Dans une lettre adressée au Dr Robert Harman du General Board of Global Ministries (GBGM), l'Evêque évangélique méthodiste en charge du Kosovo, Henri Bolleter, prend position sur la situation de l'Eglise Evangélique Méthodiste (EEM) dans cette partie disputée d'Europe. Les trois communautés EEM -Sallagrazhde, Suhareka und Prishtina- fondées par un demandeur d'asyle (désigné par la suite par les intiales N.N.) d'expression albanaise revenu au Kosovo ont été déclarées interdites et dissoutes par l'UCK. N.N. a été sommé de quitter le pays et se trouve pour l'heure en Suisse -après un voyage dramatique- mais il veut retourner au Kosovo.
Résumons les évènements: jusqu'au 20 avril 1998, le travail dans les trois communautés n'a pas subi d'entraves. La stabilité de la situation a permis un grand travail parmi les enfants et les jeunes, lequel fut intégré à la vie des communautés. N.N. pouvait aussi, soutenu en cela par le Secrétariat de l'Evêque à Zuerich, remettre aux pauvres des médicaments, de la farine, de l'huile et des produits sanitaires. Certains de ces produits de nécessité ont été apportés à pied de la Macédoine à Prishtina. Si d'autres voies avaient été empruntées, la Police serbe ou l'UCK auraient confisqué la marchandise.
A la date du 2 mai 1998, N.N. a été sommé par trois représentants de l'UCK connus de lui de former une organisation de résistance contre la Serbie. Il devait dans le même temps cesser son travail au sein de la communauté. N.N. a donné une réponse nette et claire: «Nous sommes des chrétiens. Nous sommes contre la guerre. Tous les hommes sont des frères et des soeurs, nous tous, nous vénérons le Dieu Unique. nous ne devons suivre que la voie du dialogue et de la diplomatie. pour moi comme pour mes communautés, il est impossible de combattre avec des armes. Nous recherchons la paix par un autre biais. Nous prions trois fois par jour pour les Serves, les Albanais, les musulmans, -en d'autres mots, pour tous les habitants du Kosovo.» Deux semaines plus tard, trois hommes masqués accostèrent N.N. dans la rue et posèrent un ultimatum: «Cessez le travail paroissial». Il devait quitter le pays avec sa famille. Cette exigence répétée à deux reprises l'a conduit à fuir le Kosovo. Actuellement, il a encore un contact avec des membres d'une des trois communautés. Le Secrétariat de l'Evêque cherche à présent de quelle manière l'EEM peut venir en aide aux habitants du Kosovo. L'organisation humanitaire des Eglises Protestantes de la Suisse (HEKS) collabore avec l’organisation «Oeuvre Mère Thérèsa». Ces gens tentent d'acheminer des secours depuis l'Albanie à l'intention de la population du Kosovo. Souvent toute leur cargaison est saisie par l'UCK. Certains ont aussi trouvé la mort. D'autres tentatives ont été entravées par le gouvernement serbe. La Croix Rouge de la République Fédérative de Yougoslavie est loin d'être fiable. Pour des raisons politiques, l'Eglise ne veut faire de compromis avec aucun des deux partis en guerre. Cela rendrait totalement impossible toute aide humanitaire. L'Evêque Bolleter place encore de minces espoirs dans l'organisation humanitaire de l'Eglise Evangélique Méthodiste active sur tous les terrains, l'UMCOR. Il en appelle simultanément à la prière en faveur de la jeune Eglise au Kosovo, en faveur de la paix et en faveur de tous ceux qui vivent dans cette région des Balkans.
Source: EEM News International - Evêque Heinrich Bolleter