A L’EST, DU NOUVEAU ! - FORMATION ET PARTENARIATS

Ullas Tankler, secrétaire général pour l’Europe du GBGM (Conseil Mondial pour la Mission) lors de la Conférence Centrale de l’Europe du Centre et du Sud (11 au 14 mars 2009 à Bülach, Suisse).

Interview du pasteur Ullas Tankler recueillie par JP Waechter

Secrétaire pour l’Europe du Conseil Mondial pour la Mission (GBGM), Ullas Tankler veille à renforcer le réseau de solidarité de notre église entre l’Est et l’Ouest en développant la formation théologique comme le partenariat entre églises.

Encourager les chrétiens minoritaires

eemni : Comment se passe le suivi de l’Église Évangélique Méthodiste largement minoritaire en Europe de l’Est ?

Ullas Tankler UT : Il est de mon rôle de servir et de soutenir les églises en Europe dans la mesure du possible. Et c’est un fait que notre Église méthodiste constitue une minorité dans la plupart des cas en Europe. Parfois, l’Église méthodiste est minoritaire par rapport à l’église luthérienne majoritaire (Estonie, Lettonie, pays scandinaves 'Norvège, Suède’), en d’autres lieux, elle est minoritaire par rapport à l’Église catholique romaine (Lettonie, Portugal, Italie) ou l’Église orthodoxe (Russie, Bulgarie, Serbie, Macédoine), et puis il y a des endroits où l’Église méthodiste est minoritaire par rapport à l’islam comme en Algérie.

Je crois que le plus important dans ces lieux, c’est de soutenir ces églises qui sont les nôtres, d’être à leurs côtés et de leur dire que nous les comprenons et que d’autres frères et sœurs à l’Ouest vivent aussi comme des minorités et ont à relever comme eux pareil défi d’une certaine manière. C’est là le premier sujet d’encouragement, je crois.

Nous ne pouvons pas changer leur situation, mais nous pouvons leur dire que nous sommes avec eux et que nous essayons de les comprendre : on peut accepter d’être une petite église, on ne doit pas cultiver un complexe d’infériorité, parce que, selon notre compréhension de l’église, on n’a pas affaire à une notion de grandeur ou de petitesse, Il s’agit seulement de témoigner.

Développer la formation des pasteurs

eemni : Une autre question, la formation des laïcs et des pasteurs dans les pays où les possibilités sont limitées. Vous recherchez de nouvelles solutions dans ces zones ?

UT : Dans certains endroits, nous avons certaines possibilités de formation dans des Facultés de théologie. En Europe, bien sûr au Séminaire de Reutlingen (Allemagne), et nous avons mis sur pied un séminaire à Moscou (Russie), un séminaire à Tallinn, enfin il y a le Centre méthodiste de Formation Théologique (CMFT) en Suisse.

Mais ailleurs, ces possibilités n’existent pas et nous sommes engagés pour cette raison dans une « nouvelle voie » : il existe un programme de formation à Waiern/Graz en Autriche, où de nombreux pasteurs originaires des Balkans reçoivent leur formation. J’ai rencontré ces personnes et les ai vues à l’œuvre : leur formation est très importante, très utile et très bonne. Mais si l’on adopte une approche globale, nous convenons de la nécessité de soutenir financièrement les pasteurs ou laïcs de manière à leur permettre d’étudier à l’endroit qui leur convient le mieux. Je pense que pour beaucoup de frères et de sœurs en Russie le séminaire à Moscou est de loin préférable, mais quelques-uns font le choix, pour diverses raisons, de partir étudier de Russie en Estonie. Ensuite, nous avons des étudiants en Estonie en provenance de Lettonie et de Lituanie et naturellement cela coûte beaucoup plus cher, et nous devons trouver des bourses pour financer leurs études. Suite à mon travail, nous avons formé un comité d’attribution de bourses. Et nous avons trouvé des bourses pour plusieurs étudiants.

Démarrage de l’e-academy

Mais ce n’est pas encore suffisant et nous devons en principe trouver de nouveaux moyens. Et semble-t-il que quelque chose de nouveau se dessine, sous la direction de l’évêque Patrick Streiff. Et c’était son idée de proposer une formation théologique sur Internet (programme e-academy).

Nous avons déjà eu plusieurs réunions, consultations et discussions récemment à Reutlingen, entre doyens de séminaires théologiques de toute l’Europe. Et nous nous sommes demandés comment faire participer tous les pays à ce programme de formation. Oui, bien sûr, c’est un travail difficile, mais l’idée générale, c’est que les Méthodistes suivent localement une formation théologique dans un séminaire luthérien, réformé ou à l’université et complètent leur formation sur Internet en abordant les thématiques spécifiques au méthodisme (dogmatique et d’histoire).

L’avenir est au partenariat

eemni : Dans certains pays, la pauvreté très répandue, il est difficile pour les communautés de rémunérer ses pasteurs ?

UT : Dans de nombreux pays, tout particulièrement en Europe de l’Est, la situation financière est très difficile. Et les églises sont à la peine à cause des grands changements survenus sur le plan de l’économie et au passage du communisme à l’économie de marché et à l’Union Européenne… bref, le revenu des églises n’est pas suffisant, de loin pas suffisant et c’est pourquoi ils comptent sur l’aide venant de l’étranger.

Et ici, du côté du General Board GBGM (la commission missionnaire de l’EEM), nous entendons soutenir ces églises de différentes manières, mais la meilleure manière de le faire est encore d’établir des partenariats. Nous établissons des réseaux, et nous nous employons à créer de nouveaux partenariats au bénéfice de l’Église dans son ensemble.

Nous aidons telle ou telle communauté en Macédoine, Serbie, République tchèque ou Lituanie à trouver des partenaires en Amérique, qui acceptent de lui apporter un soutien financier régulier. Nous constatons habituellement qu’une partie de cette aide revient directement à ces communautés, que les contacts personnels demeurent avec le temps et que le partenariat prend tout son sens.

Mais parce que nos communautés ne sont pas des communautés autonomes, mais partie intégrante de l’Église, la seconde partie de ce soutien revient à d’autres communautés, par le biais de la caisse centrale, auprès de l’évêque. Ainsi tous les pasteurs de ces pays-là trouvent-ils du soutien par le biais de ces partenariats établis de manière concrète par ces communautés elles-mêmes. Nous cherchons à établir d’autres partenariats et veillons à la qualité de la communication entre partenaires et recherchons simplement à rendre service.

eemni : Peut-être serait-il possible à certaines communautés de France ou de Suisse, par exemple, d’entrer en partenariat avec des communautés en Europe de l’Est, qui rencontrent des difficultés ?

UT : Absolument. C’est tout à fait possible et il y a différentes façons de faire. L’assistant de notre évêque, Urs Schweizer, est membre de notre groupe de travail. Il peut dire très concrètement ce qui marche le mieux. Mais bien sûr, pareil partenariat est le bienvenu et on peut en discuter dans le détail… Le partenariat peut prendre diverses formes. Les relations sont très importantes pour nous.

eemni : Connexio et la connexialité appartiennent à la nature de l’Église de Jésus-Christ.

UT : Exactement, amen…

eemni : Merci pour vos réponses.

Interview et traduction eemni

eemni