Un cas d'exception d'euthanasie?"
Le jeune homme Vincent Humbert, tétraplégique, aveugle et muet, vient mourir à l'aide de sa mère, au mépris de la loi. Sous l'émotion, le Garde des Sceaux, Dominique Perben, invite le Parquet «à faire preuve de la plus grande humanité dans l'application de la loi» envers la mère de Vincent.
Son cas relève-t-il de l'"exception d'euthanasie", comme le défendent le Comité national d'éthique et le responsable des questions de santé au sein du groupe socialiste à l'Assemblée nationale Jean-Marie Le Guen? Selon ce dernier, il serait temps "dans une société démocratique, de légiférer avec tolérance et précaution pour qu'il y ait un certain nombre d'exceptions qui rendent possible l'euthanasie".
Pour le quotidien catholique la Croix, le drame risque de devenir «une pièce majeure dans la propagande en faveur de l'euthanasie active» qui sacrifie «le caractère sacré de toute vie». La prochaine étape sera-t-elle la modification de la législation en France sur le modèle des Pays-Bas et de la Belgique, où “la mort compassionnelle” est désormais codifiée par la loi?
Ne faut-il pas se rappeler que les personnes en phase terminale ne réclament pas nécessairement la mort à tout prix, mais la solidarité aimante, la reconnaissance de leur dignité même lorsqu’elles appellent à la délivrance? Avant de préconiser l'euthanasie, ne faut-il pas privilégier les soins palliatifs et mettre un terme à l'acharnement thérapeutique si dommageables à la personne humaine?
“La vie n’appartient pas aux politiques”, faisait remarquer à juste titre le Premier Ministre. L'instrumentalisation de la vie humaine est une abomination; Gérard Leclerc, du journal la France Catholique défend ce point de vue: la vie humaine ne saurait être, en aucun cas, instrumentalisée, pour satisfaire aux idéologies et aux volontés de puissance. Elle appartient au mystère de la condition humaine."
Tout en appelant à la compassion envers la famille de Vincent Humbert, "dont la douleur ne saurait être ignorée de personne", Gérard Leclerc met en garde nos contemporains contre toute dérive, qui banaliserait la transgression de l'interdit du meurtre: "Une législation qui crée une justification à la transgression de l’interdit du meurtre prend de terribles responsabilités à l’égard de tous ceux qui sont tentés par le suicide." Ce serait participer d'une culture de mort plutôt que d'une culture de vie.
CPDH: Compassion oui, résignation non
Dans un communiqué rendu public aujourd'hui, le CPDH - Comité Protestant évangélique pour la Dignité Humaine - prend également position sur la mort de Vincent Humbert.
Ce comité éthique évangélique tient cette mort comme "la conséquence d'un échec, celui d'une société qui découvre ses morts, parce qu'elle ne sait plus accompagner la vie".
Aux yeux du CPDH, les plus faibles et les plus vulnérables risquent de faire les frais: "les personnes handicapées font aussi partie de ces oubliés d'une société hédoniste qui a peur de voir ses faiblesses.".
Gare au mépris, avertit le CPDH: "Accepter que certaines vies ne méritent pas d'être vécues, c'est prendre le risque d'accepter que des personnes peuvent être des " non personnes ". C'est mépriser tous ceux et celles qui se battent pour eux-même ou pour les plus faibles qui leur sont confiés afin que la dignité d'un être humain ne se mesure plus jamais à des normes physiques ou raciales comme à certaines époques de sinistre mémoire."
Le CPDH dénonce l'exploitation qui est faite de ce drame pour promouvoir l'euthanasie: "On ne peut utiliser le cas extrême pour faire déplacer les normes éthiques d'une société."
La révision de la loi n'est donc pas d'actualité pour ce comité d'éthique évangélique. Il lui préfère l'accompagnement des mourants digne de ce nom, digne d'un pays initiateur des droits de l'homme, à travers les soins palliatifs: "Au-delà du "tu ne tueras point" biblique, la véritable compassion ne se mesure pas dans l'élimination d'une personne, quel que soit son âge ou son état, mais dans son accompagnement.. Son message sera-t-il entendu du public?
Source: EEMNI