop tard - les pilleurs ont déjà frappé. On assiste d'habitude à des tirs la nuit, quand les gangs de pilleurs s'affrontent en essayant d'éviter les patrouilles de l'armée américaine. On peut voir en vente les produits du pillage dans les marchés autour de Bagdad le lendemain matin. 


La destruction des bâtiments publics a des conséquences: les fonctionnaires - tous les gens qui font marcher la machine de l'Etat - n'ont plus de lieu où travailler. De plus, comme ils sont d'anciens membres du parti Baath, cela signifie aussi que leur avenir est incertain. 


Les hôpitaux et les centres médicaux, comme l'Hôpital Mansur à Bagdad, ont été à court de beaucoup de médicaments, bien que la ville dispose de stocks. Les médicaments sont stockés dans un des six entrepôts médicaux qui ont réchappé de la guerre et du pillage, mais le réseau ne fonctionne plus; aussi n'est-il plus possible pour les hôpitaux de passer commande et pour le dépôt de traiter les ordres et d'assurer la livraison. Les docteurs essayent de s'en sortir tant bien que mal, mais mènent une bataille perdue d'avance.


Plusieurs membres du réseau Action Commune des Églises (ACT) aussi bien que des partenaires aident les institutions, mais les travailleurs humanitaires disent que le plus nécessaire à l'heure actuelle, c'est un gouvernement qui soit opérationnel. L'Oeuvre d'Entraide de l'EEM, l'UMCOR, membre d'ACT, travaille en Irak à travers ses associés oecuméniques. 


Le membre ACT Diakonie - Autriche a apporté une aide non négligeable en amenant sur place une cargaison de médicaments, par le biais d'un convoi acheminé par le Conseil des Eglises du Moyen-Orient et distribués ensuite aux hôpitaux du secteur de Bagdad. Parmi les institutions bénéficiaire de cette distribution figure l'hôpital Al Kinder, qui avait été attaqué par des pilleurs à plusieurs reprises et qui est maintenant protégé par des membres armés de la communauté. Les couloirs de l'hôpital sont pleins de gens blessés pendant et après la guerre. Cet hôpital comme bien d'autres a perdu une grande partie de son équipement à cause des pilleurs. Et pourtant le personnel continue son travail, malgré le danger qu'il encourt.


Un inspecteur de la santé publique qui n'a pas voulu être nommé a dit qu'il était reconnaissant à Diakonie d'Autriche pour les médicaments. "Je ne sais pas ce que nous aurions fait (sans cela)," a-t-il dit. "Nous avions été à court d'antibiotiques et d'anesthésiques, aussi bien que d'articles médicaux de base." 


Djeba Hamid Schah, qui avait essuyé un coup de feu pendant la bataille confuse dans son voisinage, confirme ce témoignage. "Quand je suis venu à l'hôpital, je perdais beaucoup de sang et les docteurs m'ont stabilisé," a-t-il dit. Cependant, les médicaments dont il avait eu besoin ont bientôt fait défaut et il a commencé à s'affaiblir, quand ses blessures se sont infectées. "Ceux qui apporté des médicaments ont sauvé ma vie et je les remercie ainsi que Dieu," a-t-il dit.


Les nouvelles ne sont pas toutes mauvaises. Rehana Kirthisingha de Christian Aid, une organisation membre d'ACT, a dit qu'après l'écroulement du régime, des ouvriers du service des Eaux à Kirkuk de retour à leurs postes ont récupéré au moins la moitié de l'équipement d'usines d'épuration et de traitement des eaux qui avaient été l'objet d'un pillage. Beaucoup de communautés à Bagdad ont mis en place des groupes d'entraide et on ressent un réel sentiment de solidarité communautaire. Les divisions religieuses ont été surmontées dans quelques secteurs pour l'intérêt commun. 


Un prêtre catholique Chaldéen à New Bagdad a abrité quelques 300 familles - à la fois Musulmanes et Chrétiennes - dans son église la nuit où l'armée de terre américaine est entrée à Bagdad. Les familles viennent toujours à l'église pour récupérer de l'eau propre, tant que l'approvisionnement en eau potable n'est pas rétabli dans leurs foyers. Les bonnes relations interreligieuses ressortent renforcées de l'épreuve commune que traversent les communautés. 


* * *


* Hovey travaille pour l'Oeuvre d'Entraide de l'EEM (UMCOR) et est un des correspondants de l'Agence de presse évangélique méthodiste au Moyen-Orient. Il est aussi chargé de la communication sur le terrain auprès de l'Action Commune des Églises.


Le 23 mai 2003


On peut faire des dons à l'UMCOR, en précisant l'affectation du don (aide d'urgence pour l'Irak). 


Jean-Marc Ziegler, trésorier de l'UEEM,

24, rue des Suédois,

67118 Geipolsheim


*************************************

Source: Service de presse évangélique méthodiste (UMNS)