Jeux vidéos violents - le combat d'une adolescente méthodiste prend de l'ampleur

Une jeune méthodiste de 13 ans, de North Bend, Oregon, est en train d'attirer l'attention de la nation en raison de sa campagne visant à éviter que des enfants soient exposés à des jeux vidéos violents.


Danielle Shimotakahara est surprise de l'impact de sa campagne, le projet "Paix cool-sans-violence".


"Je n'aurais jamais pensé que ça irait si loin", dit-elle. "J'ai simplement essayé d'éduquer et de convaincre les commerçants du coin de retirer volontairement leurs jeux violents de l'étalage ou de les placer dans une autre section de leur magasin, hors de la vue des petits enfants".


Le Reader's Digest du mois de mars présente Shimotakahara comme une "héroïne au quotidien"; elle apparaît aussi dans le numéro d'avril du magazine American Girl. Elle a également fait la une des journaux télévisés locaux, de Nickelodeon et du journal The Oregonian de Portland. Elle fait partie d'un groupe de 10 activistes adolescents qui seront reçus en audience privée par le Dalaï Lama lorsqu'il visitera l'Oregon en mai, à l'occasion du Sommet de la Jeunesse pour la paix.


Le projet "Paix cool-sans-violence" l'a amenée à être entendue par un comité du Sénat des Etats-Unis, à avoir des entretiens avec des groupes civiques et communautaires et à se rendre dans des écoles et des églises. Le 19 février, elle a plaidé devant le Comité du commerce, du travail et du développement économique du Sénat de l'Oregon en faveur du projet de loi 59 du sénat de l'Etat, introduite par le sénateur Ken Messerle, républicain de Coos Bay. 


Le projet de loi exige des propriétaires de locaux de jeux vidéos ouverts au public de s'assurer que des enfants de moins de 18 ans ne puissent pas jouer à des jeux montrant des personnes tuées par des armes à feu, ou du sang, des scènes d'horreur, la mutilation ou le démembrement de corps humains.


Shimotakahara, membre de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) de North Bend, a lancé sa campagne en 1999, lors de la Conférence annuelle Oregon-Idaho. Son initiative était une réaction à la tuerie du lycée Columbine, à Littleton, Colorado, au cours de laquelle, quelques mois plus tôt, deux garçons avaient tué 13 personnes et en avaient blessé de nombreuses autres.


Shimotakahara rédigea un projet de décision qui fut largement appuyé par les membres de la Conférence Annuelle (CA). Deux résolutions furent approuvées, dont l'une aboutit à la Conférence Générale (CG) de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM), en 2000 et fut enregistrée dans le Règlement (Book of Discipline) de l'Eglise.


Elle estime que les jeux marqués d'un code jaune doivent être réservés aux jeunes de 13 ans et plus et que les jeux marqués d'un code rouge sont réservés à des personnes ayant 17 ans ou plus. Elle constate que souvent, les indications concernant ces codes ne figurent pas sur les consoles de jeux. "L'affiche du Système des conseils parentaux n'est pas non plus visible, ce qui fait que les parents ne savent pas à quoi s'en tenir et je pense qu'il faut qu'ils sachent". 


"Je suis étonnée du nombre de personnes qui ne savent même pas que ce genre de machines fonctionnent dans nos localités et en même temps, je suis impressionnée par le nombre de gens, y compris des tas de jeunes, qui sont d'accord avec moi une fois qu'on leur a expliqué ce qui se passe avec ces machines", dit-elle.


"Mon pasteur, Pam Meese, m'a dit que les jeux sont censés préparer les enfants à affronter des situations de la vie réelle", raconte Shimotakahara. "Dites-moi en quoi un jeu qui met des corps en morceaux, fait exploser des membres et barbouille l'écran de sang apprend aux enfants à se préparer à la vie réelle?"


Le projet de loi 59 du Sénat a été transmis à un groupe de travail sénatorial informel aux fins de révision et mise au point. Il y aura sans doute une autre audition publique au terme de ce travail.


Bien qu'elle ait réussi à persuader un certain nombre de propriétaires de magasins et de restaurants de son quartier d'éliminer les jeux vidéos violents, elle est en butte à l'opposition d'autres commerçants, de joueurs sur vidéo, de ses propres camarades de classe et de l'American Civil Liberties Union (Union américaine pour les libertés civiques), qui tous sont opposés à cette loi. 


Le journal The Oregonian est lui aussi contre. Dans un éditorial, il note que la relation entre les jeux vidéos violents et la violence dans la vie réelle n'est pas prouvée. Le journal relève que la loi transférerait la responsabilité du contrôle des jeux de leurs enfants des parents aux propriétaires de PME, tels que patrons de pizzerias et de petits magasins. Les commerçants auraient beaucoup de peine à respecter les restrictions légales, à moins de carrément enlever les consoles de jeu. The Oregonian mentionne enfin son inquiétude quant à une loi empiétant sur la liberté d'expression garantie par le Premier Amendement (NdTr.: de la Constitution des Etats-Unis).


Mais Shimotakahara reçoit aussi de nombreux témoignages de soutien, venant des horizons les plus divers. L'Association médicale de l'Oregon, le Conseil municipal de Coos Bay, l'Association américaine des pédiatres et nombre d'autres organisations, ainsi que des commerçants, appuient sa position. Elle a été décorée de la médaille de l'Esprit communautaire de l'Etat d'Oregon ainsi que d'une médaille nationale pour son action.


Sa mère, Eva Germaine-Shimotakahara déclare: "C'est tellement encourageant de voir que tant de gens sont d'accord avec elle".


# # #


Linda Sullivan, chargée de presse de la Conférence annuelle Oregon-Idaho, a fourni la majeure partie des informations relatives à cet article. D'autres éléments ont été apportés par United Methodist Oregon-Idaho Today, publié par Marvin D. Jones.

Source: Service de presse évangélique méthodiste (UMNS)