Les Eglises prennent conscience de la nécessité de montrer par des actes et non plus par leurs paroles seulement leur solidarité avec les Palestiniens durant cette phase critique: les 50 participants de la consultation oecuménique internationale sur le conflit israélo-palestinien- réunie à Genève (Suisse) ont identifié sept secteurs potentiels où pourrait être entamée une action coordonnée, concertée entre Eglises solidaires.
Les 6-7 août 2001 eut lieu la consultation sur la question israélo-palestinienne sur une convocation du secrétaire général du Conseil oecuménique des Églises (COE), le pasteur Konrad Raiser. Le modérateur du Comité Central du COE a co-présidé les sessions. La consultation avait pour but de renforcer dans les cercles oecuméniques du monde entier le soutien le plus large pour une paix globale, basée sur la justice et la sécurité à la fois tant pour les Palestiniens que pour les Israéliens.
Le pasteur et secrétaire général du COE, le Dr Konrad Raiser, a noté au terme de la réunion que l'échange d'idées était importante pour "commencer à identifier lesquels parmi nous sont capables d'une dynamique particulière, d'une forte envie et de compétence pour agir". Il a prêté une attention particulière aux recommandations contenues dans le rapport publié le 6 août dernier suite à la visite d'une délégation du COE en Israël et dans les Territoires palestiniens Occupés (OPT) effectuée à la fin du mois de juin, disant qu'elles aideraient à convenir des actions à mettre en oeuvre.
L'évêque Riah Abu El-Assal de l'Église Épiscopale de Jérusalem et du Moyen-Orient, chargé de la prédication lors du culte d'ouverture de la consultation, a déclaré: "Remerciez Dieu: Jésus a dit: 'Bienheureux sont ceux qui causent la paix autour d'eux!' Il n'a pas dit: 'Béni sont ceux qui causent de paix.' ... La paix, comme on le sait tous, n'est pas l'absence de guerre, ni la fin des hostilités. La paix, c'est ce rapport entre prétendus ennemis, qui n'ont plus de raisons de se faire la guerre. Causer la paix exige plus de courage que d'aller à la guerre." Après cette injonction, les participants de la consultation ont rédigé un projet de communiqué qui prendra la forme d'une déclaration publique. "Nous devons tracer la voie d'une action commune concrète."
Décisions
La consultation eut pour résultat principal la décision de former un petit groupe consultatif pour développer des propositions d'intiatives concrètes et réalistes avec des partenaires locaux et internationaux dans sept secteurs:
- Interventions concertées auprès des gouvernements
- Boycottage des produits en provenance des colonies de peuplement israéliennes dans les territoires occupés
- Renforcement "de la chaîne de solidarité" par des veillées de prière
- Résistance à la destruction des propriétés et à l'expulsion des gens de leurs maisons et de leurs terres
- Encourager et permettre la présence d'équipes oecuméniques pour surveiller la situation
- Améliorer la communication, l'interprétation et l'approche des médias par rappor au conflit et ses causes
- Multiplier les délégations ecclésiales, oecuméniques et interreligieuses en Israël et en provenance d'Israël comme des Territoires Palestiniens Occupés.
Autre point accepté, de concert avec le Conseil des Églises du Moyen-Orient (MECC) et des Eglises locales: le COE développera depuis Jérusalem la coordination de toute une série d'actions oecuméniques et tâchera de voir comment ce bureau pourra être connecté à un centre de coordination internationale.
Sur la base de la recommandation faite par la délégation, il a été proposé à la Commission exécutive du COE -en réunion du 11 au 14 septembre- de se focaliser spécialement sur "la fin des violences liées à l'occupation de la Palestine" dans le cadre de la Décennie "Surmonter la Violence" et de convoquer au cas échéant une conférence internationale sur ce sujet. Selon Jean Zaru du Centre de Théologie Oecuménique de la Libération Sabeel à Jérusalem, "l'occupation, c'est de la violence et durant la Décennie 'Surmonter la Violence', nous devons dénoncer la violence structurelle liée à l'occupation."
La contribution spécifique des Eglises et des communautés religieuses à la paix et à la réconciliation a été soulignée au cours de la consultation. "Le fait d'être membre et représentant de communautés religieuses entraîne une obligation d'ordre moral, éthique, une approche du respect intégral des droits ... qui, nous l'espérons, empêchera le conflit de ne devenir qu'une simple lutte de pouvoirs," a noté Raiser dans ses remarques de conclusion.
Partage de nouvelles
Les participants ont partagé des nouvelles sur des initiatives locales et internationales en projet ou en voie de réalisation en rapport avec le conflit israélo-palestinien. Ils ont aussi reçu des nouvelles d'un représentant du Haut Commissaire des Nations unies pour les Droits de l'homme, Mme Darka Topali, qui a présenté un exposé sur des actions et des mécanismes en rapport avec le respect des droits de l'homme en Israël et dans les Territoires Occupés.
Le Professeur Richard Falk, membre de la Commission d'Enquête des Droits de l'homme, a récapitulé les constats et les recommandations de la Commission. Le respect des droits de l'homme et des normes légales humanitaires, a-t-il dit, doit faire partie du processus de paix et ne pas en être seulement le résultat.
Les participants de cette consultation ont inclus des modérateurs et des membres de la direction et des corps consultatifs du COE, des responsables d'Eglises de Jérusalem, des représentants d'Eglises membres du COE et des partenaires oecuméniques du monde entier et un nombre restreint de partenaires engagés dans des initiatives de paix en Israël et dans les Territoires Occupés. L'observateur permanent du Saint-Piège au bureau de l'ONU à Genève a aussi participé à la session. Plusieurs participants palestiniens n'ont pas été en mesure de faire le déplacement de Genève en raison des restrictions imposées par le gouvernement israélien.
L'Évêque, membre de Comité Central du COE, Aldo Etchegoyen de l'Église de Méthodiste Évangélique (EEM) d'Argentine résumera l'importance de la réunion en un mot: "beaucoup de personnes ont perdu tout espoir en ce moment. Beaucoup de personnes pensent que la paix est impossible. L'espoir est nécessaire parce que c'est plus qu'un programme, c'est notre mandat en faveur de la vie, de la justice, de la paix et des gens."
Source: Conseil Oecuménique des Eglises