Etats Unis: les méthodistes exigent la suppression des tribunaux militaires mis sur pied par Bush

L'agence missionnaire de l'EEM est préoccupée par les détentions préventives et par l'instauration de tribunaux militaires.


La Commission pour la diaconie et la mission de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) exprime son inquiétude pour la détention d'immigrants et l'utilisation de tribunaux militaires dans le cadre du programme de lutte anti-terroriste décidé par le gouvernement américain.


"Les immigrants ainsi que les autres personnes et communautés marginalisées sont devenues de plus en plus l'objet de suspicion et de harcèlement de la part du gouvernement," note l'agence dans sa "Déclaration sur les mesures anti-terroristes et la question des Droits de l'homme," publié juste avant Noël sur le site du Web de la commission.


Après avoir relevé que plusieurs pays avaient changé leur politique d'immigration depuis les attaques terroristes du 11 septembre aux Etats-Unis, la déclaration affirme: "Si un gouvernement a bel et bien la responsabilité d'assurer le bien-être et la sécurité des gens, il a aussi la responsabilité d'assurer le respect des droits fondamentaux de chaque être humain."


Beaucoup d'organisations de droits de l'homme et même des chefs de police dans quelques villes croient que la détention sur une longue durée d'immigrants au facies moyen-oriental, sans qu'aucune charge spécifique ne soit retenue contre eux, "va au-delà de ce qui est nécessaire pour la sécurité publique même en une période comme la nôtre," affirme la déclaration. Geler les actifs d'organisations "est aussi un moyen dont on peut tout aussi facilement abuser."


"La Bible nous appelle à étendre l'amour et l'hospitalité à nos ennemis mêmes," a dit la Commission pour la diaconie et la mission. "Quand on fournit des abris, des vêtements, du matériel éducatif, des soins médicaux ainsi que d'autres formes d'aide humanitaire aux personnes déplacées à toutes les parties d'un conflit, on exerce alors un ministère important, on rétablit en fait la justice dans une région déchirée par la guerre. Les familles, les parents et les voisins d'un accusé prisonnier terroriste ou politique ne doivent pas être considérés coupables par association, ni soumis à une punition collective."


L'agence missionnaire de la dénomination a souvent soutenu par le passé les immigrants et les réfugiés soit toute seule soit à travers le "Church World Service" et par d'autres groupes oecuméniques.


"Une cour fédérale américaine plutôt qu'un tribunal militaire a signifié récemment l'acte d'accusation à Zacarias Moussaoui (soupçonné d'être le 20ème pirate de l'air); c'est là la bonne manière de présenter de telles charges conformément au droit et au respect des droits dû à tous," affirmait la déclaration.


En commun avec des organisations de droits de l'homme et des organisations d'aide aux réfugiés, la Commission pour la mission et la diaconie (GBGM) de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM), invite tous les méthodistes à exiger du gouvernement américain la suppression de l'"ordre militaire" instauré le 13 novembre. L'"ordre militaire" a permis le lancement de procédures judiciaires contre les immigrants devant des tribunaux militaires.


Depuis le 11 septembre, plus de 1000 immigrants étaient mis en détention préventive. Certains étaient retenus prisonniers des semaines entières sans se voir notifier de chef d'accusation.


L'"ordre militaire" instauré le 13 novembre par le président Bush prévoit une justice militaire à l'intérieur du pays comme à l'étranger.


La Commission pour la mission et la diaconie cite des extraits des Principes Sociaux de l'EEM: "l'Eglise devrait exercer continuellement une forte influence éthique sur l'Etat. Par ailleurs, elle doit soutenir les programmes et les mesures que prend l'Etat qui sont justes et d'utilité publique et qui s'opposent à ceux-là mêmes qui ne le sont pas" (les Principes Sociaux de l'EEM,  5.2 responsabilité politique).


La déclaration du GBGM dresse la liste des différents "aspects gênants" de l'"ordre militaire":

- 1. le secret des preuves;

- 2. aucune échéance pour les procès;

- 3. l'absence d'une instance de révision ainsi que

- 4. le risque que la justice militaire inflige la peine de mort.


Le 9 janvier 2002

Source: Newscope / UMNS