La revue théologique de la Faculté Libre de Théologie Evangélique de Vaux sur Seine (N°2/2003) consacre sous la plume de Philippe Laurent touche au mythe des «super-héros» évangéliques en racontant la vie sentimentale mouvementée de John Wesley, fondateur du méthodisme.
Les dirigeants que Dieu a suscités au cours de l'histoire, s'ils ont été de hautes figures, n'en ont pas moins été des hommes marqués incidemment par diverses faiblesses.
A la tête d'un mouvement de Réveil qui a marqué l'histoire, John Wesley a connu une vie sentimentale déséquilibrée. C'est bien en ce domaine qu'il se montre de manière la plus évidente être un homme avec ses limites, ses erreurs, ses faiblesses et son péché, écrit Philippe Laurent, iconoclaste sur les bords.
Ce théologien montre dans cet article que ce grand homme était un homme comme nous. Wesley n'est ni un «super-héros"ni un sur-homme. Il eu ses faiblesses et ses difficultés. Il a connu des échecs. Le dire, en parler, cela ,met d'autant plus en évidence ce qu'il a fait de bon, de beau et de bien à la gloire de Dieu. Cela témoigne avec d'autant plus de force de la possibilité qui nous est offerte à chacun, malgré nos propres manquements, d'être des serviteurs remarquables au service de Dieu, à la suite de John Wesley, 300 ans après sa naissance.
Nous citons la conclusion de l'auteur, qui résume son propos:
«Si l'on me parlait de mariage, j'avais coutume de dire que je ne me marierais jamais, parce que je ne trouverais jamais une épouse comme celle de mon père." Voilà une des raisons de l'échec. La seconde est que, malgré son besoin et son désir d'aimer et d'être aimé, John Wesley ne put jamais se résoudre à changer les habitudes de sa vie de célibataire pour s'adapter aux exigences d'une vie conjugale. Si Dieu renvoie vers sa fiancée le soldat israélite en temps de guerre «pour qu'il ne meure pas au combat et qu'un autre n'épouse pas sa fiancée" (Deut. 20.7), ce n'est pas pour qu'il la confie à son rival et reparte au combat! Si Dieu invite le mari à aimer sa femme comme Christ a aimé l'Église (Éph.5.25), ce n'est pas pour l'abandonner pendant de trop longues semaines, seule avec charge de famille, ni pour l'exposer aux coups d'une foule agressive.
Car il faut bien noter qu'il n'y a pas d'exceptions mentionnées pour ce commandement: ni pour les évangélistes, ni pour les pasteurs. Si l'évangélisation est une vocation, le mariage en est une autre et John Wesley aurait dû mieux concilier les deux. D'après d'autres ministères fructueux, comme celui de son frère Charles qui cessa les prédications itinérantes une fois marié, cela est tout à fait possible. Mais peut-être John Wesley devait-il simplement accepter de faire partie de ceux dont l'apôtre Paul souhaite qu'ils soient comme lui, c'està-dire libres de toute attache matrimoniale afin de se consacrer uniquement à la vocation qui sera la seule de leur vie: la proclamation de l'Évangile. John Wesley n'a pas été capable de faire ce choix, il n'a pas non plus été capable d'assumer les conséquences du choix du mariage. Indéniablement, les femmes pour lesquelles John Wesley éprouva des sentiments jouèrent un rôle important dans la vie de ce grand homme. Susanna façonna durablement toute sa spiritualité, Sally l'introduisit à la mystique, Sophy l'obligea à repenser sa foi et ses implications, Grace lui fit revoir sa position sur le célibat et certains penseront que Molly multiplia son amour pour les tournées à travers l'Angleterre... Mais il ne faudrait pas réécrire la vie et l'oeuvre de John Wesley à la seule lumière de ses aventures sentimentales, ce serait, ô combien, réducteur. Par contre, savoir que John Wesley a été le serviteur de Dieu qu'il a été malgré l'homme qu'il a été, cela est un encouragement pour nous tous. Malgré nos faiblesses, Dieu peut faire de grandes choses avec nous. Oui, c'est quand je suis faible que je suis fort (2 Co 12. 8-10)!
Fin de citation
théologie évangélique vol.2 n°2, 2003, p111-125
Source: EEMNI