CNEF: Retour sur «La Manif pour Tous»

Seule organisation religieuse à avoir ouvertement appelé à manifester, le CNEF participé résolument mais discrètement à l'événement. y étaient présents Daniel LlECHTI, vice-président, Patrick DUDAS, trésorier, Christian CARON, secrétaire, différents membres du Comité représentatif et le signataire, président. Sans oublier les délégués départementaux, les responsables d'œuvres et d'Églises et les nombreux membres de ces dernières. Retour sur une journée mémorable avec le pasteur Etienne Lhermenault, président du CNEF.

Querelle de chiffres 

340 000, 800 000 ou 1 million, la bataille des chiffres a fait rage le 13 janvier et dans les jours qui ont suivi. Pour ceux qui étaient présents dans les cortèges et plus encore sur le Champ-de-Mars, l'impression était celle d'une foule à perte de vue et d'un succès numérique incontestable. Comment 340 000 personnes (selon la Police) auraient-elles pu occuper les 240 000 m2 au pied de la Tour Eiffel en donnant une telle impression de densité? Pour l'observateur attentif, la querelle de chiffres était surtout le signe d'un embarras du pouvoir et d'une bataille médiatique enflammée. Que n'a-t-on écrit ou dit sur cette manifestation: rassemblant moins de monde que prévu (Marisol TOURAINE en début d'après-midi), « catholique et de droite », « sympathique, souriante, mais du coup encore plus violente dans le rejet de l'accession à un droit pour toute une partie de la population » (Claude ASKOLOVITCH sur le plateau d'Hélé) ... Ne nous y trompons pas, la vraie question n'est ni numérique, ni médiatique, mais idéologique. Ce projet de loi, qui ne concernera qu'une toute petite minorité de nos concitoyens, est brandi comme l'emblème d'un progrès décisif et d'une liberté sans limite! 

Présence discrète 

Rassemblement apolitique et aconfessionnel, « la Manif pour Tous » voulait favoriser l'engagement citoyen, non l'affichage de convictions particulières. Cela n'a nullement empêché, ni les élus de droite et de gauche, ni les croyants de tous bords, d'être présents et de dire à l'occasion aux médias les raisons de leur présence. Ainsi, notre directeur de la communication, Thierry LE GALL, a-t-il pu dire au Point: « Nous avons appelé le monde évangélique à se mobiliser, soit en venant à Paris le 13 janvier, soit en participant à une chaîne nationale de prière ... Nous appelons les évangéliques à participer à ce mouvement en tant que citoyens, sans signes extérieurs de leur foi ». Quant à Daniel LlECHTI, vice-président, il a clairement précisé au Figaro: « Je ne suis pas là en tant que protestant évangélique mais en tant que citoyen qui ne cache pas ses valeurs religieuses et philosophiques qui le portent à défendre l'intérêt des enfants et de la filiation ... Il n'y aucun amalgame politique possible: cela fait plusieurs siècles que nous sommes attachés à la laïcité. Nous ne défendons pas les intérêts d'une corporation, nous défendons des intérêts citoyens ». 

Cobelligérance utile? 

La discrétion justifiait-elle notre présence au sein des cortèges? On peut d'autant plus se le demander que certains évangéliques voyaient dans cette « cobelligérance ». revendiquée sur le site du CNEF - un risque de compromission avec le monde. Nous pouvons comprendre cette crainte parce que nous mesurons le risque. Nous pensons toutefois qu'il valait mieux prendre position contre ce projet de loi inique avec d'autres, y compris des incroyants, puisque la grâce commune le permettait, plutôt que de ne rien faire ou de défiler en nombre si réduit que cela ôtait toute chance d'être entendus. Pour le dire autrement, il nous semble que la séparation d'avec le mal impliquait ici de faire ponctuellement alliance avec tous ceux qui refusent et réfutent ce soi-disant progrès. A cela, nous ajoutons que nous n'étions pas, et de loin, les seuls chrétiens à prendre part à ce combat. Tout proches de nous, il y avait les représentants du Comité protestant évangélique pour la dignité humaine (CPDH) et des Associations familiales protestantes (AFP), co-organisateurs de l'événement. Plus loin de nous, il y avait aussi les amis catholiques, persuadés à cause de leur foi, qu'il faut défendre le mariage et la famille. 

Quant à savoir si toute cette mobilisation a été utile, il est trop tôt pour le dire. La perspective de cette manifestation a probablement pesé dans la dissociation de la discussion sur le projet de loi sur le mariage entre personnes de même sexe et la question de la procréation médicalement assistée (PMA). Et le Président de la République s'est finalement décidé à recevoir les organisateurs de « La Manif pour Tous ». Le combat n'est donc pas fini et la prière sera l'élément déterminant ! 

Étienne LHERMENAULT 

28 janvier 2013 

CNEF