Italie, Torre Pellice: Echos du Synode des Eglises vaudoises et méthodistes d’Italie - 21-26 août 2005 - Etre ensemble


Par Didier Crouzet, responsable des Relations internationales de l'Église Réformée de France (ERF)

Bien qu'aucun sujet précis ne conduise officiellement les débats (le synode passe en revue chaque année tous les aspects de la vie de l'Église), une thématique récurrente apparaît aux yeux de l'observateur. Une expression la résume: « Être Église ensemble »

1. « Être Église ensemble », vaudois et méthodistes Il y a trente ans, en 1975, les Églises vaudoises et méthodistes d'Italie décidaient de former une union d'Églises et signaient un pacte d'intégration. Celui-ci prévoyait entre autre un synode commun et l'interchangeabilité des ministres. Chaque communauté était libre de garder son identité d'origine, seule subsistait du côté méthodiste un organisme de gestion des oeuvres diaconales. Cet anniversaire a été célébré comme un heureux événement, mais le synode a souligné qu'il fallait garder « le goût du progrès », dans un sens spirituel : grandir ensemble dans l'intelligence de la foi. Idée intéressante à poursuivre en France au moment où luthériens et réformés se rapprochent. 

2. « Être Église ensemble », protestants italiens et protestants issus de l'immigration. L'Italie est devenue depuis quinze ans une terre d'immigration. C'est un phénomène nouveau qui bouscule les italiens, plutôt habitués à voir les leurs s'expatrier. Le grand défi pour l'Église vaudoise est d'accueillir les nombreux protestants immigrés, venus principalement d'Afrique, et souvent de sensibilité évangélique. Dans certaines paroisses, ils représentent 70% de l'assistance au culte. L'Église ne souhaite pas seulement les accueillir, mais les intégrer comme une composante de la vie ecclésiale. « Être Église ensemble» est le titre de ce projet. Cela ne va pas sans poser quelques problèmes. Pour faciliter la rencontre, un pasteur ghanéen, envoyé de la Cevaa, mène un travail de médiation culturelle avec les protestants africains de la région de Modène et Parme, dans le nord de l'Italie. Le rapport synodal évoque même la mise en place « d'un nouveau pacte d'intégration» entre chrétiens du nord et chrétiens du sud, sur le modèle de ce qui a été établi par le passé entre les Églises vaudoises et méthodistes. 

Il existe également en Italie des communautés étrangères constituées en Église: c'est le cas notamment d'une Église philippine, qui a demandé à être accueillie comme membre de l'Église vaudoise. Une convention a été solennellement signée devant le synode. La Fédération protestante de France et le DEFAP entament aussi de nouvelles relations avec les Églises issues de l'immigration. 

3. «Être Église ensemble », avec des charismes différents. Une motion a demandé que les pasteurs s'efforcent de travailler plus collégialement, en mettant à profit les charismes des uns et des autres. Une autre a proposé que le ministère des prédicateurslaïcs soient reconnus comme tels et entraîne une reconnaissance liturgique. Une commission des ministères va bientôt être mise en place. 

4. « Être Église ensemble», sur le plan oecuménique et international. Le centre de rencontre « Agapè » bénéficie depuis ce mois d'août des services d'une nouvelle directrice, pour 4 ans, en la personne de Corinne Lanoir, précédemment animatrice biblique au Pays de Montbéliard. « Agapè » a été fondé juste après la guerre dans une perspective de réconciliation et d'éducation à la paix et à l'oecuménisme. Des camps de travail internationaux et des semaines de formation y sont organisés tous les étés. 

5. « Être Église ensemble », entre un passé vénéré et un avenir incertain. Le terme de « crise» a été prononcé à plusieurs reprises. L'Église perd des membres, et son influence dans la société décline. Pourtant, les vaudois sont pleins de ferveur à l'égard de leur histoire et quatre nouveaux pasteurs ont été consacrés au cours du synode. Selon le modérateur, il s'agit de transformer cette ferveur en passion pour témoigner de sa foi et en idées pour des projets nouveaux. 

Une nouvelle « Table» ( = conseil national) a été élue. La pasteure Maria Bonafede en est devenue la modératrice (= présidente). Elle remplace le pasteur Gianni Genre, qui a souhaité reprendre un travail pastoral après cinq années de fonction. 


11-15 septembre 2005

Source: Bulletin d'information protestant