CPDH: sa contribution au débat sur la constitution européenne

>Cette réflexion qui émane du CPDH ne concerne que les points qui relèvent des domaines sur lesquels l’association travaille principalement (éthique et laïcité).


Pour les chrétiens qui s’interrogent sur leur responsabilité politique à l’égard du Traité, le débat doit être posé à son juste niveau : celui du soubassement éthique et culturel du fonctionnement de la démocratie en Europe, seul en mesure de répondre aux défis politiques majeurs qui se posent à l’homme européen d’aujourd’hui :

• l’instrumentalisation de l’homme, et notamment du plus faible, 

• la concentration de pouvoirs de type économique, culturel ou politique, 

• le déterminisme politique, illustré par l’alignement du législateur à l’évolution des mœurs et à « l’air du temps ».



Les objectifs du Traité paraissent plutôt dominés par une intention très fonctionnelle :

• remettre de l’ordre dans la succession des traités sur lesquels s’est édifiée une construction devenue excessivement complexe,

• revenir sur les équilibres institutionnels issus du Traité de Nice dont le compromis final, adopté par lassitude, semblait bancal,

• saisir l’occasion pour franchir un pas politique décisif, afin d’emporter l’adhésion de tous, peuples et citoyens.



Au regard des critères de jugement essentiels qui sont les nôtres, nous retenons :

• Le refus d’accorder à l’Europe une personnalité politique conforme à son histoire et sa culture : malgré la signature de plus d’un Million de citoyens européens demandant la référence à l’héritage chrétien dans le préambule de la Constitution, le Président de la République française s’y est opposé fermement au motif que cette référence était contraire au principe de la laïcité.

• Des droits fondamentaux à géométrie variable avec notamment : 

- une définition imprécise de la personne et du droit à la vie, favorisant une banalisation de l’avortement et laissant la porte ouverte à l’instrumentalisation de l’embryon humain.

- une préparation progressive au mariage des personnes homosexuelles et à l’homoparentalité. Le texte proposé interdit notamment « toute discrimination fondée notamment sur (…) l’orientation sexuelle » (article II-81) et précise qu’une loi européenne pourra établir « les mesures nécessaires pour combattre toute discrimination fondée sur l’orientation sexuelle.»

- une politique familiale absente (seuls 3 articles abordent le sujet : II-69, II-93 et III-269) confirmant la non considération de la cellule de base de la société.



En conclusion : 

Il est plus que nécessaire, au-delà de tout jugement sur l’idée même de la construction européenne, de s’interroger sur les fondements que l’on veut donner à cette Europe, certes incontournable aujourd’hui dans son principe, mais sur laquelle nous sommes invités à nous prononcer. C’est suffisamment rare pour qu’on ne rate pas cette occasion.

Source: CPDH Comité Protestant Evangélique pour la Dignité Humaine