Près d'un millier de personnes a répondu vendredi à l'appel de l'influente église méthodiste des îles Fidji en descendant dans les rues de la capitale pour protester contre le film Da Vinci Code, sur les écrans de cet archipel depuis trois semaines.
Ce film, réalisé par Ron Howard et dans lequel Tom Hanks et Audrey Tautou se partagent la vedette, tout comme le roman de l'Américain Dan Brown dont il est tiré, développe la thèse d'une possible descendance de Jésus, ainsi qu'un rôle sombre à l'ordre religieux Opus Dei.
Vendredi, l'église Méthodiste avait obtenu l'autorisation de manifester de la part de la préfecture de police de la capitale.
Le Révérend Laisiasa Ratabacaca, accompagné de nombreux pasteurs de cette église protestante et majoritaire dans le paysage chrétien de Fidji, ont mené la marche, à laquelle ont aussi participé de nombreux fidèles, brandissant des bannières glorifiant le nom de Jésus Christ.
Parmi les revendications de cette église, qui a présenté une pétition au ministre de l'intérieur Josefa Vosanibola : un siège au comité de la censure des films, afin, estime l'église que "ce genre d'erreur ne se reproduise pas".
Le film retiré des salles en signe d'apaisement
Samedi, c'est dans la seconde ville de l'archipel, Lautoka, où le film est également projeté, qu'un groupe d'une cinquantaine de personnes a tenté de manifester, mais cette fois-ci sans autorisation de la préfecture.
Le groupe a été rapidement dispersé.
En signe d'apaisement, toutefois, Div Damodar, directeur des deux complexes de salles de cinémas "Village 6" (à Suva) et "Village 4" (à Lautoka), dès vendredi, a fait retirer le film polémique de l'affiche.
Il a expliqué son geste par le fait que de toute manière, après trois semaines de projection, le film devait être retiré des salles fidjiennes ce week-end.
Dans le reste de la région aussi
Dans le reste du Pacifique, plusieurs États insulaires, dont la majorité de la population est chrétienne, des voix se sont élevées contre ce film, considéré comme une oeuvre de sape des fondements même de la religion chrétienne.
À Kiribati, le conseil des églises a exigé du gouvernement qu'il empêche par tous les moyens que ce film parvienne sur le marché local "pour protéger le pays de tout mal potentiel".
Toutefois, le film est projeté dans la capitale depuis maintenant deux semaines.
En Mélanésie, Francesco Sarego, Président de la conférence des évêques de Papouasie-Nouvelle-Guinée et des îles Salomon, a lui aussi lancé la semaine dernière un appel pour que le film soit interdit de projection, car il est "basé sur de fausses suppositions" et "offense les croyants".
La semaine dernière, après les îles Samoa, l'opposition au film "Da Vinci Code" du réalisateur Dan Brown a gagné les îles Salomon, où le Premier ministre, Mannaseh Sogavare, a clairement indiqué son intention d'interdire sa projection et sa diffusion.
Le chef du gouvernement de cet archipel mélanésien a indiqué qu'il avait déjà consulté ses services juridiques et compte maintenant en appeler aux autorités religieuses chrétiennes de ces îles afin qu'elles "fassent en sorte que ce film ne détruise pas la foi des gens en Jésus en tant que sauveur et fils de Dieu".
La Constitution des îles Salomon mentionne spécifiquement la notion d' "État chrétien".
"Nous professons la religion chrétienne dans notre pays. Or, ce film diffuse des idées concernant (…) Jésus Christ, que les Chrétiens adorent (…) Ce film s'attaque aux racines mêmes de la Chrétienté aux îles Salomon", a lancé M. Sogavare, en rappelant que dès son accession au pouvoir, le mois dernier, il avait annoncé que toutes les actions de son gouvernement "mettront Dieu au centre du dispositif".
"La paix, l'amour et l'harmonie parmi le peuple des îles Salomon sont basés sur les valeurs chrétiennes et les enseignements de la vie de Jésus (…) Notre gouvernement manquerait à son devoir s'il permettait à ce film de détruire le tissu moral de notre société", a-t-il ajouté.
En avril, au lendemain des élections législatives du 5 avril, la capitale Honiara a connu les pires émeutes de son histoire, qui ont nécessité une intervention militaire et policière de la part d'effectifs envoyés en renfort de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande.
Il y a deux semaines, Samoa a été le premier pays à interdire le film dans la région : son comité de censure en a décidé après avoir consulté le Conseil des églises chrétiennes de cet archipel.
Alapati Mataeliga, archevêque de Samoa, qui a lui aussi visionné le film, a recommandé l'interdiction en estimant que "la foi des jeunes", moins ancrée que celle des classe plus âgées, pourrait s'en trouver "affectée".
Le comité de censure a décidé de suivre cette recommandation en interdisant la projection du "Da Vinci Code" dans la seule salle de l'archipel et de l'étendre à la location à venir des versions DVD ou cassettes du film, ainsi que toute diffusion éventuelle sur l'unique chaîne de télévision locale.
Maposua Rudolf Keil, propriétaire du Magik Cinema de la capitale, s'est insurgé contre cette décision, estimant qu'elle portait atteinte aux "droits fondamentaux de la personne humaine, la liberté de choix, la liberté d'expression et la liberté d'opinion".
04/06/2006
Source: Tahiti presse