Après la FPF, la FEPS et le COE, c’est au tour de l’Alliance Evangélique en Suisse, de la Fédération luthérienne mondiale et de l’Eglise protestante unie de Belgique (BELPRO) de prendre position sur le document émis mardi par la Congrégation pour la doctrine de la foi. La désapprobation est unanime et l’inquiétude est grande.
Un responsable luthérien fait part de sa consternation concernant le document du Vatican sur la doctrine de l'Eglise
Le plus grand rassemblement d'Eglises luthériennes s'est déclaré consterné par la publication d'un document du Vatican réaffirmant la doctrine catholique romaine selon laquelle les dénominations protestantes ne sont pas des Eglises "au sens propre". "Bien que cette position ne soit pas nouvelle, nous sommes attristés et déçus qu'elle ait été réaffirmée dans le contexte actuel, dans lequel le travail du partenariat oecuménique a entraîné des résultats si importants", a déclaré le pasteur Ishmael Noko, secrétaire général de la Fédération luthérienne mondiale, basée à Genève, qui compte 140 Eglises membres, représentant plus de 66 millions de chrétiens à travers le monde.
Le pasteur Ishmael Nokoe affirme d’un autre côté que les églises luthériennes ne sauraient pas accepter la conception de l’Eglise et la réalité de la foi véhiculée par le document du Vatican. « Nous nous comprenons comme une Eglise à part entière, où l’Evangile est prêché de la bonne manière et les sacrements sont administrés de la bonne manière», affirme Noko.
L’Eglise est là où des personnes confessent Jésus-Christ, selon l’AES
Selon l'Alliance Evangélique Suisse (AES), l'Eglise n'est attachée à aucune institution. L'Eglise mondiale se compose de toutes les personnes qui se sont décidées librement en faveur d'une vie avec Jésus-Christ et le suivent en âme et conscience. L'Alliance Evangélique Suisse s'oppose ainsi au nouveau document du Vatican.
Le document publié mardi par la Congrégation pour la doctrine de la foi axé sur l’ecclésiologie catholique romaine conforte, selon l'AES, l'opinion erronée selon laquelle l'Eglise fondée par Jésus-Christ trouve sa pleine réalisation dans l'Eglise catholique. L'Alliance Evangélique Suisse oppose à cet enseignement des citations du Nouveau Testament qui servent de base à sa compréhension de l'Eglise.
"La communauté de Jésus n'est pas une institution, mais se compose des élus (litt. «appelés hors de» - ecclesia). Là où des personnes acceptent personnellement que Jésus-Christ soit mort pour leurs péchés sur la croix, là où l'on revient de ses impasses, là où l'on accepte de se laisser renouveler intérieurement par l'Esprit Saint, là où l'on se lie à Jésus et qu'on le suive, là est l'Eglise." Là où deux ou trois sont rassemblés en mon nom, là je suis moi-même au milieu d'eux, dit Jésus (Mt 18,20). L'AES défend la conception du "sacerdoce universel", comme quoi les croyants forment l'Eglise universelle (quelques soient les Eglises, les dénominations et les structures auxquels ils appartiennent). Ils constituent le corps dont la tête est le Christ (1 Cor 12).
Les Eglises, qu'il s'agisse de simples communautés locales ou d'unions d'Eglise, sont "des communautés de croyants qui se considèrent comme membres du corps du Christ mondial tant dans leur connaissance que dans leurs dons et capacités". Les Eglises en tant que telles ne sauraient être la vérité ni dispenser le salut, mais elles annoncent l'Evangile de Jésus Christ qui, lui, est le salut et la vérité.
Réaction de l’Eglise Protestante Unie de Belgique (EPUB) à la déclaration du Vatican.
L’EPUB, qui depuis de nombreuses années entretient d’excellents contacts œcuméniques avec les autres Eglises chrétiennes sœurs en Belgique, a pris connaissance avec inquiétude de la position récente de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Cette dernière déclarait le 10 juillet 2007 dans ses « Réponses à des questions concernant certains aspects de la doctrine de l’Eglise » que les communautés protestantes ne peuvent être considérées comme églises. Le pasteur Dr Guy Liagre, président du Synode de l’Eglise Protestante Unie de Belgique (EPUB), exprime la position de son Eglise dans une déclaration officielle publiée aujourd’hui.
Dans un document reprenant les réponses à des questions concernant certains aspects de la doctrine de l’église, il apparaît que d’autres Eglises, comme l’Eglise orthodoxe, souffrent d’une « plaie » du fait même qu’elles ne reconnaissent pas le pape. Pour les églises protestantes, telle l’Eglise Protestante unie de Belgique, qui n’ont ni évêques ni prêtres consacrés, la plaie est encore plus profonde. Suivant le document, il est difficile de considérer que l’appellation d’église pourrait leur être attribuée. Pourtant en Belgique il existe depuis 1971 une Déclaration de reconnaissance interecclésiale du baptême.
De par sa récente position, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi considère l’Eglise catholique-romaine comme la seule véritable héritière de la tradition chrétienne au plein sens du mot. Elle tire ainsi un trait sur un certain nombre d’acquis essentiels du dialogue inter ecclésial.
Liberté de religion et liberté de conscience forment avec le respect des autres convictions religieuses et d’autres structures ecclésiales les caractéristiques essentielles du protestantisme. C’est dans cet esprit que l’Eglise protestante unie de Belgique affirme qu’elle continue de considérer l’Eglise Catholique-Romaine comme une église soeur.
L’Eglise protestante unie de Belgique, de par sa mission chrétienne, poursuivra sa participation interecclésiale aux niveaux local et national, en ce compris avec l’Eglise Catholique-Romaine. Cette collaboration se fera dans l’esprit de l’Evangile afin de contribuer à la construction d’une société plus humaine.
12 juillet 2007
Source: EEMNI/RNA/ENI/BELPRO