Les anglicans, les méthodistes britanniques en chemin vers l'unité

Les méthodistes et les anglicans britanniques ont annoncé un accord en vue d’une unité plus grande entre leurs deux communions; les responsables d'Eglises assimilent cet accord "à l'engagement du mariage."


L'accord proposé fait partie d'un rapport publié en décembre résultant de discussions formelles entre les deux traditions depuis 1998. Pour la première fois, les anglicans et les méthodistes étaient d'accord d’"affirmer mutuellement la vie et le ministère de chacune des Eglises." Toutes les deux Eglises accepteront ou récuseront ce document par un vote lors des rencontres que chacune des Eglises tiendra en juillet 2002. 


Comme beaucoup d'autres qui travaillent déjà dans des instances oecuméniques, la pasteure Rosemary Wakelin, aumônière de prison et ministre méthodiste, a dit qu'elle accueillait favorablement la nouvelle d'un renforcement des liens officiels entre Méthodistes et Anglicans. A la prison de Norwich, le supérieur hiérarchique de Wakelin est un prêtre anglican et il se trouve que de par ses responsabilités elle travaille régulièrement avec des équipes pastorales composées d'un large éventail religieux. 


Elle est heureuse de voir progresser les pourparlers officiels, mais observe que quand on en vient aux relations oecuméniques réels, les gens à la base "s'y font et en font" depuis des années déjà. 


"(Mon travail comme aumônière de prison) est très dur, si dur que vous le faites le mieux possible," a ajouté Wakelin.


Le pasteur John Taylor, qui a co-présidé les discussions formelles a dit, "Comme cela a souvent été le cas sur le terrain, des chrétiens dans leurs communautés locales ont montré le chemin et se demandent pour quelle raison toute cette agitation a lieu. Pendant des années, ils se sont reconnus comme de vrais chrétiens.... Et maintenant au niveau de nos Eglises nationales, elles ont franchi un pas aujourd'hui, un pas important et significatif qui rendra possible d'autres évolutions."


"L'Accord méthodiste-anglican", comme on le sait, inclut une série d'affirmations, y compris la déclaration que toutes les deux communions appartiennent "à l'Église de Jésus Christ Une, Sainte, Catholique et Apostolique" et affirme "l'authenticité du ministère de la parole et du sacrement"dans chacune des Eglises.


Voici les sujets sur lesquels il n'y a toujours pas d’accord formel, à savoir la reconnaissance mutuelle des ministères ordonnés, le rôle des femmes dans la direction de l'église, et quelques questions relatives à l'ordre et à la pratique de la communion et le souci "de l'établissement" ou du statut de l'Église Anglicane comme Eglise officielle de l'Etat Britannique. Taylor s’est dit déçu, parce que le rapport n'a contribué à résoudre aucune de ces questions. 


"Il demeure beaucoup de questions non résolues. Ce rapport n'essaye pas de les dissimuler," a-t-il expliqué. A défaut de les résoudre, le rapport suggère "que les choses qui nous séparent doivent toujours être à l'ordre du jour de nos discussions ouvertes et franches.... Nous ne voulons pas esquiver ces questions, mais leur faire face ensemble."


Un oecuméniste de longue date et ancien président méthodiste britannique, le pasteur Stuart Burgess, a dit à l'Agence de presse évangélique méthodiste que l'on doit voir ces événements comme un pas en avant positif, créatif et une composante pour l'avenir. 


"J'ai espéré que nous pourrions aller beaucoup plus loin beaucoup plus rapidement que nous ne l'avons fait, mais le rapport est vraiment une étape pragmatique; il permet d'avancer et c'est là le point important. L'aventure oecuménique demande de la patience et de l'endurance."


Pour le pasteur Stéphane Plant, enseignant de la faculté de Cambridge et membre du groupe de travail méthodiste britannique sur les relations Eglise/Etat, l'accord proposé pousse les Méthodistes à s'interroger si oui ou non l’Eglise Méthodiste doit se rallier à une Eglise d'Etat. Son groupe de travail national aborde une série de questions touchant l'Etat et l'Eglise et espère développer une théologie politique méthodiste officielle, ce qui n'a pas encore été fait jusqu'ici.


"Certains dans notre église diraient que quand on a des rapports avec l'Eglise aussi proches de l’Etat que l'Église Anglicane, l'Eglise n'est pas libre de critiquer ni d'influencer efficacement le gouvernement," a-t-il expliqué. "D'autres Méthodistes diraient au contraire qu'une Eglise d'Etat permettrait l'évangélisation des dirigeants et des autorités."


Actuellement, tous les 26 évêques anglicans élisent les membres de la Chambre des lords Parlementaire Britannique.


Plant a dit que cet accord méthodiste / anglican pourrait aussi influencer le travail qu'il entreprend avec la Fédération Théologique de Cambridge. A travers la fédération, les étudiants de beaucoup de dénominations chrétiennes et d'autres traditions célèbrent régulièrement le culte ensemble. Les groupes reprennent tour à tour les liturgies de chaque confession représentée. Plant a admis qu'il arrivait de temps en temps, -quand des non-anglicans dirigeaient le culte ou qu'une femme ait présidé la communion, que quelques anglicans se retirent. 


"Ce nouvel accord constituera une aide, bien qu'il ne contribue pas nécessairement à résoudre ces questions," a-t-il dit. 


L'Évêque Barry Rogerson, qui a co-présidé les discussions formelles pour les anglicans, a dit que l'accord "pourrait bien changer le visage du christianisme anglais."


"Nous avons posé les bases, et nous espérons que cela nous mènera plus tard à une pleine communication avec l'interchangeabilité des ministres et par la suite à l'unité visible," a-t-il noté. 


Wakelin espère qu'on y arrivera un jour. Elle croit que les Méthodistes n'auraient jamais dû se séparer de l'Église Anglicane trois siècles en arrière et pense qu'à la fin, avec la grâce de Dieu et une certaine somme d'humilité, les deux Eglises y réussiront.


Mais son expérience de presque 20 ans de ministère ordonné lui enseigne qu'on ne surmontera pas facilement les obstacles réels à une telle unité. Elle se rappelle une conversation avec un prêtre anglican le jour elle a été ordonnée en 1983. "Il m'a dit, ' si vous ordonnez des femmes, vous amoindrirez le statut du sacerdoce. ' J'ai dit, ' Il n'a jamais été question de statut, mais de service.'" 


A ce stade du dialogue, Wakelin croit que les Méthodistes apportent avec eux à la table de l'unité méthodiste & anglicane une grande tradition de femmes à commencer par la mère de Charles et de John Wesley, Susanna. 


"Nous avons quelque chose à leur offrir," a-t-elle dit. "Nous avons une bien meilleure attitude envers les femmes qu'eux."


Parmi les autres participants oecuméniques aux discussions formelles figurent des représentants de l'Eglise Baptiste, Morave, Catholique romain et Réformé Unie en Grande-Bretagne. 


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LaCamera est correspondante de l'Agence de presse évangélique méthodiste en Angleterre.


18 décembre 2001 

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Source:  UMNS