Par John Singleton
Les manifestations qui ont marqué, dans le monde entier, le 300e anniversaire de la naissance de John Wesley, ont surtout montré l'aspect historique du fondateur du méthodisme. Mais qui était-il vraiment en tant que personne et comment était-il perçu en tant que personnalité dont la réputation le précédait comme un feu de brousse?
Nous savons qu'il a parfois reçu un accueil mitigé mais, selon plusieurs témoins oculaires de son temps, il impressionnait tant par son apparence physique qu'en sa qualité d'homme de foi.
L'un de ces témoins, John Hampson, un pasteur anglican, a été l'auteur de la première biographie de John Wesley, publiée en 1791 (l'année de la mort de John Wesley). "Son visage, pour un homme âgé, était l'un des plus beaux que j'aie vus. Un front clair, lisse, un nez aquilin, le regard plus brillant et perçant qu'on ne peut l'imaginer et un teint très frais concouraient à lui donner un aspect vénérable et intéressant”. Hampton ajoute: "Peu de personnes l'ont vu sans être frappées par son apparence, et l'on sait que nombre de ceux qui avaient nourri des préjugés tenaces à son égard ont changé d'avis dès l'instant où ils ont se sont trouvés en sa présence".
En matière d'habillement, il était ”un modèle de soin et de simplicité", poursuit Hampton. "Un plastron plissé étroit, une veste à petit col droit, pas de boucles aux genoux, ni soie ni velours en aucune partie de son vêtement et une tête blanche comme la neige donnaient l'impression de quelque chose de rude et d'apostolique, cependant qu'un air de propreté et de soin émanait de toute sa personne".
Autre témoin, Christopher Hopper, un jeune homme de Ryton on Tyne, dans le Nord-Est de l'Angleterre, travaillait sur le réseau de rails à wagonnets de la mine de charbon locale: plus tard, il devint l'un des meilleurs prédicateurs assistants de Wesley. C'est ainsi qu'il entendit parler pour la première fois de l'homme qui allait avoir une influence si décisive sur sa vie:
"En mai 1742, nous avons entendu parler d'un homme étrange, un dénommé Wesley, pasteur de l'Eglise, qui était allé à Newcastle upon Tyne et avait prêché à Sandgate devant des milliers de personnes, qui l'avaient entendu avec grand étonnement. Cette nouvelle fit grand bruit. Les gens développaient toutes sortes d'idées à son sujet, mais pratiquement personne ne pouvait imaginer ce qui le motivait à venir ici ou quel était son but. Il fit une brève apparition, puis disparut bientôt et nous laissa dans une profonde consternation."
Hopper fut également témoin oculaire du travail de Charles, le frère de John, auprès des mineurs de charbon du Nord. "Charles Wesley est venu et a prêché à Tanfield Cross. Au milieu d'une grande foule, j'ai couru pour entendre cet étrange prédicateur. Lorsque j'ai vu un homme en habit de pasteur, prêchant à une croisée de routes devant un auditoire nombreux - certains retenant leur souffle, d'autres riant et d'autres encore pleurant - je me suis demandé ce que cela pouvait bien être".
"Quand il a terminé, certains ont dit: 'C'est un homme de bien, il est envoyé pour réformer le pays'; d'autres ont dit : 'Non, il est venu ici pour nous pervertir et nous tromper, il faut le chasser du pays à coup de pierres'. J'ai dit: S'il est un homme de bien, il se produira de bonnes choses et d'ailleurs, il est vrai que nous avons besoin d'une réforme; s'il est un imposteur, il ne peut que nous laisser dans la situation où il nous a trouvés, sans espérance et sans Dieu en ce bas monde". Hopper dit qu'il ne sait pas ce qui l'avait amené à s'engager pareillement pour défendre Charles Wesley - mais que maintenant, il risquait fort d'être appelé "méthodiste."
A cette époque, les quotidiens offraient moins d'informations en un jour qu'il n'y en a aujourd'hui sur une demi page de nos grands journaux; un bref paragraphe publié à la fin du 18e siècle avait donc un impact relativement plus grand qu'il ne l'aurait aujourd'hui.
Dans un bilan de l'influence de Wesley après sa mort, le Public Advertizer faisait référence à "ce pasteur et réformateur bien connu et souvent célébré, le Rev. John Wesley, dont les éminentes qualités dans tous les domaines de la société et de la littérature sacrée, orientées par la grâce de Dieu vers les fins les plus utiles et les plus importantes, en ont fait non seulement l'ornement de son temps et de son pays, mais porteront la réputation de son nom jusqu'à la postérité la plus lointaine".
Un autre journal, le Morning Chronicle, a écrit: "Quoi que l'on puisse penser de la théologie de M. Wesley, on ne peut possiblement lui dénier le mérite d'avoir fait un bien infini à la classe inférieure de la population. … Si on écrivait son histoire complète, elle serait volumineuse car, sous quelque angle qu'on l'étudie - en tant que fondateur de la secte la plus nombreuse du royaume, en tant qu'homme et en tant qu'écrivain - il y a lieu de le considérer comme l'un des personnages les plus extraordinaires que cet âge ou toute autre époque ait produits”.
Le bi-hebdomadaire London Chronicle a décrit le revenu de Wesley comme "prodigieux", soit au moins 10'000 livres par an; il notait cependant qu'il "n'utilisait pour lui-même que ce qui était strictement nécessaire à la vie" et que l'argent était affecté à la construction de chapelles et au paiement des salaires de ses prédicateurs dans tout le royaume.”
L'influente revue Gentleman's Magazine a dit que le point important qui vaudrait au nom et à la mission de Wesley d'être honorés, consistait dans le fait qu'il avait "orienté ses efforts sur ceux qui n'avaient pas de guide; les chemins et les haies; les mineurs de Cornouailles et ceux de mines de charbon de Kingswood… Ses entreprises humanitaires inlassables, comme aussi celles de son frère Charles, ont introduit dans les classes les plus basses de l'humanité un sens de bienséance, de morale et de religion; les ignorants ont été instruits; les miséreux ont été secourus et les égarés ont retrouvé leur chemin."
L'article mentionnait que bien que Wesley ait été exposé à une forte opposition de la part du clergé et à un traitement peu amène de la part des juges, "il a cependant été l'une rares personnalités à avoir survécu à l'animosité et aux préjugés pour finalement recevoir, plus tard, les marques unanimes de respect de toutes les dénominations…
Le grand objectif de sa vie était de faire le bien", poursuivait-il. "A cette fin, il a refusé tout honneur et toutes faveurs. Que ce soit vers le lit d'un malade ou le sofa de la prospérité, la prison ou l'hôpital, la maison du deuil ou la demeure en fête, il allait volontiers partout où il y avait un ami à aider ou une âme à sauver. Qu'il s'agisse d'apporter de l'aide ou des conseils, des reproches ou des paroles de consolation, jamais aucun effort ne lui a paru trop humiliant, aucune entreprise trop difficile, aucune condescendance trop basse."
Wesley a sans équivoque eu bonne presse auprès de ses contemporains et sa place au sein du christianisme n'a fait que croître depuis ces premiers temps du méthodisme.
Traduction: Frédy Schmidt