<24.06.99 Suisse: le rôle controversé de la presse durant la guerre du Kosovo

Lors d'une rencontre-débat samedi le 19 juin 1999 à Gerlafingen, des représentants des Eglises Catholique Romaine, Evangélique Réformée et Evangélique Méthodiste ont abordé la question de la guerre au Kosovo et de ses effets. Les interventions du professeur Dr. Kurt Imhof, sociologue à l'Université de Zurich ont été particulièrement intéressantes: elles avaient porté sur le traitement médiatique de la guerre (médias et presse); la discussion qui s'en est suivie n'a pas été moins passionnante entre le journaliste Rudolf Zbinden (Solothurner Zeitung), le maire de Gerlafinger Roberto Zanetti et le représentant de l'oeuvre humanitaire, le pasteur Andreas Hess (HEKS). Les Eglises de Gerlafinger ont tenté d'apporter une contribution à la paix en lançant cette journée du Kosovo, ce qui n'allait pas de soi dans le village. Les pasteurs et prêtres de Gerlafingen ont émis aussi une prise de position où ils communiquent leur sentiment sur la question à l'intention de la population de Gerlafingen et soumis le soir à la signature du public une «pétition adressée aux responsables du gouvernement de la Suisse». Les deux textes, vous les retrouvez en complément à cet article sur la page d'accueil de l'Eglise Evangélique Méthodiste relative à la guerre au Kosovo.


Kurt Imhof a démontré dans son exposé du soir comment les médias sont une donne incontournable dans toute guerre. Ils influencent le déroulement du conflit par la manière dont ils relatent les faits. L'information en temps de guerre est fortement normative, cela veut dire qu'elle indique ce qu'il faut penser de l'affaire. Elle joue souvent les cordes de l'émotion et du pathétique. Lors du conflit des Balkans, les choses ne se sont pas passées autrement, en sorte qu'on pourrait et qu'on peut faire l'observation suivante: il n'y a plus de séparation entre l'information et le commentaire. L'événement de la guerre est personnalisé. Seul Milosevic était donné par exemple pour ennemi. Les gens sont soit démonisés soit portées aux nues. L'histoire est politisée, tandis que le présent est traité comme de l'histoire. Les médias ont tendance à simplifier à outrance. La plupart du temps, seul le point de vue d'un parti est présenté. Dans l'actuelle guerre des Balkans, presque tous les médias occidentaux ont repris en l'espace de quelques jours sans analyse critique les prises de position d'un des partis en présence dans cette guerre, l'Otan, abolissant la distance critique par rapport aux informations. Selon K. Imhof, le journalisme aurait renoncé à sa propre compréhension des choses (indépendance, objectivité) en rendant compte de la guerre. Ce serait très important à ses yeux que des organisations non-gouvernementales puissent faire examiner à la loupe par des spécialistes les informations en circulation.

>Source: EMKNI - Stefan Moll