Quand les Chinois deviennent chrétiens

La Bible a exercé une profonde influence sur plusieurs Chinois, même ceux qui ne sont pas chrétiens. Nous avons repéré cet article fort prometteur de l’agence Beinjing Information relevant l’impact du christianisme sur la nouvelle génération chinoise.


Han Yu, une hôtesse de l'air de 22 ans de Beijing, est une admiratrice de Tom Hanks et de Jean Reno, mais elle a pourtant refusé de voir le film Da Vinci Code qui met en vedette ces deux acteurs. Vu le décalage horaire, la première de ce film en Chine a précédé de six ou sept heures la projection officielle au 59e Festival de Cannes.


Le refus de Han de voir le film est simple : elle est chrétienne, et Da Vinci Code offense ses croyances.


Su Hui, âgée de 28 ans, employée d'un institut de recherche médicale de Beijing, a aussi omis de voir le film parce qu'elle s'est récemment convertie au christianisme. « J'ai déjà lu le roman, dit-elle, qui dit que la Bible que nous voyons aujourd'hui n'a pas été écrite par Dieu mais est un produit hérétique. L'auteur, Dan Brown, soutient que le christianisme d'il y a 2 000 ans se propage jusqu'à nous en cachant la vérité?». Su croit que Da Vinci Code lance un défi et constitue une menace à la Bible et à la croyance chrétienne qui dérive de ce classique.


Dans le cas de plusieurs Chinois, leur première approche de la Bible n'avait pas nécessairement un fondement religieux, mais il est évident qu'ils ont été influencés de diverses façons. Cao Shengjie, un prêtre président du Conseil des chrétiens de Chine, a dit à Los Angeles que plus de 40 millions d'exemplaires de la Bible, en version chinoise, ont été imprimées en Chine depuis la fin des années 1970. Certains lecteurs de la Bible ont par la suite décidé d'adhérer au christianisme.


Réconcilier science et religion


Su se servait de la Bible comme manuel de référence pour le vocabulaire anglais pour les examens durant sa troisième année d'université quand elle l'a abordée la première fois. Elle s'apprêtait à partir pour les États-Unis où elle poursuivrait ses études en biologie.


« Franchement, au début, j'acceptais difficilement les histoires bizarres et cruelles de la Bible. J'étais athée et je voulais toujours connaître la cause exacte des choses ; alors j'ai décidé de trouver les problèmes de logique dans la Bible ou même dans le christianisme », dit-elle.


Mais à force de lire, elle trouvait Jésus de plus en plus admirable. « Son courage, sa confiance et sa foi m'impressionnaient beaucoup. Quand je lisais les récits de guérison, d'illumination et d'enseignement envers le peuple, mon estime pour Jésus grandissait, et je trouvais en lui un véritable philanthrope?».


Toutefois, Su étudiait la biologie et croyait en l'évolution. « Dieu est grand et ses paroles dans la Bible sont merveilleuses, mais je ne pouvais simplement pas croire en l'existence de Dieu - je n'ai jamais cru que Dieu a créé le monde et l'humanité».

Au début de son séjour aux États-Unis, afin d'améliorer son anglais, Su a adhéré à un groupe d'étude biblique où elle a découvert que l'amour désintéressé existe dans le monde. Elle a compris que la rationalité seule ne suffisait pas. « Par exemple, selon une analyse rationnelle, l'amour d'une mère pour son enfant n'apporte pas grand chose à la mère, donc elle devrait cesser de donner tant d'amour à son enfant, mais le fait est que cette sorte d'amour est essentielle à la survie de l'humanité».


Quant à l'existence de Dieu, Su dit que le film La Passion du Christ, réalisé par Mel Gibson, s'il ne l'a pas totalement convaincue, il lui a permis d'accepter « théoriquement » le christianisme. Le film se concentre sur les douze dernières heures de Jésus avant sa crucifixion, alors qu'il subit la plus cruelle torture pour le salut de l'humanité.


Plusieurs Chrétiens sont d'accord : le pivot du christianisme est l'amour. L'homme aspire à aimer et être aimé. Le mot « amour » apparaît souvent dans la Bible, qui demande d'aimer Dieu par-dessus tout et les autres comme soi-même, et même ses ennemis.


Soutenir la vie spirituelle


Qin Dadi, un avocat de Beijing, a aussi étudié aux États-Unis. À l'Université d'Iowa, Lu Gang, un étudiant chinois jaloux et dépressif, a tué ses camarades, son tuteur et le doyen adjoint. Après l'incident, on a trouvé une lettre de recommandation dans le tiroir du doyen, ce qui montre qu'il était prêt à aider Lu à trouver un emploi.


Les enfants du doyen, descendants d'un missionnaire en Chine, ont écrit une lettre de consolation aux parents de Lu et ont prié pour eux. L'université n'a jamais discriminé les étudiants chinois à cause de cet incident. Qin a été profondément touché par cette histoire et a senti que la philanthropie et la justice étaient des éléments du christianisme.


« Comme plusieurs autres, je suis devenu chrétien quand j'étudiais aux États-Unis, espérant trouver la lumière de la vie dans cette religion », dit Qin. Il croit que la Bible et la religion l'ont aidé à sortir de la nostalgie et à s'adapter à son nouvel environnement. Aujourd'hui, aller à l'église et lire la Bible constituent une part importante de sa vie spirituelle.


