Chers frères et sœurs dans la foi,
En cette période, nous nous remémorons ces mots des Écritures hébraïques:
Demandez la paix pour Jérusalem: que tes amis vivent tranquilles; que la paix soit dans tes remparts et la tranquillité dans tes palais! À cause de mes frères et de mes compagnons, je dirai: «La paix soit chez toi!» (Psaume 122,6-8)
Et du Nouveau Testament:
Quand le jour de la Pentecôte arriva, ils se trouvaient réunis tous ensemble. (Actes des Apôtres 2,1)
«Dieu de la vie, conduis-nous vers la justice et la paix» a été le thème de la Dixième Assemblée du Conseil œcuménique des Églises (Busan, République de Corée, 30 octobre – 8 novembre 2013). À cette occasion, le COE nous a appelés à rejoindre toutes les personnes de bonne volonté dans un pèlerinage de justice et de paix.
Le monde ne peut offrir la paix qu’avec des mots vides, en disant «“Tout va bien! Tout va bien!” et rien ne va» (Jérémie 6,14). La justice peut-elle exister sans la paix? Et la paix peut-elle exister sans la justice? Trop souvent, nous recherchons la justice aux dépens de la paix et la paix aux dépens de la justice. Shalom (שָׁלוֹם) n’est pas qu’une expression pour se saluer. Quand nous disons les uns aux autres «Que la paix du Seigneur soit avec toi», nous nous souhaitons en effet bonheur, intégrité, épanouissement, bien-être, santé, qualité de vie, sécurité, sagesse, tranquillité, prospérité, perfection, plénitude, repos et harmonie, ainsi qu’absence d’agitation ou de discorde. Notre paix, notre shalom, a été payée dans sa totalité par notre Seigneur Jesus Christ sur la croix au Golgotha.
Tous ceux et celles qui croient en Christ sont ainsi libérés pour se faire entendre quand on recherche la paix sans se préoccuper de justice ou quand la quête de justice se trouve prise dans une spirale de violence. Comme les anciennes paroles du psalmiste continuent de rendre témoignage, le statut de Jérusalem demeure la plus grosse pierre d’achoppement dans les négociations entre Israéliens et Palestiniens. Tant que continuera l’occupation, Jérusalem ne sera pas en paix. Les lieux saints des juifs, des chrétiens et des musulmans sont encore loin d’être des signes de paix et de réconciliation entre les différentes communautés.
Les Actes des Apôtres nous disent: «Quand le jour de la Pentecôte [ten hemeran tes pentekostes] arriva, ils se trouvaient réunis tous ensemble» (Actes 2,1). Le jour de la Pentecôte tire son nom du mot grec pentekostos, qui signifie «cinquantième» et fait référence à la «fête des Semaines», cinquante jours après Pessah et Pâques. Les premiers disciples de Jésus étaient tous réunis ensemble. Non seulement les apôtres, mais aussi les cent-vingt disciples, hommes et femmes, qui priaient et attendaient ensemble le Christ ressuscité. Le mot grec signifie qu’ils étaient tous dans les mêmes dispositions. Tout à coup, un bruit comme un violent coup de vent (grec, pneuma) emplit la maison. Le vent était une manifestation physique de la présence de l’Esprit Saint. Toutes les personnes présentes furent remplies d’Esprit Saint et se mirent à parler dans les langues des différents pays d’où les Juifs pieux étaient venus en grand nombre pour assister à la Pentecôte.
L’Esprit Saint est offert par Dieu comme un don de foi à tous ceux et celles qui croient en le Christ ressuscité. À travers les âges, les chrétiens ont continué de participer à la transformation interne que symbolise la Pentecôte. Le matin de la Pentecôte, Pierre est sorti de la chambre du haut où les disciples s’étaient réunis pour déclarer publiquement que Dieu avait ramené Jésus à la vie et qu’ils en étaient tous témoins. Le Christ est ressuscité! Il est vraiment ressuscité! Notre Sauveur a vaincu le péché, la mort et la tombe. Pierre a proclamé le don salvateur de Jésus Christ au monde (Actes 2,1-41). Il a pris la parole en public pour proclamer que Jésus est réellement le Prince de la paix (Sar shalom).
Depuis deux millénaires, les chrétiens célèbrent «l’anniversaire de l’Église», comme on appelle souvent la fête de la Pentecôte, et ils se manifestent dans la sphère publique pour proclamer que Jésus est le Seigneur de toutes et tous. Nous sommes conscients que, dans le passé, cette proclamation était souvent marquée par un esprit de supériorité sans respect pour la dignité de tous les êtres humains, quels que soient leur religion, leur race, leur sexe ou leur appartenance ethnique. Ce genre d’arrogance n’a rien à voir avec l’Esprit Saint manifesté à la Pentecôte, l’Esprit du Christ qui surmonte les murs de séparation, murs de haine, et qui affirme la riche diversité de toute vie. L’Esprit de la Pentecôte nous appelle sur le chemin de la justice et de la paix en tant que disciples suivant le Christ, aux côtés d’autres pèlerins.
Ainsi, nous en sommes certains:
Le Dieu Trine nous accordera la paix dans la perspective de la mort et du monde à venir; la paix parmi les orages et tempêtes de la vie. Frères et sœurs, demandez la paix, la prospérité et la bénédiction de Dieu non seulement pour Israël, non seulement pour Jérusalem, mais aussi pour le monde entier; priez non seulement pour votre paroisse, Église, quartier ou pays, mais aussi pour la paix en Israël Palestine, pour la paix en République centrafricaine, en République démocratique du Congo, en Égypte, en Libye, au Mali, au Nigeria, en Somalie, au Soudan et au Soudan du Sud, en Afghanistan, en Birmanie/Myanmar, au Pakistan, aux Philippines, en Thaïlande, en Ukraine, en Irak, en Syrie, au Yémen, en Colombie et au Mexique. Plus de 10 000 personnes sont tuées chaque année dans les conflits armés en cours sur la planète. Priez pour la paix de notre monde. La paix est une question de vie et de mort pour les gens qui y aspirent. Priez pour la paix du monde. Le Prince de la paix nous envoie pour témoigner de ce que nous avons vu et entendu dans la pièce du haut, pour devenir dans la sphère publique ce que nous avons vu et vécu pendant la Pentecôte, pour être une bénédiction dans et pour le monde bien-aimé et brisé de Dieu.
Que la grâce du Dieu Tout-Puissant, Père, Fils et Saint Esprit, soit avec nous toutes et tous.
Les présidents du Conseil œcuménique des Églises
- Pasteure Mary-Anne Plaatjies van Huffel, Église réformée unifiante d'Afrique australe
- Pasteure Sang Chang, Église presbytérienne de la République de Corée
- Archevêque Anders Wejryd, Église de Suède
- Pasteure Gloria Nohemy Ulloa Alvarado, Église presbytérienne de Colombie
- Évêque Mark MacDonald, Église anglicane du Canada
- Pasteure Mele’ana Puloka, Église wesleyenne indépendante de Tonga
- S.B. Jean X, patriarche de l'Église orthodoxe grecque d’Antioche et de tout l’Orient
- S.S. Karékine II, patriarche suprême et catholicos de tous les Arméniens
COE