Un commentaire de Kathleen LaCamera*
Au troisième jour du Festival Méthodiste européen, je suis assise dans la tente principale du festival pendant la matinée "Temps de louange" — me demandant si je voulais vraiment être là avant d’avoir bu ma tasse de café.
Une femme pleine d’entrain sur la scène anime ce temps de louange — avec un peu trop d’entrain, je crains, quand elle nous demande de nous tourner vers quelqu’un que nous ne connaissons pas et de nous présenter à lui. Le thème de ce temps de louange est la condition de "l’étranger."
Je me tourne et dis "salut" à une femme portant un casque pour suivre la traduction. Je ne suis pas sûre qu’elle soit capable de comprendre quoi que ce soit à ce que je lui dis. Elle incline et secoue sa tête et nous établissons finalement que je suis Catherine et qu’elle s’appelle Ilzite. Elle vient de la Lettonie.
Au-delà des salutations d’usage
Je pose la question : "Deutsch ?", (comme si mon niveau d’allemand très faible me permettait de pousser la conversation plus loin).
Elle secoue la tête.
Hélas, le letton et russe qu’elle parle couramment me dépasse au même titre qu’un voyage interplanétaire.
J’essaye de nouveau. "Anglais ?"
Elle fait un signe timide de la tête et nous essayons de causer ensemble.
Je découvre qu’Ilzite Ozola est pasteure locale à Leipa, à quelque 100 kilomètres de la capitale lettonne de Riga. Vingt personnes viennent à ses cultes chaque semaine et presqu’autant suivent aussi l’École du dimanche. Elle et sa fille, Kristina, font partie d’une délégation de 49 membres présente au festival.
Ils ont fait le voyage en autobus. Le voyage qui les a conduits de la Lettonie à la République Slovaque a duré 18 heures, soit plus de deux journées et demi. Ça nous a pris quelque temps et maintes gesticulations pour réunir toutes ces informations. Et un tas de sourires aussi.
Encouragée par notre succès, je demande à Ilzite ce qu’elle faisait avant de devenir pasteure.
"J’étais cuisinière," dit-elle et s’arrête ensuite. "C’était très dur. Mais maintenant je suis si heureuse." Ses yeux s’éclairent. Elle sourit de nouveau et me dit : "Dieu a changé ma vie."
La voix de la scène nous dit de la boucler. Je dis à Ilzite que c’était un vrai plaisir pour moi de la rencontrer.
Créer des relations
Après le culte, Ilzite et moi-même, nous continuons à nous parler et cherchons à nous comprendre à force de gesticulations. Il est toujours difficile de comprendre exactement ce que dit l’autre, mais elle indique finalement sa fille assise avec ses amies deux ou trois rangées plus loin. Je lui fais signe de la main. Elle sourit et fait signe à son tour. De sacrés bouts de femmes ! Et j’ai failli passer à côté d’elles. Je n’avais pratiquement pas fait d’effort ce matin.
Finalement, Ilzite me permet de la prendre en photo. Elle a été vraiment patiente avec moi. Nous nous disons au revoir et nous rendons à différentes activités.
Pendant le reste du festival, je vois Ilzite de temps en temps et nous nous faisons signe de la main à travers une chambre ou à l’extérieur sur le campus de l’Université Économique de Bratislava, où se tenait le festival. Nous ne nous sommes plus reparlés, mais ça me faisait juste du bien de la voir.
Le corps du Christ
J’ai établi ce lien avec Ilzite — et ce faisant j’ai appris d’une façon la plus basique mais puissante comment sa foi et son travail comme pasteure dans une église qu’elle aime ont changé sa vie. Voilà l’antidote à toute la politique d’église, grande et petite, qui trop souvent m’a fait courir d’un sanctuaire ou d’un conseil d’église à la séance plénière de la Conférence Générale.
Il vaut vraiment la peine d’établir des liens avec des gens du monde entier ... .
Ça nous fait du bien d’aller à ces endroits où la foi fait la différence et là où la foi n’est pas toujours facile à garder. Ça nous aide à faire la part entre les broutilles et l’important, l’Église universelle merveilleuse, imparfaite et imprévisible que nous appelons "le Corps du Christ."
Je remercie Dieu qu’une grande partie de mon travail consiste à établir des liens avec les gens. C’est un grand privilège pour des journalistes. C’est la partie du travail qui rétablit ma foi et stimule mon âme.…
Dans notre famille méthodiste mondiale et au-delà, ils sont nombreux ceux qui sont prêts à nous recevoir et à nous accueillir : des gens pour qui nous sommes "étrangers"; des gens qui désirent établir une relation personnelle avec nous. "Venez nous visiter," disent-ils. "Venez nous parler de vos expériences. Nous sommes en relation les uns aux autres (lit. connectés). Nous sommes une famille."
Chaque fois que vous avez l’occasion de rencontrer de la famille, où que ce soit au monde, ne manquez pas l’occasion. Si cela veut dire aller traverser le coin de la rue, traverser l’océan ou se retourner simplement de son siège et offrir un timide "salut", voilà une relation susceptible de sauver votre âme.
*LaCamera, correspondante d’UMNS en Angleterre, a couvert le Festival méthodiste européen du 1 au 5 août pour l’Agence de presse évangélique méthodiste.
Le 20 août 2007
Source: Service de presse évangélique méthodiste (UMNS)