Au début, Qin ricanait aux mots « In God We Trust » (Nous croyons en Dieu) imprimés sur chaque billet de banque aux États-Unis, et il lui semblait ridicule d'entendre les Étatsuniens se considérer comme « pécheurs ». Mais guidé par la curiosité, il a ouvert la Bible. Bien qu'il ne se considère pas lui-même comme un être parfait, il ne se voyait pas non plus comme pécheur jusqu'à ce qu'un verset du « Livre des Romains » le frappe.


« J'avais l'impression que comme je n'avais violé aucune loi, je n'étais coupable d'aucun péché. Mais en y repensant, c'est vrai que j'ai offensé ou blessé des personnes, et cela est un péché».


Dans la Bible, Jésus persuade souvent les « pécheurs » d'examiner leur conscience. Qin pense que c'est dans l'introspection qu'on trouve son existence, et il a pris cette habitude quotidienne. Aussi essaie-t-il d'aider activement ceux qui en ont besoin.


« Les chrétiens savent que Jésus demandait à ses disciples de s'engager, comme lui-même, dans la pratique de bonnes actions », dit Qin.


Heureusement, Qin a connu Wu Yusi, une jeune femme dont la foi reflète l'influence de ses pieux parents chrétiens. Le père de Wu, un économiste, lui disait : « Les dix principes des bonnes affaires reconnus par le gouvernement et par la communauté des affaires dans les pays en développement viennent des Dix Commandements».


« La première fois que mon père a vraiment saisi le sens de la Bible, c'était pendant ses années de prison en 1966, durant la Révolution culturelle, dit Wu, où il avait été jeté à cause de ses « passages anti-Mao Zedong ». Avec lui se trouvait un chrétien qui priait chaque matin et n'a jamais cédé sous la persécution politique. Ce prisonnier aidait les autres et disait que selon la volonté de Dieu, il était venu répandre l'amour parmi le peuple en supportant toutes sortes d'épreuves».


Le rêve d'une fillette


Quand Wu naquit en 1982, six ans après la Révolution culturelle, elle fut baptisée. « Quand j'étais enfant, je rêvais de me marier à l'église », dit-elle.


Son rêve s'est réalisé quand elle a épousé Qin à Beijing. Plus tard, tous deux sont allés poursuivre leur doctorat à l'Université d'Iowa, aux États-Unis. Les années d'amour se sont diluées dans la monotonie de la vie qui a même conduit le couple au bord du divorce.


À ce moment critique, une retraite a sauvé leur union. Pour une retraite, on se retire dans un endroit tranquille, loin de la pression et des activités quotidiennes. On échange avec les autres et des prêtres nous donnent des conférences ou des cours. « Nous nous proposions de divorcer après avoir rempli notre engagement envers l'Église de prendre part à une retraite. Là, on nous a parlé encore de l'importance de l'introspection, surtout dans les cas de conflits ou de troubles », dit Wu. On nous disait de chercher nos propres déficiences et de tolérer celles des autres. Grâces au Ciel, cela a changé notre intention de divorcer ! »


Après avoir vu tant de couples chrétiens affectueux pendant la retraite, Wu et son mari ont commencé à évaluer leurs lacunes respectives et ont admis qu'ils étaient tous deux responsables de leurs problèmes matrimoniaux.


Après la réconciliation, le couple s'est mis à étudier la Bible plus ardemment que jamais. « Il ne suffit pas de comprendre la base et les principes ; il faut les appliquer dans la vie réelle. Les faits sont plus importants que les paroles », dit Qin.


« Ne faites pas de mal »


Qin Shan est journaliste à l'emploi d'un magazine de Beijing. C'est en menant des enquêtes dans les régions rurales qu'il a connu Wu Wen, une enseignante. Sous l'influence de Wu, il s'est converti au christianisme. Qin a caché son identité chrétienne jusqu'au moment de se marier à l'église. « Je ne savais pas comment expliquer les choses à mes parents. Ils pourraient croire que je trahissais mon pays », dit-il.


L'inquiétude de Qin n'était pas sans fondement. Son père lui disait souvent que le christianisme était entré en Chine « à coups de canons » après la guerre de l'Opium en 1840. On imputait alors à la religion la terrible misère du peuple chinois. Le christianisme était considéré comme une religion philanthropique utilisée comme outil par les envahisseurs occidentaux, et cela a contribué à tourner le peuple contre lui.


Les Chinois, surtout les générations plus âgées, trouvent difficile d'oublier l'humiliation et la souffrance que la Chine a subies avec la défaite par les Britanniques. Ainsi le christianisme lié aux canons britanniques n'a pas laissé une bonne impression sur Qin, qui a grandi en écoutant ces histoires.


Le père de Qin, toutefois, s'est montré tolérant envers le choix de son fils. Réfléchissant à cette attitude typique parmi les Chinois, il a dit : « La religion n'est rien de plus qu'une valeur personnelle », mais il a aussi prévenu son fils d'agir en citoyen patriotique et de ne commettre rien de mal envers son pays.



30/05/06

Source: Beinjing Information/chine-informations.com